RSE, CSRD, ESG : comment les métiers de la finance se transforment ?
RSE, CSRD, critères ESG de plus en plus prégnants dans les investissements... la transition écologique redéfinit les contours des métiers de la finance, les orientant vers une évaluation de la performance globale de l'entreprise en intégrant des critères ESG, telle que la directive CSRD et les nouvelles attentes réglementaires en matière de RSE. Comment les métiers de la finance se réinventent-ils face à ces défis ? Explications.
Dépasser le pilotage financier traditionnel
Depuis toujours, les directions financières se concentraient sur la création de valeur économique de l'entreprise. Aujourd'hui, elles adoptent une perspective plus large, en intégrant les critères ESG (économiques, sociaux et de gouvernance). Cette transformation repose sur :
- La double-matérialité qui intègre non seulement des enjeux financiers (la matérialité financière) mais également des enjeux liés aux impacts environnementaux et sociaux (la matérialité d'impact)
- La mise en conformité avec les normes extra-financières, en capitalisant sur l'expertise en consolidation de données et en gestion stratégique.
Les réglementations sur le reporting extra-financier sont actuellement progressivement mises en place comme celle de la CSRD et elles ont des conséquences directes sur les métiers de la finance. Au-delà du reporting, « c'est bien le pilotage de la performance qui est affecté par l'évolution de l'offre et des modèles d'affaires, car il s'agit d'en redéfinir les critères de réussite », détaille la dernière étude publiée par Les Nouveaux Géants sur « La transition écologique au coeur de chaque métier ».
En effet, si l'entreprise souhaite s'aligner sur les nouvelles réglementations environnementales, les directions financière et juridique sont d'ores et déjà très impliquées afin d'atteindre un objectif de décarbonation des activités.
Lire aussi : CSRD : comment bien collecter vos données d'impact ?
Aligner les décisions sur la transition écologique
Les métiers de la finance doivent donc être embarqués en amont dans la transformation, car ils sont décisionnaires dans la transition des autres métiers par l'allocation des budgets. En mobilisant les équipes autour d'objectifs extra-financiers, les financiers endosseront alors un rôle de « global business partners » et ils remettront en question aussi bien les prévisions économiques que les estimations d'impact des projets.
Pour relever ce défi, les processus décisionnels doivent évoluer :
-Intégrer les critères d'impact : les projets doivent être évalués à travers une pondération ESG. Cela pourrait favoriser des investissements moins attractifs à court terme, mais nécessaires à la transition.
-Repenser la finalité des actions : le soutien à des modèles économiques innovants, comme l'économie circulaire, devient une priorité.
De nouvelles compétences pour une nouvelle mission
Aujourd'hui, les métiers de la finance d'entreprise et de la performance ont pour première mission « de rendre visible la création et la destruction de valeur financière et économique », souligne l'étude. Pour ce faire, ils coordonnent « la collecte des données financières et les consolident, notamment pour publier le rapport financier annuel de l'entreprise obligatoire ». En collaboration avec les différentes directions métiers, ils définissent les budgets financiers annuels et suivent l'atteinte des objectifs fixés. Pour cela, ils sont amenés à challenger les équipes sur leurs prévisions financières et à réaliser une analyse financière qui permet de juger de la performance de l'entreprise et de comprendre les écarts entre l'objectif et le réel.
Pour accompagner cette transition, les financiers doivent développer des compétences adaptées :
- Compétences techniques et méthodologiques : comprendre les bases scientifiques des impacts environnementaux et les référentiels ESG.
- Outils de mesure et de reporting : intégrer les critères ESG dans les bases de données et les indicateurs de performance.
- Soft skills : faire preuve de flexibilité et de proactivité pour guider les équipes et anticiper les besoins.
Une transformation du métier « prioritaire »
Selon les responsables RSE et les experts interrogés dans l'étude, la transformation du métier de financier est jugée prioritaire pour plusieurs raisons :
- La transition écologique a besoin d'être financée : les investissements de l'entreprise doivent être redirigés vers les projets porteurs pour la transition écologique, ce qui passe par un choix de financements plus durables et par la redéfinition des priorités au sein de l'entreprise.
- Le Daf peut « objectiver » chaque collaborateur sur des indicateurs environnementaux et sociaux.
- Il a une forte influence auprès de la direction dans la plupart des cultures d'entreprise.
- Il est nécessaire de piloter la performance extra-financière avec la même rigueur et le même niveau d'importance que la performance financière, du fait de la hausse des exigences réglementaires en matière de reporting extra-financier, mais également pour en améliorer les résultats.
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