Droits de douane de Trump : quelles conséquences pour les entreprises françaises ?
L'instauration de droits de douane de 25 % sur les produits français, Chinois, Canadiens et Mexicains, annoncés par le président Trump pourrait avoir des effets néfastes sur plusieurs secteurs d'activité clés en France. Quelles répercussions pour les entreprises françaises et les Daf ?

Le président américain Donald Trump a annoncé, mercredi 26 février, que les produits européens feront l'objet « prochainement » de 25 % de droits de douane, comme les importations en provenance du Canada et du Mexique. Une annonce tonitruante qui plonge les entreprises dans l'incertitude. Ce revirement dans les accords commerciaux Outre-Atlantique s'ajoute aux nombreuses décisions imprévisibles de la Maison-Blanche depuis le début de son mandat, compliquant la planification des investissements et des stratégies d'approvisionnement.
« L'Union européenne est le premier marché des États-Unis », a rappelé de son côté Eric Lombard, ministre de l'Economie et des Finances ce mardi 4 mars. Pour le ministre, « s'il y a des droits de douane, c'est néfaste pour l'économie », pour « la croissance », et pour « l'inflation », car les droits de douane risquent de renchérir les prix des produits importés, estime-t-il.
Impact négatif pour les chefs d'entreprise
Si cette mesure vise à relancer l'industrie américaine et réduire le déficit commercial, elle risque également d'alourdir les coûts pour les entreprises et de ralentir la dynamique économique. Face à ces incertitudes, certains chefs d'entreprise expriment leur frustration, soulignant l'impact négatif sur la confiance des consommateurs et des investisseurs. « C'est un coup de tonnerre pour les entreprises, comme le luxe, spiritueux qui seront soumises à cette annonce », réagit Denis Le Bossé, président du Cabinet ARC, spécialiste de la gestion du poste client et du recouvrement de créances. Le premier impact est économique, estime l'expert. « Les entreprises vont devoir adapter leurs marges en les réduisant, car les 25 % de taxes s'avèrent très pénalisantes. Il y aura un impact sur la distribution, les ventes qui peuvent diminuer significativement, et sur la rentabilité de l'entreprise. » Ensuite, deuxième impact, le social. « Les entreprises vont devoir s'orienter vers d'autres marchés, avec des conséquences par exemple, des restructurations. Une baisse de la production entraîne une baisse éventuelle des recrutements et de la masse salariale », nous explique-t-il. Et les Daf seront en première ligne, « ils devront réduire les marges et les coûts tout en gérant l'impact social. » Autre conséquence directe, un risque majeur du ralentissement des investissements, « comme celui du deuxième semestre 2024, pour sécuriser le cashflow de l'entreprise », analyse-t-il.
En France, certains secteurs très impactés
L'application de droits de douane de 25 % sur les exportations françaises vers les États-Unis entraînerait des conséquences majeures pour plusieurs industries. Parmi les plus affectées figurent l'aéronautique, le secteur du luxe, les vins et spiritueux, ainsi que les industries chimique et pharmaceutique.
- Dans l'aéronautique : les États-Unis constituent le deuxième plus grand marché pour les exportations d'avions français. L'augmentation des droits de douane pourrait freiner la demande américaine, impactant directement des acteurs majeurs tels qu'Airbus, Safran et Thales.
- Le luxe, vins et spiritueux : les États-Unis représentent un marché stratégique pour les produits de luxe français, en particulier pour le secteur viticole et les spiritueux. Déjà soumis à une taxation de 25 % en 2019, ces produits avaient subi de lourdes conséquences. Une nouvelle hausse des droits de douane risquerait d'affecter une fois de plus ces industries.
- La chimie et pharmaceutique : les US restent le principal marché d'exportation pour les produits chimiques et pharmaceutiques français en dehors de l'Union Européenne. Des droits de douane supplémentaires pourraient réduire la compétitivité des entreprises françaises dans ces secteurs, affectant potentiellement leurs parts de marché aux États-Unis.
L'application de ces droits de douane pourrait, de fait, entraîner une diminution des exportations françaises vers les États-Unis, réduisant ainsi les revenus des entreprises concernées. Cela pourrait également conduire à une augmentation des prix pour les consommateurs américains, potentiellement réduisant la demande pour les produits français. De plus, des mesures de rétorsion de la part de l'Union européenne pourraient être envisagées, exacerbant les tensions commerciales et affectant d'autres secteurs économiques.
Pour Denis Le Bossé, « L'Europe doit appliquer la réciprocité sur les produits américains qui arrivent sur le marché européen. Il y a un risque économique réel sur la zone euro, avec l'éventuelle reprise de l'inflation, une perte de confiance des investisseurs, et nous n'en avions pas besoin alors que nous sortons d'une période d'incertitudes politico-économiques. L'économie a besoin de stabilité et de croissance ».
Des répercussions économiques mondiales
Ces nouveaux tarifs affecteront directement les chaînes d'approvisionnement nord-américaines, particulièrement dans les secteurs automobile, industriel, agricole et énergétique, où les échanges transfrontaliers sont essentiels. Certaines entreprises, comme Honda et Pfizer, envisagent de relocaliser une partie de leur production aux États-Unis, mais cette stratégie implique des coûts supplémentaires. D'autres, comme Lindt & Spruengli, prévoient de réorganiser leur chaîne d'approvisionnement pour éviter ces taxes. Malgré les discours optimistes de certains conseillers de Trump, de nombreuses entreprises estiment que ces mesures, loin de stimuler l'industrie américaine, pourraient ralentir la croissance et fragiliser le commerce mondial.
Après la Chine et le Mexique, également concernés par de nouveaux tarifs douaniers américains, le Canada a saisi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester l'imposition de droits de douane de 25 % sur la majorité de ses exportations vers les États-Unis. L'Agence France-Presse rapporte qu'un responsable de l'OMC a confirmé cette démarche le mercredi 5 mars.
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