Moral en berne dans les milieux économiques
L'heure n'est pas à la fête dans les entreprises françaises. Selon le baromètre annuel du cabinet Arc, 23% des dirigeants anticipent un recul de leur activité dans les six prochains mois. C'est six points de plus que l'année dernière à la même époque.
Ils sont presque un sur quatre à anticiper une baisse de leur activité dans les six prochains mois, soit six points de plus que lors de la dernière édition du baromètre annuel du cabinet Arc (spécialiste de la gestion du poste client et du recouvrement de créances) consacré à la perception des entreprises quant à la situation économique, au financement de leur trésorerie et à l'impact des retards de paiement. 60% estiment que leur activité sera stable et seulement 18% anticipent une croissance.
Aucune amélioration à court terme
De manière plus générale, la quasi-totalité des chefs d'entreprise interrogés s'inquiètent d'un ralentissement de l'économie. 94% d'entre eux pensent que la situation ne s'améliorera pas à court terme et plus de la moitié craignent une dégradation. C'est 8 points de plus que l'année dernière. Pour 59% des entreprises, il faudra au moins trois ans pour espérer effacer les différentes crises subies ces dernières années (+9 points).
Bref, les chefs d'entreprise français ont le moral dans les chaussettes. Et les chiffres auraient pu être encore pires. Le sondage (réalisé en partenariat avec l'IFOP) est basé sur des interviews réalisées entre 30 septembre et le 29 octobre dernier. « Il est probable qu'après la censure de la semaine dernière, si nous refaisions les questionnaires ce début de semaine, les réponses seraient encore plus pessimistes », estime Denis Le Bossé, président du cabinet Arc. « Une grande partie de la santé économique se joue sur la confiance. L'incertitude géopolitique internationale et politique nationale représentent forcément des éléments déstabilisateurs car ils perturbent la visibilité des entreprises et leur confiance dans l'avenir. Résultat : nous constatons que les entreprises sont de plus en plus attentistes ces derniers mois. Elles se mettent, en quelque sorte, en mode sécurité ».
Un « mode sécurité » dont l'expert du poste client peut mesurer concrètement les conséquences : « Les entreprises font rentrer du cash, limitent les encours de certains clients voire même évitent de travailler avec certains jugés à risque. Forcément, tout cela ne favorise pas une croissance économique ».
Des délais de paiement qui s'allongent
Autre conséquence de ce contexte défavorable : l'allongement des délais de paiement. Selon les entreprises consultées dans le cadre de cette enquête, les retards s'établiraient à 17,5 jours en moyenne en 2024, contre 15 jours en 2023, un niveau qui n'aurait jamais été atteint selon Denis Le Bossé.
30% des entreprises interrogées indiquent ainsi que les délais de paiement de leurs clients se sont détériorés. Dans le même temps, près de la moitié d'entre elles reconnaissent avoir recours à un allongement du délai de paiement de leurs fournisseurs (seulement 13% optant pour l'utilisation de leur découvert bancaire)... Et 80% estiment que les délais de paiement deviendront à l'avenir la variable d'ajustement des besoins de trésorerie. Dans ces conditions, selon Denis le Bossé, facturation électronique ou pas, le sujet des retards de paiement demeurera un noeud problématique.
Noeud d'autant plus serré lorsque la situation politique et économique se tend et que les banques resserrent leurs exigences. Selon ce baromètre, sept entreprises sur dix estiment que les banques se désengagent actuellement vis-à-vis des TPE/PME, notamment envers celle qui n'ont pas encore remboursé leur PGE.
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