L'automatisation peine à s'imposer en France
En France, les directions financières semblent peu nombreuses à avoir basculé sur une automatisation complète de leurs processus comptable. Elles recherchent en priorité des solutions capables de s'intégrer avec d'autres logiciels, de sécuriser les données et de s'affranchir du stockage physique des factures.
L'automatisation des processus comptable peine à prendre son envol dans l'Hexagone. C'est le constat de la seconde édition du baromètre "The State of Automation in Finance 2022", commandité par l'éditeur Yooz, en partenariat avec le cabinet de conseil Mazars et l'Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG). Conduite en mars 2022, cette enquête a été réalisée auprès de 1200 décideurs financiers et comptables d'entreprises de plus de 50 salariés. Les répondants sont localisés dans huit pays, dont la France. Le constat est sans appel : dans l'Hexagone, seuls 10 % des décideurs financiers ont mis en place une automatisation complète de leurs processus comptables en 2021. Par ailleurs, 17 % des répondants français s'appuient encore sur des feuilles de calcul Excel.
"Pour le moment, faute de temps, les décideurs financiers semblent de pas vouloir changer leurs habitudes. Lorsqu'un outil fonctionne, les utilisateurs préfèrent le garder", analyse David Dogimont, associé chez Mazars. Un avis partagé par Grégory Mignon, consultant et expert en automatisation des processus comptables chez Yooz : "Les habitudes ont la vie dure. Les utilisateurs voient surtout l'impact immédiat du changement et la perte de temps liée à l'utilisation de nouveaux outils. Mais, in fine, ce changement est bien souvent profitable car il permet de gagner en productivité".
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Une diminution du temps de traitement
Si l'automatisation complète demeure balbutiante, de plus en plus d'entreprises ont adopté des outils pour automatiser certains processus en 2022. 39 % des décideurs français ont indiqué avoir supprimé la plupart de leurs processus manuels grâce à l'automatisation et 27 % affirment en avoir éradiqué au moins la moitié. A titre d'exemple, 22 % des répondants utilisent des solutions d'automatisation du processus factures fournisseurs (contre 18 % en 2021). De fait, le temps passé à traiter ces factures a enregistré une nette diminution en 2022 : 27 heures en moyenne par mois, contre 36 heures en 2021.
"Pour autant, la France est l'un des pays qui enregistre le temps de traitement le plus élevé", nuance Grégory Mignon. Concernant la facturation électronique, seules 22 % des entreprises françaises déclarent être équipée d'une solution de dématérialisation. Et 11 % d'entre elles indiquent que ce sujet n'est pas une priorité. "Cela fait un peu peur car ce sera une obligation réglementaire à partir du 1er juillet 2024", rappelle David Dogimont.
Quelles sont les priorités ?
Le baromètre met également en lumière les principaux critères des directions financières en matière d'investissement technologique. En France, 32 % des décideurs financiers recherchent des solutions technologiques capables de s'intégrer avec d'autres logiciels de comptabilité et d'ERP, de sécuriser les données financières et comptables (29 %) et d'éliminer le stockage physique des factures (27 %). Avec trois objectifs en ligne de mire : améliorer le contrôle financier (38 %), réduire les coûts (33 %) et gagner en agilité et efficacité (32%).
Aujourd'hui, les principales préoccupations des directions financières concernent la cybersécurité (pour 29 % des répondants), la création d'un environnement de travail confortable et attrayant (29 %) et l'amélioration de l'efficacité (27 %).
Cette transformation digitale s'accompagne, invariablement, d'une évolution de compétences pour les directeurs financiers. "On ne demande plus seulement à un Daf d'être un technicien pur de la finance, de la gestion de la comptabilité et de l'analyse financière", commente Alexandra de Verdière, trésorière de la DFCG et Daf à temps partagé. Au-delà du management des coûts et de l'analyse financière, ils doivent disposer d'un large éventail de compétences telles que la gestion du capital humain, la communication ou encore l'appétence pour les technologies. "Un Daf est aujourd'hui compétent s'il est entouré d'une équipe solide, qui maîtrise les techniques financières, les technologies et la gestion de projet", estime Alexandra de Verdière. Pour elle, le directeur financier doit avoir une vision 360, à la fois opérationnelle et stratégique. "Le Daf devient un business partner et ce sont les soft skills qui feront la différence", conclut-elle.
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