Comment financer son BFR ?
Le BFR était au coeur des Rencontres du magazine Option Finance du jeudi 28 novembre 2019. L'une des tables rondes consacrée au financement du BFR a permis de mettre à jour quelques solutions de financement parfois peu connues, comme le préfinancement du CIR.
Comment financer efficacement son BFR ? Tel était le thème de l'une des tables rondes des dernières Rencontres Option Finance. Différents intervenants se sont succédés pour présenter les solutions qu'ils ont mises en place.
Préfinancement du CIR
A commencer par Véronique Coulmann, Daf d'Anevia, un éditeur de logiciels pour la distribution de flux vidéo. Sa problématique : financer la R&D le temps d'obtenir le CIR (crédit impôt recherche). "Chez Anevia, le CIR représente 8% du chiffre d'affaire. Or, entre le moment où nous produisons les dépenses nécessaires à la R&D, notamment les salaires, et le versement du CIR, il peut se passer plusieurs mois", rapporte la Daf.
La solution a été de faire appel à une société qui fait du préfinancement du CIR, Neftys. "Le coût d'une telle solution, englobant la commission d'apporteur d'affaire fixe et le financement, est de l'ordre de 4%", précise Véronique Coulmann. Cette solution nécessite par ailleurs un audit du CIR afin que le financeur connaisse la partie certaine du CIR.
Financement et satisfaction client
Autre solution de financement du BFR originale, présentée cette fois par Xavier Cruchet, Daf d'Ingredia Dairy Experts et ex-Daf de Bridgestone. Chez Bridgestone, groupe international de pneumatiques, le Daf a mis en place avec American Express une solution sur-mesure, permettant aux clients de bénéficier de 54 jours supplémentaires pour régler leurs pneus hiver.
Dans les faits, Bridgestone est bien payé dans les délais prévus par la LME tandis que les clients ne sont, eux, que prélevés 54 jours plus tard. "Cela leur permet de stocker les pneus hiver dès la fin du printemps même s'ils ne les montent -et qu'ils ne sont donc payés - qu'en automne", explique Xavier Cruchet. Côté Bridgestone, cela permet d'être payé dans les temps mais aussi de se différencier positivement par rapport aux concurrents. "Nos parts de marché ont augmenté de 10%", indique le Daf. Quand les solutions de financement agissent aussi sur la satisfaction client !
American Express a également mis en place une solution du même genre mais côté fournisseurs : la plateforme Buyer Initiated Payments (BIP) permet au donneur d'ordre de maîtriser la date d'émission du règlement fournisseur.
L'affacturage, une réserve de trésorerie
D'autres solutions plus classiques ont été évoquées. Comme l'affacturage. Véronique Coulmann (Anevia) voit cela comme une réserve de financement. "Cela nous permet d'ajuster notre trésorerie en cas de besoin", explique la Daf. Elle conseille cependant, même si l'ensemble des factures clients sont cédées au factor, de conserver les créances clients dans sa comptabilité afin de s'assurer qu'il n'y a pas d'erreur.
Autre point qui a décidé Véronique Coulmann à opter pour l'affacturage : la possibilité de déconsolider. Attention néanmoins, la déconsolidation est possible mais beaucoup plus complexe en IFRS !
Anevia est en revanche de trop petite taille pour accéder à des solutions d'affacturage inversé (reverse factoring) qui permettent de régler les fournisseurs à temps mais en étant prélevé plus tard.
Des solutions simples et innovantes
Les intervenants ont également parlé du financement sur stock. Une solution que Xavier Cruchet juge trop lourde à mettre en place, étant donnée qu'il faut auditer régulièrement le stock concerné. "Les entrepreneurs n'ont pas de temps à perdre avec leurs solutions de financement. Il faut avant tout des solutions simples", insiste-t-il. Son conseil : sortir de son bureau pour trouver des solutions de financement innovantes. "Il faut être curieux. C'est ainsi que je suis devenu un véritable business partner", conclut-il.
Véronique Coulman invite quant à elle à améliorer son BFR avant de mettre en place des solutions de financement. Les Rencontres ont également été l'occasion d'aborder cette question de l'amélioration du BFR. Au programme des solutions proposées par les différents intervenants : maîtrise des délais de paiement clients en clarifiant la base de données clients, réduction des stocks en travaillant avec les opérationnels sur les prévisions de vente, mise en place d'une culture cash en incentivant sur des KPIs liés à la trésorerie, etc...
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