Comment limiter l'impact des impayés sur la trésorerie d'entreprise ?
La gestion des impayés est un défi stratégique pour toute entreprise. Selon le rapport de l'Observatoire des délais de paiement de la Banque de France, les retards dépassant 30 jours augmentent de plus de 40 % la probabilité de défaillance d'une entreprise. Dans le contexte actuel d'incertitudes économiques, quels sont les impacts concrets de ces retards sur la trésorerie et comment les directeurs financiers peuvent-ils y faire face ? Explications.
BPCE L'Observatoire a publié jeudi 8 janvier un bilan alarmant du nombre total de défaillances d'entreprises pour l'année 2024. Avec 66 500 entreprises défaillantes, le niveau atteint est le plus élevé depuis 2009. Dans ce contexte, les directeurs financiers sont en première ligne pour maintenir à flot une trésorerie solide, récupérer du cash et éviter des retards de paiement souvent identifiés comme la première pierre d'un déséquilibre financier plus grave.
Les impayés : un déséquilibre dangereux pour votre trésorerie
La trésorerie est le moteur vital de toute organisation. Une facture impayée ou un retard prolongé crée un manque à gagner immédiat, mais aussi des déséquilibres structurels :
- Augmentation du délai moyen de paiement (DSO) : Plus les retards s'accumulent, plus le financement du besoin en fonds de roulement devient un casse-tête.
- Charges imprévues : Les entreprises doivent mobiliser des ressources pour compenser ces trous de trésorerie, par exemple via des emprunts coûteux ou des solutions d'affacturage.
En cas d'impayés récurrents, l'entreprise peut se retrouver dans une situation critique où les projets d'investissement, le paiement des salaires ou même la continuité des opérations deviennent compromis.
Les impayés sont une problématique majeure pour les entreprises. Au-delà du simple retard de paiement, ils engendrent des coûts financiers, organisationnels et parfois humains, souvent sous-estimés par les dirigeants. Lors d'une conférence en mars 2024, Thierry Millon, directeur des études chez Altares, expliquait « que le retard de paiement était la première cause de défaillance des entreprises en France et que pour les TPE il suffisait bien souvent qu'un seul client ne paie pas pour déstabiliser l'entreprise ».
Une charge administrative accrue
Chaque facture non réglée nécessite un suivi rigoureux et souvent chronophage : relances téléphoniques, envois de courriers ou recours juridiques. Ces démarches alourdissent le travail des équipes financières et comptables, impactant directement leur productivité et leur efficacité sur d'autres missions stratégiques.
Le cercle vicieux du dépôt de bilan
Les impayés, lorsqu'ils sont fréquents, génèrent des répercussions en cascade :
- Retards dans le paiement des fournisseurs.
Lire aussi : Best-of 2024 des enjeux « trésorerie » pour les Daf
- Incapacité à acheter des stocks ou à répondre à la demande client.
- Difficulté à honorer les salaires des employés.
Les entreprises fortement dépendantes de quelques clients stratégiques sont encore plus vulnérables. Un client mauvais payeur peut entraîner des conséquences désastreuses, voire une faillite.
Le coût caché des retards de paiement
Les retards de paiement engendrent des pertes financières importantes. En 2019, ce manque à gagner pour les PME françaises était estimé à 19 milliards d'euros. Les retards de paiement contraignent fréquemment les entreprises à chercher des alternatives pour pallier les déficits de trésorerie, telles que le recours à des découverts bancaires, des prêts à court terme ou encore l'affacturage.
Bien que ces solutions permettent de répondre à des besoins immédiats, elles engendrent des coûts supplémentaires qui aggravent la pression financière déjà existante. Une enquête menée par Altares révèle qu'au premier semestre 2024, les entreprises françaises ont enregistré un retard moyen de 12,9 jours dans leurs paiements, accentuant ainsi les charges financières supportées par de nombreuses PME.
Ces retards entraînent :
- Des frais financiers pour compenser le déficit de trésorerie.
- Des coûts administratifs élevés liés à la gestion des relances.
- Des intérêts sur les emprunts contractés pour couvrir les décalages de trésorerie.
Solutions pour gérer et prévenir les impayés
Pour limiter l'impact des impayés sur la trésorerie, plusieurs solutions peuvent être mises en oeuvre par les directeurs financiers :
- Évaluation de la solvabilité des clients : Avant de contractualiser, il est essentiel d'évaluer la santé financière des clients.
- Automatisation des relances : Utiliser des outils de gestion pour envoyer des rappels de paiement de manière proactive.
- Affacturage : Cette solution permet de convertir vos créances en liquidités immédiatement, réduisant ainsi l'exposition aux impayés.
- Assurance-crédit : Une couverture contre les risques d'insolvabilité des clients peut offrir une protection précieuse.
- Recouvrement professionnel : En cas de retard prolongé, confier le recouvrement à des experts peut améliorer les chances de récupérer les montants dus.
Quels secteurs et entreprises sont les plus touchés ?
-TPE et PME : ces entreprises, souvent sous-capitalisées, sont les plus vulnérables. Le non-respect des délais de paiement représente 25 % des faillites des PME.
-BTP : le secteur de la construction est particulièrement impacté avec un délai moyen de paiement de 62,9 jours, bien au-dessus de la moyenne nationale de 42,7 jours. Cette problématique persiste malgré les efforts réglementaires.
Les ETI : une vulnérabilité intermédiaire
Les ETI, bien qu'ayant une structure plus robuste que les PME, sont souvent dépendantes de gros clients ou de marchés spécifiques. Un impayé significatif peut rapidement fragiliser leur trésorerie.
Autre variable, les ETI de secteurs comme le BTP, l'industrie ou le commerce de détail sont particulièrement vulnérables en raison des délais de paiement prolongés qui y sont fréquents.
Les grandes entreprises : une résilience relative
Les grandes entreprises ont généralement des trésoreries plus importantes, leur permettant de mieux absorber les retards de paiement. Cependant, un volume élevé d'impayés peut toujours avoir un impact significatif. Elles sont souvent en bout de chaîne dans un écosystème complexe. Si leurs fournisseurs ou clients rencontrent des difficultés, les impayés peuvent se propager tout au long de la chaîne.
Facteurs aggravants pour les ETI et grandes entreprises
Les retards de paiement, même minimes, peuvent entraîner des coûts financiers supplémentaires, comme des intérêts sur les emprunts ou des pénalités pour le retard dans le paiement des fournisseurs. Les grandes entreprises fonctionnant avec des marges serrées (comme dans le commerce de détail) peuvent voir leur rentabilité affectée par l'augmentation des créances impayées.
Les grandes entreprises et les ETI dépendent souvent de relations commerciales stables. Les impayés prolongés ou récurrents peuvent perturber leurs plans de développement, leurs investissements ou leur capacité à innover.
Sur le même thème
Voir tous les articles Financement de la trésorerie