Santé mentale au travail : 70 % des salariés en détresse psychologique

Selon le 14e baromètre d'Empreinte Humaine*, réalisé en mars 2025, la santé mentale des salariés français demeure fragile. En effet, 45 % des employés se déclarent en situation de détresse psychologique, soit une augmentation de 3 points par rapport à juillet 2024. Parmi eux, 13 % font état d'une détresse psychologique élevée, bien que ce chiffre soit en légère diminution de 2 points par rapport à l'année précédente.

Un lien étroit entre travail et détresse psychologique

L'étude pointe une proportion de sept personnes sur dix, soit 70 % de salariés qui se disent en détresse psychologique et elles attribuent cette situation, au moins en partie, à leur environnement professionnel. Cette corrélation souligne l'importance des conditions de travail sur le bien-être mental des employés.

La détresse psychologique regroupe à la fois des symptômes d'épuisement professionnel et de dépression. « Lorsqu'elle n'est pas prise en charge, elle peut conduire à des troubles de santé plus sévères, tels que des maladies psychosomatiques, de l'hypertension, des troubles anxieux, une dépression majeure ou encore des comportements addictifs. Ce constat met en évidence une réalité préoccupante, révélant la vulnérabilité persistante de la santé mentale au travail », décrypte Christophe N'Guyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreinte Humaine.

Des populations particulièrement vulnérables

Certaines catégories de salariés sont plus affectées que d'autres. Les femmes et les trentenaires figurent parmi les plus touchés par la détresse psychologique. De plus, les jeunes âgés de 18 à 29 ans présentent un niveau de détresse psychologique élevée atteignant 28 %. Les télétravailleurs à temps plein sont également concernés, avec un taux de 26 %.

Un taux de burn-out stable mais préoccupant

Le baromètre révèle que 31 % des salariés sont en risque de burn-out, un chiffre stable par rapport à l'année précédente. Parmi eux, 10 % sont en situation de burn-out sévère, ce qui représente une légère diminution de 1 point.

L'étude souligne que les causes principales résident dans les conditions de travail elles-mêmes, bien plus que dans les facteurs exogènes comme l'instabilité mondiale. « Toutefois, certains événements internationaux, comme le retour de figures politiques polarisantes, peuvent indirectement affecter la santé mentale en favorisant un climat de travail plus intolérant (sexisme, racisme, etc.). Ce sont donc les répercussions concrètes de ces contextes sur le quotidien professionnel qui doivent être prises en compte », souligne Christophe N'Guyen.

Les facteurs organisationnels en cause

Les conditions de travail jouent un rôle significatif dans la détresse psychologique des salariés. Parmi les facteurs contributifs, on note le manque de temps (55 %), l'incapacité à refuser une charge de travail supplémentaire lorsqu'on est débordé (46 %), et l'utilisation d'outils de travail inadaptés (49 %). De plus, la nécessité de privilégier la quantité à la qualité (50 %) et le manque de retour sur le travail accompli (50 %) sont également des sources majeures de stress.

La nécessité d'une action managériale renforcée

Le rôle des managers est déterminant dans la prévention de la détresse psychologique. Selon l'étude, 67 % des salariés estiment que leur manager prend en compte leur bien-être lors de la fixation des objectifs. De plus, 53 % des managers organisent des temps d'échange spécifiques sur la santé mentale, reflétant une prise de conscience croissante de l'importance de ces enjeux au sein des directions.

Ces données mettent en lumière la nécessité pour les entreprises d'intensifier leurs efforts en matière de prévention des risques psychosociaux et de promotion du bien-être au travail. Une attention particulière doit être portée aux catégories de salariés les plus vulnérables et aux facteurs organisationnels susceptibles d'affecter leur santé mentale.

* Étude réalisée auprès d'un échantillon de 2.030 salarié·es français·es, et un échantillon miroir de 308 responsables des Ressources Humaines dans les entreprises de plus de 10 salariés. Les interviews ont été réalisées du 27 février au 18 mars 2025.