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Que devient la prime Macron après le deuxième confinement ?

La prime exceptionnelle, dite " prime Macron ", avait été instaurée fin 2018 en réponse au mouvement des Gilets Jaunes. Son but, alors, était de répondre à une demande de hausse du pouvoir d'achat. La crise économique et sanitaire lui donne aujourd'hui une dimension différente.

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Que devient la prime Macron après le deuxième confinement ?
© Bastian Weltjen - stock.adobe.com

Que ce soit pour les chefs d'entreprises...ou les directeurs financiers, garants de la trésorerie de leurs organisations et conseillers des membres du board, ils ont besoin d'outils adaptés à la prise de décision mais surtout du soutien des collaborateurs.

Un outil de pouvoir d'achat ou un outil de crise ?

La prime Macron offre plusieurs avantages pour employeurs et salariés. Versée sur une base de volontariat de l'employeur et de manière relativement uniforme à tous les salariés (elle peut varier en fonction de la durée de présence effective pendant l'année écoulée, de la durée de travail prévue au contrat de travail du niveau de classification et de la rémunération), la prime Macron n'est pas imposable pour le salarié jusqu'à 1 000 euros net (2 000 € en cas d'accord d'intéressement) et ouvre le droit à une exonération de charges sociales pour le salarié et l'employeur.

Si la prime ne peut être substituée à un autre élément de rémunération, ou à une autre prime déjà en place, elle fut pourtant rapidement adoptée par les employeurs : 5 millions de salariés en ont bénéficié en 2018 et 2019, avec un montant moyen de 450 euros. Reconduite dans le plan de la loi finance de 2020, elle est l'un des outils mis en avant pendant la crise sanitaire et le confinement, notamment pour remercier et encourager les salariés ayant travaillé sur cette période.

Avec la crise, les conditions de versement ont été assouplies. Le versement jusqu'à 1 000 € n'est plus conditionné à l'existence d'un accord d'intéressement. Un nouveau critère de modulation a été ajouté pour permettre de tenir compte des conditions de travail pendant cette période (télétravail, travail sur site, etc), voire réserver le versement de la prime aux salariés ayant été exposé au risque de la COVID-19 (exclusion des salariés en activité partielle ou en télétravail par exemple). Enfin, la possibilité de verser cette prime a également été prolongée jusqu'au 31 décembre 2020.

Si toute prime a un objectif de gestion du personnel, et démontre une volonté de fidélisation et de motivation à destination des salariés, la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat, maintenant dite " Covid ", engage alors une autre dimension : elle prend un rôle de solidarité, de remerciement et devient un outil RH et managérial dédié au salut des efforts salariaux sur une période complexe et inédite. Pendant le confinement du mois de mars et au déconfinement, elle fut ainsi versée, surtout par les plus grosses structures, aux salariés ayant été en contact avec la clientèle (comme les caissiers) ou pour saluer les efforts des salariés en télétravail. Finalement, les événements qui ont été à la source de la mise en place de la prime Macron ainsi que la crise qui a suivi un an après en font un outil à plusieurs dimensions, dépassé par son but initial de soutien au pouvoir d'achat. La prime Macron ou Covid est devenu un dispositif essentiel au soutien du moral salarial, avec un potentiel qui s'amplifie avec la durée de la crise sanitaire.

Avenir incertain pour la prime Macron

L'impact et l'utilisation de la prime Macron d'ici à la fin de l'année sont cependant à nuancer. Si les spécificités apportées par le gouvernement au dispositif avec la crise sanitaire et économique permettent plus de libertés pour les employeurs quant à son versement, et pourrait faciliter et démocratiser sa mise en place, la crise économique et ses conséquences sur les fonds propres et trésorerie des très petites, petites et moyennes entreprises sont des freins conséquents à son recours. Pour les petites et moyennes structures en effet, la priorité est au maintien ou à la reprise de l'activité, voire à la survie même de l'entreprise. Boostées par les diverses aides mises en place par le gouvernement pour maintenir l'emploi (activité partielle, exonérations de charges, activité partielle de longue durée) ou encore pallier leurs pertes de revenus (Prêts Garantis par l'Etat, fonds de solidarité), elles se focalisent aujourd'hui sur leur santé financière ; et si les politiques de ressources humaines, le management et la motivation des salariés restent des points essentiels au bon fonctionnement de l'activité, la prime exceptionnelle ne sera sans doute pas une priorité.

Dans un contexte d'incertitude, avec le confinement de novembre et la menace qui pèse sur les fêtes de fin d'année - période clé pour le commerce - l'utilisation qui a été faite de la prime Macron au déconfinement (renommée " prime Covid " à cette occasion) - alors que beaucoup pensaient en avoir fini avec le confinement et les restrictions - ne pourra être la même sur cette fin d'année, aussi car la complexité et l'incertitude freinent le développement d'initiatives de cette nature. De fait, la prime Covid risquerait de ne pas être largement utilisée malgré le rallongement de son versement permis par le gouvernement jusqu'au 31 décembre 2020.

Rien ne dit encore si le dispositif sera reconduit pour l'année 2021 ou non. Il serait cependant judicieux qu'employeurs comme salariés puissent bénéficier d'un outil similaire pour continuer à " vivre et travailler " avec la crise. Pour les employeurs, dont la santé financière n'est pas optimale, il s'agit toujours d'un dispositif moins onéreux qu'une qu'une prime exceptionnelle versée à une sélection de salariés ; pour les salariés, il s'agit d'une motivation et d'un encouragement à poursuivre l'activité malgré les difficultés sur site ou en télétravail, mais aussi, et cela n'est pas négligeable alors que la plupart des mesures gouvernementales sont fort à propos tournées vers une politique de l'offre et la préservation de nos entreprises, d'un soutien au pouvoir d'achat.

Pour en savoir plus

Emeline Rolin est responsable des départements paies et conseil au sein d'Exco Nexiom à Epinal. Elle accompagne les entreprises dans leur gestion sociale depuis plus de 10 ans.


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