[Interview] "L'anticipation et la préparation de la transmission sont garantes de son succès" Christophe Priem, président de l'IFEC
Si la transmission d'entreprise est bien souvent la prérogative des dirigeants eux-mêmes, le Daf peut-être un support pour valoriser l'entreprise et choisir le bon mode de cession. Explications de Christophe Priem, président de l'Institut français des experts-comptables et des commissaires aux comptes (IFEC)
>Quelles sont les causes à l'origine de la transmission d'une entreprise ?
Si près de la moitié des cessions ont lieu en raison d'un départ à la retraite du chef d'entreprise, d'autres causes peuvent être à l'origine de la cession : difficultés financières de l'entreprise elle-même, santé du dirigeant, problèmes familiaux, changement de vie, etc.... ou encore la réalisation de plus-values ou d'une croissance externe.
>Pourquoi est-ce important de se soucier de la transmission de son entreprise ?
Parce qu'il s'agit d'une étape essentielle. Et ce tant sur le plan professionnel (le choix du repreneur, par exemple, est important pour assurer le développement de l'entreprise, voire sa pérennité) que sur le plan personnel (au regard du patrimoine du dirigeant ou encore de son statut social).
>Combien de temps en amont doit-on se pencher sur la question ?
L'anticipation et la préparation de la transmission sont garantes de son succès. Le risque, sinon, est de voir la valorisation de l'entreprise diminuer, voire chuter, ayant pour corollaire de rencontrer des difficultés plus importantes pour sa vente. Idéalement il faut s'y préparer trois à cinq ans à l'avance. Mais il faut garder en tête qu'il n'y a pas d'âge pour transmettre son entreprise, étant donné que les causes de cession sont multiples.
>Quelles sont les étapes à respecter ?
Je conseillerai au cédant de s'interroger sur ses motivations de transmettre son entreprise et quelle nouvelle vie il envisage : il existe un paramètre psychologique essentiel à prendre en considération qui ne laisse aucune place à l'improvisation. Puis, il convient de se concentrer sur l'entreprise en effectuant un diagnostic complet (activité, santé financière, ressources humaines, organisation et environnement juridique, réglementaire au sens de la QSE) pour identifier les forces et faiblesses. Il est également nécessaire de déterminer son mode de cession pour bien cartographier les conséquences juridiques, fiscales et financières mais aussi présenter un business plan au futur acquéreur et disposer ainsi d'arguments lors de la cession. Et l'étape ultime : trouver le bon repreneur. Viendront ensuite les « actes juridiques » de la cession. Il convient à chaque étape de savoir bien s'entourer en interne (le Daf est de ce point de vue-là un bon allié) mais aussi de professionnels externes pour garantir le succès de cette opération (comme les experts-comptables).
>Quelles sont les différentes possibilités ?
Elles sont nombreuses : fusion-absorption, augmentation de capital, apport partiel de capital, cession de fonds de commerce, cession progressive, location gérance avec promesse d'achat ou à titre gratuit (comme le testament), la donation ou donation-partage, etc... Ces possibilités d'opération sont influencées notamment par la forme juridique et la situation financière de l'entreprise. De plus, la transmission d'une entreprise représente un coût fiscal important qui varie selon le mode de transmission choisi. Il est donc nécessaire d'évaluer ce coût pour trouver la solution la moins onéreuse sur le plan fiscal. Il s'agit d'apprécier au cas par cas sa situation avant d'arrêter son choix. Le Daf peut aider à trouver la meilleure solution sachant que l'enjeu financier est important mais qu'il faut aussi prendre en compte la pérennité de l'entreprise, les valeurs soutenues, le maintien de l'emploi, l'environnement, etc...
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