Financement alternatif : soyez agile
"Les PME constituent un énorme potentiel sous-exploité dans un marché qui se structure." Pour Cédric Teissier de France Fintech, association de soixante-dix membres pour la promotion du secteur dans l'Hexagone, l'offre est aussi dynamique que méconnue. "83 % des Français ne connaissent même pas le mot fintech !", affirme-t-il. Les start-up de la finance ont pourtant de belles alternatives à offrir aux PME, à condition de faire tomber de solides barrières culturelles.
Selon Nicolas Lesur, vice-président de Financement participatif France, "c'est la conséquence de 150 ans de monopole bancaire !" . Et le fondateur d'Unilend, plateforme de prêt aux PME, d'affirmer : "Quand une banque dit non à une demande de prêt, ce n'est pas la faute du chef d'entreprise. C'est souvent parce qu'elle ne sait pas faire ce qui lui est demandé" C'est là que la finance alternative peut "combler les trous dans la raquette", de manière rapide et avec, en bonus, un effet notoriété important. "Une fois que le pas a été franchi, les retours qualitatifs sont excellents", se félicite Cédric Teissier. Et de marteler que cette agilité, tous les entrepreneurs peuvent en bénéficier sans contrainte de taille ni de secteur d'activité.
Communauté
Pionnière dans le secteur, la plateforme de crowdfunding Wiseed, créée en 2008 à Toulouse, a constitué une communauté de 85 000 membres pour près de 80 millions d'euros investis en cumulé. "À l'époque, le marché n'existait pas, analyse Stéphanie Savel, sa présidente. Nous avons connu une forte accélération après 2014 avec l'arrivée d'une réglementation spécifique pour le secteur." Un cadre favorisant une relation de confiance. "Nous avons poussé la logique très loin : la "communauté" est associée à la préqualification des projets. C'est comme un premier test de marché pour les porteurs de projet."
De fait, les investisseurs, à 80 % des particuliers de 35 à 50 ans, sont très technophiles. "Il y a une grande appétence pour la transition énergétique et les biotech. On voit aussi émerger un intérêt pour la valeur sociétale et environnementale des projets", continue la présidente de Wiseed. La plateforme se fait un devoir d'informer du risque les investisseurs dont le ticket d'entrée a été porté à 100 euros. "Même avec des petits tickets, ils demandent un reporting régulier !", souligne Stéphanie Savel, avant d'enchérir : "Cela aide les porteurs à mesurer l'acceptabilité de leur innovation."
Sowefund, plateforme de crowdfunding en equity, s'est donné, depuis sa création en 2014, la mission de démocratiser l'investissement participatif en capital. Et sélectionne sur tout le territoire des pépites régionales avec notamment le Fundtruck, un concours de start-up itinérant. "On s'adresse plutôt aux entreprises en croissance, les critères d'innovation sont essentiels", précise Georges Viglietti, cofondateur de cette plateforme dont l'originalité est d'associer des professionnels de l'investissement à la levée de fonds. "C'est compliqué d'atteindre un million d'euros en faisant uniquement appel à la foule !"
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Fort de son réseau de business angels, il accompagne les porteurs dans l'intégralité du processus. "Quand on est chef d'entreprise, on n'est pas forcément fait pour lever des fonds", estime-t-il. Le ratio est variable avec, du bar à coiffure au verre connecté en passant par les farines d'insectes, des "investisseurs ambassadeurs".
Affacturage
C'est en partant du constat "qu'une entreprise meurt toutes les 33 minutes en raison de problèmes de trésorerie" que Cédric Teissier a fondé, avec Arthur de Catheu, Finexkap. L'objectif : démocratiser l'affacturage auprès des PME. Depuis 2015, la solution, entièrement dématérialisée, a fait de l'affacturage à la carte son produit d'appel. En novembre dernier, elle a noué un partenariat avec Sage, solution intégrée de comptabilité, de gestion commerciale et de paie. "Il suffit de créer un compte pour pouvoir télécharger un module et redémarrer le logiciel", explique Cédric Teissier.
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Ensuite, dans la liste de créances, vous sélectionnez celles que vous voulez céder. "En 48 heures, Finexkap propose une avance de trésorerie", défend-il. La fintech se met aussi à l'affacturage inversé, "adapté à tous". Samuel Cohen parle à propos de sa solution de "financement par l'échange". La plateforme France Barter, créée il y a trois ans, permet de financer du bas de bilan sans sortir de trésorerie puisque la fintech fonctionne comme une marketplace rassemblant quelque 750 entreprises qui, lors de leur inscription, rentrent leur offre et leurs besoins et ouvrent un compte à zéro "barter", la monnaie d'échange, indexée sur l'euro ! Sauf que pour une fois, l'objectif consiste à ce que le compte soit à... zéro. "Les transactions tournent en moyenne autour de 2 000 euros", note Samuel Cohen.
Le portrait-robot de l'utilisateur ? "Plutôt B to B, pour ce qui est de la taille et du secteur d'activité on a de tout", s'amuse-t-il, de la location de salle à la campagne de pub en passant par l'acquisition d'extincteurs. "Cela permet de sortir de l'immobilisme", poursuit Samuel Cohen, qui a mis en place un réseau à la fois online et physique, avec des petits-déjeuners entre membres, qui y trouvent souvent des prospects. Une façon de faire d'une pierre deux coups.
Témoignage
"Le crowdfunding fait gagner du temps"
Grégory Lamotte, dirigeant de Comwatt
"Notre objectif, c'est de digitaliser le monde de l'énergie solaire", s'enthousiasme Grégory Lamotte. Pour lui, Comwatt s'inscrit dans une révolution similaire à celle de la photo numérique, en proposant une technologie qui synchronise l'offre et la demande d'énergie pour qu'elle soit consommée au moment où elle est produite.
Pour construire ce modèle, la jeune entreprise s'est tournée vers la finance participative en présentant son projet sur Wiseed, la plateforme de crowdfunding toulousaine. Grégory Lamotte souligne les avantages de la méthode, qui évite "d'expliquer cinquante fois la même histoire". Une présentation mise en ligne et ensuite "une dialectique qui s'installe avec les potentiels investisseurs". C'était d'autant plus un atout pour Comwatt que "nos soutiens deviennent nos ambassadeurs. D'ailleurs, nous avons mis en place une offre spécifique pour eux".
127?souscripteurs pour un montant de 160 000?euros en quatre mois sur une levée totale de 1,2?million d'euros. "On a dû s'arrêter en?janvier?2015 car les autres financeurs ne voulaient pas être trop dilués". Des fonds qui?ont servi à embaucher, à poursuivre les développements informatiques, et préparer l'attaque du marché américain.
Comwatt
Activité : Solution pour l'autoconsommation et la gestion active des consommations d'énergie
Raison sociale : SAS
Dirigeant : Grégory Lamotte, 48 ans
Ville : Montpellier (Hérault)
Création : 2013
Effectif : 17 salariés
CA 2016 : 1 M€
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