L'Euro PP attire aussi les PME
Lancés fin 2012, les Euro PP (Euro private placement) connaissent un succès grandissant. Visant à financer les ETI, ils attirent aujourd'hui plus de petits acteurs qu'auparavant. Les dernières journées de l'AFTE ont permis de faire le point sur ce marché.
Déjà 2,8 milliards d'euros levés sur le marché des Euro PP au premier semestre 2017. Ce chiffre, présenté(1) par Mohamed Kallala, global head of investment banking chez Natixis, illustre la réussite de ce mode de financement créé en 2012 pour faciliter le financement des ETI qui ne peuvent accéder au marché obligataire coté. "C'est un succès, se réjouit Jean Boissinot, directeur de la stabilité financière au sein de la DG Trésor. Le marché des Euro PP s'est développé pour accompagner une évolution structurelle dans le financement des ETI."
L'Euro PP trouve son public...
Après une forte progression en 2015, avec 6,7 milliards d'euros, le marché a connu un léger tassement en 2016, à 4,5 milliards d'euros. Une situation due à la concurrence du secteur bancaire, qui, sur cette période, a proposé des prêts avec une maturité de 5 à 7 ans à des taux très intéressants. Côté nombre de transactions, la hausse est très nette: 114 en 2016, avec une moyenne de 50 M€ par opération. Au premier semestre 2017, le marché enregistre déjà 91 transactions, avec une moyenne de 55 M€.
Mohamed Kallala souligne qu'un nombre croissant d'opérations non listées est enregistré: 55% des transactions sur le premier semestre 2017. L'avantage de ce dispositif est qu'il impose moins de contraintes aux émetteurs, qui n'ont pas à publier leurs comptes. Par ailleurs, ces placements privés s'ouvrent également à des émetteurs étrangers, notamment en Europe (Belgique, Italie, Luxembourg, Portugal, Suisse), mais aussi en Chine.
Dans les mois à venir, le succès des Euro PP ne devrait pas se démentir: leur maturité moyenne étant de 5 à 7 ans, soit l'âge actuel de ce jeune marché, la phase de refinancement se profile, laissant donc envisager une nouvelle croissance. Cependant, Jean Boissinot souligne que les Euro PP restent concurrencés par le marché du Schuldschein. Ce dernier, en plus des investisseurs institutionnels, regroupe aussi beaucoup de banques, d'où une pression importante sur les prix.
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... et attire de plus en plus les PME et ETI
Autre tendance relevée par Mohamed Kallala: l'arrivée massive de petits acteurs (grandes PME et petites ETI), signe que l'Euro PP joue son rôle pour des structures qui ne trouvent pas les financements correspondant à leurs besoins sur le marché bancaire. Passé de 77 M€ en 2013 à 50 M€ en 2016, le niveau moyen des Euro PP est effectivement en baisse, car le besoin se trouve surtout dans les PME et petites ETI.
"Il y a une vraie demande pour des financements autour d'un million d'euros", analyse Jean Boissinot. Néanmoins, les coûts fixes de l'Euro PP s'avèrent trop élevés pour une opération visant ce montant. Les entreprises pourraient alors se tourner vers des plateformes telle que Medef Accélérateur, qui propose aux PME(2) - sous conditions - de déposer directement leur dossier en ligne pour entrer en contact avec des investisseurs. Autre possibilité: le recours aux Mini PP, lancés en 2015 par Origin Investing.
"L'Euro PP n'est pas un marché purement transactionnel. Il y a une relation entre investisseurs et émetteur plus importante que sur d'autres marchés" (Jean Boissinot)
Reste que les Euro PP constituent un outil attractif pour les ETI ayant des besoins de financement compris entre 40 et 250 millions d'euros, notamment en raison de l'assouplissement des règles induites par la réforme des émissions obligataires. Celle-ci a modernisé les règles de consultation des obligataires, ce qui devrait faciliter les démarches et alléger les coûts. Une simplification qui pourrait inciter encore plus de Daf d'ETI à s'intéresser à cette solution de financement! Retrouvez plus de détails sur le site dédié de l'Euro PP.
(1) Les propos cités dans cet article ont été recueillis lors de la conférence "L'euro PP, un atout dans le financement de votre entreprise" organisée le 14 novembre 2017 dans le cadre des journées AFTE (Association française des trésoriers d'entreprise).
Lire aussi : [Tribune] De gardien des finances à celui d'acteur stratégique : Le DAF s'adapte aux pressions financières externes
(2) Ce service s'adresse à des sociétés réalisant 1 à 100 M€ de CA annuel, ayant au moins 3 ans d'existence et un projet de développement à financer.
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