Comment recourir au crowfunding
Le crowdfunding ? Sur le principe, c'est simple : il s'agit de fédérer, via le web, une communauté de micro-investisseurs croyant suffisamment dans un projet pour le financer par une myriade de petites contributions, avec ou sans contrepartie. Le financement participatif, en bon français, a connu récemment de véritables success story dans le domaine culturel, à l'exemple du film Noob qui a récolté l'an dernier 700 000 € en quelques semaines sur la plate-forme Ulule. Après s'être développé aussi dans le domaine de l'économie solidaire (généralement sous forme de dons ou de prêt à taux zéro), ces coopératives 2.0 bousculent maintenant l'univers des PME au point d'apparaître comme une véritable alternative au financement traditionnel.
Mais sur la soixantaine de plateformes apparues en France depuis 2007, toutes ne se positionnent pas sur le financement des TPE-PME. Le décret d'application d'une ordonnance préparée en lien étroit avec les grands opérateurs signé le 16 septembre dernier (sur ce décret) devrait entraîner, à court ou moyen terme, la création de plateformes dédiées.
Donc, avec le décret précité, le monopole bancaire en matière de prêt n'existe tout simplement plus et les entreprises peuvent emprunter de l'argent aux particuliers jusqu'à hauteur d'un million d'euros, plafonné à 1000€ par prêteur. L'un des mastodontes français du secteur, Kiss Kiss Bank Bank, a réagi en lançant, le 19 novembre dernier, Lendopolis, une nouvelle plate-forme spécialement dédiée au financement des TPE-PME (lire l'interview de Vincent Ricordeau). Une initiative qui n'est pas passée inaperçue : à l'ouverture de l'appel à projets, Lendopolis a reçu, en moins de trois semaines, quelques 300 candidatures de PME.
Un projet solide ...et sexy !
Bref, l'expérience est tentante, d'autant qu'à première vue, une entreprise qui s'y engage ne risque rien. Sauf perdre beaucoup de temps et d'énergie faute de s'être posé les bonnes questions... et d'avoir véritablement compris l'esprit du financement participatif. Première précaution, vous devez être sûr que votre projet sera jugé suffisamment solide... et sexy. Personne ne misera un euro sur une structure en mal de trésorerie ou qui veut changer sa flotte automobile. En clair, vous devez raconter une histoire, et une bonne, en capitalisant, par exemple, sur une innovation technique, sociétale ou environnementale. N'oubliez pas que les plateformes sélectionnent les dossiers, à la fois en fonction de la solidité de l'entreprise et de son potentiel. Interrogez-vous : seriez-vous tenté d'investir dans ce projet, si ce n'était pas le vôtre ?
Crowdinvesting ou crowdlending ?
Vous devrez ensuite choisir entre les deux grands modèles existants : l'investissement sous forme de participation au capital (crowdinvesting) et le prêt rémunéré (crowdlending), désormais encadré légalement. Dans la première catégorie, on trouve déjà plusieurs plateformes, comme Anaxago, HappyCapital, Particeep, Wiseed ou Smartangels, chacune ayant ses règles propres. Dans la seconde, Lendopolis est pour l'heure à peu près seule. Opter pour l'une ou l'autre de ces deux solutions n'est pas anodin.
" Proposer aux micro-investisseurs de devenir actionnaires, comme c'est le cas chez nous, suppose une véritable gouvernance, que les PME n'ont pas forcément, explique Joachim Dupont, cofondateur et président d'Anaxago. On incite les dirigeants à beaucoup communiquer et à mettre en place un comité stratégique. Il faut aussi comprendre que ces nouveaux investisseurs ont choisi telle ou telle entreprise parce qu'ils s'intéressent de près à ce qu'elle propose. Ils peuvent servir de relais et même parfois amener de l'expertise technique ou des idées pour la commercialisation ".
Le prêt rémunéré est évidemment moins contraignant... sauf sur le plan purement financier. Sur Lendopolis, selon le niveau de risque évalué par les analystes maison, les prêteurs seront rémunérés entre 4 et 6% d'intérêts sur 24 mois et de 5 à 10% sur 60 mois, c'est-à-dire des taux nettement plus élevés que ceux que pratiquent aujourd'hui les banques.
Avoir un réseau
La troisième étape consiste à choisir sa plate-forme, ce qui n'est pas aisé dans cette jungle en pleine expansion. De manière générale, privilégiez celles qui ont " pignon sur web ", à la fois pour leur crédibilité et leur notoriété. Ayant déjà levé des sommes considérables ces dernières années, elles aimantent les meilleurs projets et les investisseurs. Sur le web, la prime aux premiers arrivés est une réalité, c'est injuste mais c'est comme ça. Enfin, et c'est sans doute l'essentiel, il faut comprendre les mécanismes profonds du crowdfunding.
" Les entrepreneurs doivent avoir conscience que leur levée de fonds part de leur propre communauté, insiste Vincent Ricordeau. En clair, si vous n'arrivez pas à convaincre d'investir votre cercle proche, c'est-à-dire votre famille, vos amis, ainsi que vos clients et vos fournisseurs, ça ne marchera pas. Ce sont eux qui assurent d'abord le démarrage avant que d'autres personnes s'y intéressent et investissent. Et le buzz fait le reste. C'est exactement comme lorsque vous arrivez dans une ville inconnue, vous n'allez pas dans les restaurants qui sont vides !" Autrement dit, une fois le projet monté, accepté et mis en ligne, il reste encore à le faire connaître et le défendre tous azimuts. Mais le jeu en vaut la chandelle : entre 2013 et 2014, les fonds collectés sur l'ensemble des plateformes existantes ont tout simplement doublé, passant de 33 à 66 M€...
Se repérer parmi les opérateurs français... grâce à Bpifrance
Le 10 décembre 2014, Bpifrance lançait la nouvelle version de TousNosProjets.fr, la place de marché française de la finance participative. Inauguré le 30 septembre 2013, à l'occasion des premières Assises de la finance participative sous l'égide de Fleur Pellerin, alors ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, le site tousnosprojets.bpifrance.fr a pour objectif de réunir dans un espace unique l'ensemble des projets en cours de
collecte, issus des opérateurs français, préalablement agréés par Bpifrance. Via un moteur de recherche, il donne ainsi accès au grand public à l'ensemble de l'offre, en vue d'y apporter une contribution financière. Il
permet par ailleurs d'augmenter la notoriété des plateformes. La nouvelle version intègre deux nouveautés pour optimiser et simplifier la recherche des porteurs de projets :
- Un module d'orientation, destiné à informer les porteurs de projets sur l'opportunité de recourir à la finance participative et les orienter gratuitement vers les plateformes les mieux adaptées; il s'agit de comparer les caractéristiques de son projet à l'historique des 10 000 projets en ligne. Le site présente alors une liste de plateformes ayant financé des projets similaires, avec, pour chacune, sa part de marché, son degré de spécialisation ainsi que l'exhaustivité des projets financés au cours des quatorze derniers mois.
- Un observatoire qui étudie l'historique de 10 000 projets, dans l'objectif de diffuser une information objective de la réalité du crowdfunding en fonction du mode de financement : le don, le prêt, l'investissement en capital.
Les plates-formes enregistrées par l'ORIAS au 9 décembre 2014
L'ORIAS, registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance assume, depuis le 1er octobre 2014, la mission d'enregistrement des plates-formes de financement participatif.
Investissement dans les titres (actions, obligations...) / Crowdequity
Cinq plates-formes disposent du statut de conseiller en investissements participatifs (CIP: consulter les éléments de ce statut)
Anaxago - www.anaxago.com
Lumo - www.lumo-france.com
Sowefund - www.sowefund.com
Wiseed - www.wiseed.com
Raizers SAS - www.raizers.com
* L'autorisation d'exercice a, notamment, été accordé après un examen par l'AMF de questions relatives à la compétence des dirigeants ainsi qu'au fonctionnement du site web de ces entreprises. Les plates-formes d'investissements dans les entreprises via des titres peuvent également opter pour un statut de Prestataires de services d'investissements agréés par l'ACPR.
Prêt aux particuliers ou aux entreprises
Quinze plates-formes disposent du statut d'intermédiaire en financement participatif (IFP)*
Compagnie du Financement Participatif - CFP - www.pretgo.fr
Credit.fr - www.credit.fr
Lendopolis - www.lendopolis.com
Givemedolz S.A.S - www.givemedolz.com
Primus Finance - www.pretpme.fr
Fidelfin - www.tributile.fr
IFP Finance - www.bitbankin.com
Invex - www.finsquare.fr
Lendosphere - www.lendosphere.com
Société de Crowdfunding pour PME - www.prexem.com
Blue Project - www.bluebees.fr
Credofunding - www.credofunding.fr
Lendix - www.lendix.com
Les Entrepêteurs - www.lesentrepreteurs.com
TG Finance - www.bolden.fr
* certaines de ces entreprises n'ont pas encore débuté leurs activités.
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