Fonds d'investissement : ces entreprises qui se font exclures "incompatibles" ESG
Les fonds d'investissement et gestionnaires d'actfs sont de plus en plus attentifs aux critères ESG des entreprises qu'elles financent. Le Financial Exclusions Tracker a recensé près de 5 500 entreprises, dont 73 françaises, exclues des portefeuilles d'investissement par les fonds appliquant des critères ESG stricts, soulignant l'importance pour les directions financières de renforcer leur gouvernance et leur responsabilité sociale et environnementale.
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Les fonds d'investissement et les gestionnaires d'actifs appliquent des critères d'exclusion stricts à certaines entreprises jugées incompatibles avec leurs engagements ESG. Le Financial Exclusions Tracker, une base de données compilée par plusieurs ONG, recense à date près de 5 500 entreprises dans le monde, dont 73 françaises, exclues des portefeuilles d'investissement. Ces exclusions, bien que non obligatoires, constituent un signal fort pour les directions financières, les incitant à renforcer leur approche en matière de gouvernance, de responsabilité sociale et environnementale. Quels enjeux pour les Daf ?
Pourquoi ces entreprises sont-elles exclues ?
Les raisons qui justifient ces exclusions varient en fonction des politiques des investisseurs, mais certaines tendances se dessinent clairement :
L'armement et l'industrie nucléaire : Airbus, Safran et Thales figurent parmi les groupes les plus concernés, boycottés par plus de 40 grands investisseurs en raison de leur implication dans l'armement, notamment nucléaire.
L'impact environnemental et la gestion des déchets : Veolia, bien que leader en solutions environnementales, est exclue par une quinzaine de fonds en raison de son activité de gestion de déchets nucléaires.
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Les atteintes aux droits humains ou aux réglementations sociales : Certaines entreprises du secteur des ressources naturelles ou de la production énergétique sont ciblées pour des pratiques non conformes aux standards internationaux en matière de conditions de travail et de respect des droits des populations locales.
Ces critères d'exclusion, bien que non uniformes selon les acteurs financiers, créent un clivage croissant entre les entreprises perçues comme durables et celles considérées à risque sur le plan éthique ou écologique.
Les implications pour les directions financières
Un impact sur l'accès aux financements et à la liquidité. Les entreprises figurant sur ces listes noires font face à une réduction de leurs options de financement, les privant potentiellement de capitaux stratégiques pour leur développement. Pour les DAF, cela signifie qu'une dépendance accrue aux financements alternatifs (obligations privées, financements bancaires traditionnels) peut s'imposer pour compenser la perte d'intérêt des fonds ISR (Investissement Socialement Responsable).
Un risque de réputation et d'attractivité des investisseurs. Être exclu par des investisseurs institutionnels majeurs peut affecter l'image d'une entreprise sur les marchés financiers et limiter son attractivité auprès d'autres investisseurs, même non directement engagés dans des critères ESG stricts. Une communication proactive et des engagements clairs en matière de durabilité sont donc essentiels pour rassurer les actionnaires et partenaires financiers.
Une évolution des stratégies de reporting ESG. Avec la montée en puissance des réglementations comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises doivent désormais adopter une approche plus transparente et rigoureuse en matière de performance extra-financière. Les DAF ont un rôle clé à jouer dans la mise en place de reportings alignés sur les attentes des investisseurs, notamment en intégrant des méthodologies robustes comme la double matérialité et en renforçant les politiques de gouvernance d'entreprise.
Vers une adaptation des stratégies financières et extra-financières
Face à ces défis, les entreprises doivent ajuster leurs stratégies financières et ESG pour limiter les impacts des exclusions et renforcer leur attractivité sur les marchés. Parmi les leviers d'action à privilégier : une diversification des sources de financement qui permet de réduire la dépendance aux investisseurs appliquant des critères stricts d'exclusion en explorant des options alternatives telles que le financement participatif, les green bonds ou les obligations transition. S'aligner avec les standards ESG internationaux permet de mieux anticiper les exigences des fonds d'investissement en structurant des politiques de durabilité robustes et en adoptant des référentiels comme la Taxonomie Européenne ou les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU. Un meilleur engagement et dialogue avec les parties prenantes afin de démontrer une capacité d'amélioration continue en matière d'éthique des affaires, de gestion des risques environnementaux et de responsabilité sociale permet de regagner la confiance des investisseurs et d'éviter des exclusions systématiques.
L'évolution des critères d'exclusion et leur impact sur les décisions d'investissement confirment que les considérations ESG sont désormais un enjeu central pour la gestion financière des entreprises. Les directions financières doivent prendre en compte ces nouvelles réalités pour garantir un accès durable aux capitaux et maintenir leur compétitivité à l'échelle internationale.
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