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RSE : la data clé de voute de la transition

Avec la CSRD qui entrera en vigueur à partir de 2024, les entreprises seront davantage surveillées sur la question du reporting extra-financier. Les investisseurs seront également amenés à davantage se préoccuper des données fournies par les sociétés. Cette data devient indispensable pour montrer la sincérité et la mise en oeuvre de ces trajectoires plus durables des entreprises.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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RSE : la data clé de voute de la transition

Le 21 juin 2022, le Parlement, le Conseil européen et la Commission européenne trouvaient un accord autour de la CSRD, la nouvelle directive relative aux informations extra-financières qui doivent être fournies par les entreprises et qui sera mise en place progressivement à compter de 2024. Concrètement, les entreprises se verront imposer un reporting extra-financier précis à insérer dans le rapport annuel. Elles devront donc disposer d'une data fiable et robuste sur laquelle s'appuyer pour produire ces reportings. « La donnée est un sujet clé pour les entreprises, analyse Solène Garcin-Charcosset, directrice de la business line RSE chez Tennaxia, cabinet conseil spécialisé dans le pilotage de la performance durable, à l'occasion d'un table ronde organisée sur le Salon Produrable le 13 septembre dernier. Selon une de nos études, la data est le sujet principal sur lequel les entreprises ont besoin de continuer à travailler. Elles ne sont, en interne, pas forcément satisfaites des indicateurs qu'elles suivent et c'est sur ce sujet des indicateurs que les organismes tiers indépendants font le plus de retour sur leur pertinence, leur robustesse et leur fiabilité. »

La data contribue alors à la transformation globale de l'entreprise, à moyen ou plus long terme. « Nous avons des plans de transition long terme comme la trajectoire net zéro, décrit Clémentine Fischer, Head of ESG integration & philantrophy chez Axa. Avoir un objectif long terme est important, mais il faut aussi se fixer des objectifs intermédiaires : 2025, 2030 ... Pour piloter cette stratégie, nous sommes obligés d'avoir de la data pour vérifier où l'on en est, s'assurer d'atteindre ses objectifs intermédiaires. Sans donnée on ne pourrait pas avancer. Ce qui ne se mesure pas ne se pilote pas. Grâce à cette data, on coordonne ensuite un certain nombre de points qui redescendent ensuite dans les métiers, car ce sont à eux qu'incombe la responsabilité de vraiment faire changer les choses. »

Choisir les bons KPI

Autre exemple de l'importance des données dans la mutation d'une entreprise avec Kersia, spécialiste de la sécurité des aliments, fabricant des produits de nettoyage et désinfection pour les agriculteurs et entreprises agro-alimentaires. « Au démarrage de notre programme RSE, nous voulions mesurer nos impacts et transformer nos impacts négatifs en impact positif. Il nous fallait donc des données fiables et robustes pour participer à la transformation de notre business model, car on ne s'imagine plus dans le futur vendre des produits chimiques mais plutôt des solutions différentes qui seraient plus des services que des produits. L'entreprise se transforme au fur et à mesure autour de cet exercice quotidien qui consiste à mesurer, à construire des objectifs à partir de données fiables et à suivre ensuite des trajectoires avec des plans d'actions, » détaille Isabelle Demoment, directrice RSE, gestion des produits et réglementation chez Kersia.

La donnée est importante, encore faut-il choisir les bons KPI et ne pas être noyé sous un nombre trop important de KPI. « On a encore beaucoup d'entreprises qui nous déclarent avoir plus de 5 indicateurs par risque à piloter, sachant qu'il y a entre 10 et 15 risques, ça fait un nombre colossal de KPI, rapporte Solène Garcin-Charcosset. Il est aussi important d'expliquer aux contributeurs quels indicateurs ont le plus de sens pour vous. Il faut être dans un échange avec eux pour leur expliquer à quoi servent les données collectées. L'objectif est d'embarquer, d'expliquer et d'avoir des relations régulières avec ses référents. »

Chez Axa, l'idée était de définir des indicateurs qui permettraient de piloter la performance dans le temps. « Nous avons introduit le climat dans le cadre de notre plan stratégique. Nous avons alors mis en place un set de 7 KPI pour pouvoir piloter ce plan stratégique. En transversale, et pour avoir l'ensemble des enjeux, nous répondons au SDGI (Sustanaible Development Goal Indicators) qui est un indicateur intéressant en termes de pilotage extra-financier puisqu'il balaye tous les sujets. Il nous permet de nous remettre en cause et de nous challenger tous les ans, ce qui nous aide à rester à la pointe sur les sujets climats et plus largement sur l'ensemble des sujets ESG, » complète Clémentine Fischer.

De nouveaux défis avec la CSRD

Pour l'avenir, et avec l'introduction de la CSRD, de nouveaux défis risquent d'émerger concernant cette data. « L'enjeu principal sera de disposer de cette donnée car ce sont des informations que les investisseurs vont pouvoir comparer et ainsi décider s'ils vont investir ou non dans les entreprises. Un sujet sera donc de rapidement essayer de trouver de l'information pour pouvoir se comparer aux autres entreprises, s'améliorer, mettre en place les pans d'action derrière en ayant une donnée de plus en plus fiable, » anticipe Solène Garcin-Charcosset.

Même son de cloche pour Clémentine Fischer. « C'est très important que cette donnée soit disponible de manière assez standardisée et assez homogène, à travers l'ensemble des entreprises, pour qu'on puisse avoir la donnée et ainsi savoir si nous faisons correctement notre travail d'investisseur vert ou pas, » conclut-elle. Car si une tonne de CO2 restera une tonne de CO2 partout dans le monde, des critères plus subjectifs comme l'environnement de travail seront beaucoup plus compliqués à mesurer à travers les différentes entreprises.

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