Eric Champenois : " Il est important de disposer de lignes de crédit autorisées, quitte à ne pas les utiliser "
Après près de 20 ans passés à la CEPME, devenue Oseo puis Bpifrance, Éric Champenois a une vision globale des besoins des entreprises en matière de trésorerie. Aujourd'hui directeur du financement court terme, il milite pour une relation de confiance entre la Daf et ses partenaires financiers.
Quelle est votre regard sur l'évolution du métier de Daf ces dernières années ?
Eric Champenois : Chez Bpifrance, nous voyons clairement la différence entre les TPE/PME où le chef d'entreprise assume la direction financière, et celles qui ont un Daf en tant que tel. Aujourd'hui, le Daf doit savoir être à la fois source de renseignements, conseiller, acteur de la politique financière de l'entreprise et force de propositions. Dans un monde qui bouge, il faut en permanence s'adapter à la mouvance de l'environnement global et le Daf permet justement au chef d'entreprise de sortir de l'isolement. Depuis quelques années, nous observons une forte tendance du Daf à se rapprocher de la direction générale. Hier, le Daf était un simple technicien. Aujourd'hui, il doit monter en puissance et avoir une véritable vision globale. Il est présent à tous les niveaux de l'entreprise, dans la partie financière évidemment, mais aussi commerciale ou encore stratégique, ce qui lui permet d'adapter la politique financière au mieux.
Quels conseils donneriez-vous à un Daf de PME pour assurer le financement à court terme de son entreprise ?
E.C. : La première chose à faire est d'instaurer la confiance avec le banquier, d'inscrire la relation dans la durée en communiquant des informations. L'immense majorité des entreprises connaît des phases chaotiques, mais nous constatons que celles qui ont réussi à installer un climat de confiance passent les caps difficiles beaucoup plus facilement. Il est aussi important d'être prévoyant : le fait que l'entreprise ne manque pas de trésorerie aujourd'hui ne doit pas empêcher le Daf de prévoir un scénario catastrophe pour avoir les moyens financiers d'encaisser les coups difficiles. Concrètement, il est important de disposer de lignes de crédit autorisées, quitte à ne pas les utiliser. Nous proposons du Dailly, et 25 à 30% de nos clients n'utilisent jamais leurs lignes. Ceux-là savent que nous sommes là en cas de besoin, qu'ils ne seront pas démunis.
Quels sont les objectifs de Bpifrance en matière de financement à court terme ?
E.C. : Notre activité de mobilisation de créances commerciales a représenté 8 milliards d'euros d'achats de factures l'an dernier. Notre objectif à horizon 2016 est de nous approcher d'un chiffre de 9 milliards d'euros. Nous avons aussi entamé notre campagne 2014 sur les chapeaux de roues en matière de préfinancement du Cice. L'an dernier, Bpifrance avait accordé 12 000 crédits pour un total de 800 millions d'euros. A la fin du mois de mars, nous aurons déjà accordé plus de 400 millions de préfinancements. Notre objectif est de parvenir à 1,2 milliard d'euros sur l'ensemble de l'année. Une demande sur deux concerne des entreprises qui n'ont pas demandé de préfinancement en 2013, et qui comprennent qu'elles peuvent bénéficier d'un apport de trésorerie immédiatement. Je rappelle que le Cice permet une baisse des cotisations sociales équivalentes à 6% de la masse salariale, ce qui est loin d'être négligeable aujourd'hui ! Il faut préciser que notre activité en matière de financements à court terme connaît une croissance à deux chiffres depuis trois ans, malgré la crise.
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