Financement des PME et ETI : vers une importante phase de mutation ?
À l'occasion de sa convention annuelle, la CCEF a réuni différents intervenants pour évoquer le financement des PME et des ETI. Thierry Giami, conseiller à la direction de la Caisse des dépôts et consignations, a renouvelé son appel à la création d'un marché financier adapté aux PME.
Fonds propres, crédit, capital-investissement, appel au marché financier... Les solutions de financement sont diverses pour les 180 000 PME et ETI françaises. Le financement de ces entreprises est en passe de connaître une profonde mutation, selon les conclusions de la table ronde organisée le 29 novembre par la CCEF. « Ces financements sont aujourd'hui tous en difficulté », a rappelé Thierry Giami, conseiller du directeur général de la Caisse des dépôts, et président de l'Observatoire du financement des entreprises par le marché.
L'avenir serait au financement par le marché
Ces problèmes sont dus non seulement à la baisse des bénéfices des entreprises, mais aussi à la contraction prévue du crédit sous l'effet de l'application des règles prudentielles de Bâle 3. « L'accoutumance des PME au crédit va devoir changer », a averti Thierry Giami. Le capital-investissement, de son côté, devrait manquer de capitaux à l'avenir. Financé largement par les compagnies d'assurances, il est affecté par Sovabilité 2, qui prive ces dernières d'investir.
Dans ce contexte, Thierry Giami anticipe des changements importants. « La tendance qu'on observe partout en Europe, c'est une orientation vers le financement par le marché », a-t-il remarqué. Il a anticipé un changement "considérable" de la culture des entrepreneurs, qui connaissent aujourd'hui la banque comme seul financement.
Repenser l'organisation des marchés
Il appelle à la création d'un marché financier adapté et spécialisé pour mieux financer les PME et les ETI. Dans un rapport remis l'an dernier au gouvernement et coécrit avec Gérard Rameix, médiateur du crédit, Thierry Giami appelait déjà à la création d'une Bourse des PME et des ETI. « Un an après, nous sommes toujours dans le flou sur ce sujet », déplore-t-il. « L'opérateur central de Bourse détient aujourd'hui un monopole et a une stratégie mondiale. Comment va-t-il trouver une place pour la direction des PME et des ETI, laquelle est une micro-activité rapportée à son économie générale ? »
Selon lui, la solution serait de repenser l'organisation des marchés eux-mêmes pour qu'ils produisent la relation entre l'épargne et l'entreprise. Il reste cependant des raisons de garder espoir, notamment le fait que la faiblesse des taux d'intérêt des dettes souveraines conduit les investisseurs à se tourner davantage vers les entreprises. « Malgré la crise, les entreprises produisent des résultats supérieurs aux dettes souveraines, ce qui suscite un regain d'intérêt envers elles », analyse-t-il.
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