Quelles priorités stratégiques pour la fonction finance en 2025 ?
Dans un contexte marqué par les incertitudes politiques, la pression réglementaire et les ruptures technologiques, les directeurs administratifs et financiers se retrouvent à l'épicentre des grands équilibres de l'entreprise. Publié le 20 mars 2025 par ABV Group, le Baromètre des Daf 2025 dresse un état des lieux complet des priorités, freins et leviers d'action des directions financières françaises pour l'année à venir.

En 2025, les directeurs financiers abordent l'environnement économique et politique avec une prudence marquée. Selon le Baromètre des Daf*, l'instabilité politique en France constitue la principale source de préoccupation, citée par 88 % des répondants, devant le climat social (68 %) et le renforcement des normes réglementaires (62 %). La transition vers une « économie de guerre » inquiète également 59 % des Daf, tandis que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient suscitent des réactions plus nuancées (43 %), mais renforcent le sentiment d'incertitude globale.
À l'inverse, certains facteurs semblent relativement indifférents aux yeux des Daf. L'accord de libre-échange avec le Mercosur est jugé sans effet notable par 81 % d'entre eux, tout comme les réformes sociales sur l'emploi des seniors et l'assurance chômage, perçues comme sans impact par 66 % des répondants. Les accords internationaux sur le climat ne suscitent l'adhésion que de 18 % des Daf, tandis que 64 % les considèrent sans incidence réelle. Ce panorama révèle une lecture globalement prudente et peu optimiste de l'année à venir, les Daf privilégiant des stratégies de vigilance et de consolidation face à un environnement jugé incertain et sous tension.
Une fonction sous pression
Le baromètre dévoile les contours d'une fonction financière fortement sollicitée et en quête d'efficacité. Les principaux freins identifiés pour atteindre les objectifs en 2025 sont :
- Le manque de temps (37,1 %)
- L'environnement réglementaire de plus en plus complexe (28,6 %)
- Les difficultés d'anticipation des ressources (23 %)
Ces défis sont exacerbés par la digitalisation croissante et la nécessité d'optimiser la trésorerie, souvent dans un contexte de pénurie de compétences ou d'outils inadaptés.
Digitalisation et facturation électronique à consolider
L'investissement dans l'automatisation progresse. En 2024, 60 % des entreprises ont investi dans des outils d'automatisation de la comptabilité et de la gestion de la trésorerie. Ce taux grimpe à 70 % dans les grandes entreprises et à 64 % dans les ETI. Toutefois, la transition vers la facturation électronique reste incomplète : seules 57 % des entreprises se considèrent prêtes.
IA : entre reconnaissance du potentiel et usage limité
L'intelligence artificielle (IA) est perçue comme un levier prometteur par 63 % des répondants, mais seuls 39 % la considèrent actuellement comme très utile ou utile dans leur quotidien. Ses cas d'usage les plus fréquents concernent l'automatisation du reporting, le soutien à l'analyse financière et la conformité. Cependant, son déploiement est freiné par un manque de maturité des solutions et des difficultés d'intégration dans les processus existants.
Transition énergétique : une priorité encore marginale
Malgré la montée des enjeux environnementaux, seuls 6,6 % des Daf considèrent les contraintes climatiques comme un risque majeur. Seules 24 % des entreprises déclarent faire de la transition énergétique une priorité en matière de coûts et d'investissements. Cette faible mobilisation se confirme dans les instances dirigeantes : 58 % des COMEX traitent peu, voire pas du tout, ce sujet.
La mise en place d'indicateurs financiers liés à l'empreinte carbone progresse, mais de façon inégale alors que 50 % des grandes entreprises en disposent et 55 % des ETI, seules 17 % des PME les ont intégrés. Ces écarts révèlent une sous-intégration des enjeux environnementaux dans les outils de pilotage, malgré la tendance réglementaire de fond.
Priorités des Daf en 2025
En 2025, les directeurs financiers devront recentrer leurs efforts sur l'efficacité des processus et la performance économique, délaissant - au moins temporairement - les transformations structurelles.
L'amélioration des processus de gestion s'impose comme la priorité numéro un pour 37,1 % des Daf, progressant nettement par rapport à 2024 où elle n'occupait que la troisième position (23,8 %). Les thématiques liées à la génération de cash et à l'optimisation de la trésorerie arrivent ensuite, citées par 33 % des répondants (contre 49 % en 2024), tandis que le contrôle et la réduction des coûts complètent le trio de tête avec 31 % (en baisse également par rapport aux 48 % enregistrés l'an passé).
Une évolution notable concerne la maîtrise des risques, qui progresse fortement : elle passe de la 16e à la 5e position dans les priorités, atteignant 17,5 % des réponses (contre seulement 4,8 % en 2024). Ce mouvement témoigne d'une prise de conscience accrue face aux incertitudes économiques, réglementaires et géopolitiques.
En revanche, d'autres sujets connaissent un net recul. L'évolution de l'organisation de la direction financière, qui figurait en quatrième position en 2024, tombe à la 9e place avec 8,25 % des réponses. De même, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), qui occupait la 9e place en 2024 (10,7 %), chute à la 12e, n'étant citée que par 3,78 % des Daf.
Ces résultats traduisent une orientation claire : les Daf privilégient l'optimisation des opérations courantes et le renforcement de la maîtrise financière plutôt que des chantiers de transformation plus profonds. Dans un contexte de contraintes multiples, la priorité semble être donnée à la solidité, à la rentabilité immédiate et à la réduction de l'exposition aux risques.
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