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Les ETI et PME face au défi climatique : un sujet pas encore « prioritaire »
Alors que les conséquences du changement climatique sont de plus en plus tangibles, Bpifrance Le Lab vient de publier une étude dans laquelle les dirigeants de PME et ETI françaises envisagent le défi climat comme lointain. Malgré quelques initiatives isolées, l'adaptation au réchauffement climatique n'est pas encore intégrée comme une priorité stratégique par la majorité des entreprises.
La dernière enquête de Bpi Le Lab, publiée ce 17 décembre 2024, éclaire un peu plus l'état d'esprit dans lequel sont les dirigeants de PME et ETI* en matière de stratégie climat dans leur entreprise. Force est de constater qu'un fort décalage existe entre les défis imposés par le changement climatique et la prise de conscience encore limitée des dirigeants de PME et ETI. L'inaction actuelle, bien qu'expliquée par des priorités à court terme, pourrait avoir des conséquences économiques et écologiques majeures dans les années à venir. Explications.
Un enjeu stratégique sous-estimé
Premier résultat important, 68 % des dirigeants de PME et ETI n'identifient pas l'adaptation au changement climatique comme un sujet stratégique majeur. Parmi eux :
-53 % jugent le sujet important mais non prioritaire.
-11 % estiment qu'il est mineur.
-4 % admettent ne pas avoir assez de connaissances pour s'exprimer.
Les chefs d'entreprise placent souvent des risques plus immédiats, « comme les défis de marché ou les problématiques productives, au sommet de leurs préoccupations », dévoile l'enquête. Cependant, ces risques peuvent être exacerbés par les impacts climatiques soulignant un manque de prise de conscience de leur interdépendance.
Perception de faible exposition aux aléas climatiques
La majorité des dirigeants interrogés estime que leur entreprise est peu vulnérable aux aléas climatiques actuels :
-24 % craignent les vagues de chaleur.
-20 % redoutent les sécheresses.
-15 % identifient les inondations comme une menace.
-6 % évoquent les effets des retraits-gonflements des sols argileux.
Cependant, cette perception évolue dans une vision à long terme : 47 % des répondants considèrent que leurs activités seront fortement exposées aux aléas climatiques d'ici 2050, contre seulement 5 % aujourd'hui.
Des actions de bon sens mais une approche fragmentée
Malgré une faible conscience stratégique, certaines actions concrètes sont déjà mises en place :
-68 % des entreprises utilisent des technologies économes en eau.
-63 % adaptent les horaires de travail en fonction des conditions météorologiques.
-51 % rénovent leurs bâtiments pour améliorer leur efficacité énergétique.
Cependant, ces initiatives restent limitées : « seuls 16 % des dirigeants ont réalisé un diagnostic de vulnérabilité climatique pour évaluer les risques spécifiques à leur activité », pointe l'étude. En l'absence de stratégie globale, ces actions restent fragmentées et insuffisantes pour anticiper les impacts majeurs du changement climatique.
Des déclencheurs d'action multiples
Les dirigeants qui agissent en matière d'adaptation le font principalement par conviction personnelle (61 %). Les autres motivations incluent :
-La perception d'opportunités économiques (20 %).
-Des contraintes externes, comme des réglementations (19 %).
Par ailleurs, les entreprises ayant déjà subi un sinistre climatique sont plus enclines à anticiper les risques futurs. De même, la pression des parties prenantes (clients, collaborateurs) joue un rôle dans l'adoption de pratiques plus durables.
Un besoin d'accompagnement et d'information
Un des freins majeurs à l'action reste le manque d'information et d'accompagnement :
-60 % des dirigeants déclarent ne pas connaître les dispositifs d'aide disponibles.
-Seuls 11 % se tourneraient vers leur assureur pour obtenir des conseils ou des solutions.
Ce manque de soutien perçu reflète une méconnaissance des outils existants et souligne la nécessité de mieux communiquer sur les aides financières et techniques disponibles.
*Méthodologie de l'enquête :
L'enquête a été menée en ligne auprès de dirigeants de PME et ETI entre le 20 juin et le 20 septembre 2024. Elle a permis de collecter 380 réponses exploitables de dirigeants. L'échantillon n'a pas été redressé, d'où une surreprésentation des acteurs de l'industrie (43 % vs 22 % dans la population mère).
En complément, plus de 25 entretiens ont été menés avec des experts et des chefs d'entreprise :
- 14 experts des problématiques de risques climatiques (consultants, chercheurs, ADEME, DGE...) ;
- 12 dirigeants de PME et d'ETI
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