RSE : 6 défis incontournables pour les Daf en 2025

ESG, RSE, CSRD... les directeurs financiers d'entreprise sont aux premières loges pour orchestrer et répondre aux nouvelles règlementations en matière de durabilité. Définir le coût financier d'un plan d'action de décarbonation, implanter de nouveaux outils, se former aux nouvelles règles CSRD, les directeurs financiers sont confronter à une série de nouveaux défis. Quels sont-ils et à quelles évolutions de la fonction financière s'attendre ? Eclairages d'Olivier Chevreau, associé EY en charge des activités de conseil en performance durable (finance et ESG), sur la feuille de route des Daf en 2025.

Performance et ESG

Traditionnellement, le directeur financier accompagne la performance de l'entreprise en tant que véritable « business patner » de la direction générale. Pour Olivier Chevreau, l'arrivée de nouvelles réglementations comme la CSRD pose certaines questions. « Au-delà de la conformité règlementaire, la question est de savoir comment le Daf va-t-il articuler les objectifs financiers avec les engagements ESG ? Comment faire en sorte qu'on atteigne aussi bien la guidance financière que la trajectoire de décarbonation par exemple ? », nous précise l'expert.

Garant de la conformité

Autre enjeu, le directeur financier est le garant des règles en matière de comptabilité, fiscalité et de gouvernance. De nouvelles règles émergent autours de l'ESG comme « le devoir de vigilance, la CS3D qui vont demander au Daf d'aller plus loin dans la mise en conformité et dans la compréhension des enjeux ESG », indique-t-il.

Données financières et CSRD

Au quotidien, le Daf gère toute sorte de données financières et comptables, en s'assurant qu'elles soient fiables via le contrôle interne ou l'audit. « En 2025, il y aura un fort impact avec l'exigence de reporting de la CSRD. En effet, le Daf a un rôle primordial à jouer, notamment pour mettre en place tous les outils de reporting EPM ou ERP, de génération, de traitement et du contrôle interne de la donnée ESG », précise l'expert. L'objectif : transformer la donnée brute en information stratégique. « Quand vous prenez des engagements ESG, vous devez les chiffrer financièrement. Il est essentiel de savoir quel coût financier aura un plan de décarbonation, par exemple », souligne-t-il.

Formation et développement des compétences

La nouvelle réglementation CSRD force les financiers d'entreprises à s'intéresser à la RSE. « Prenons par exemple le contrôle de gestion, dans certains groupes, il leur est demandé de suivre l'avancement carbone de la trajectoire de décarbonation. Cette nouvelle responsabilité nécessite une formation et un développement des compétences », détaille l'expert.

Fonctions RSE et Daf se rapprochent

Très souvent, les directions RSE et financière travaillaient chacune de leur côté. Dans les groupes les plus avancés, la direction financière était sollicitée pour chiffrer le coût d'une politique RSE. Dans d'autres entreprises, les politiques RSE étaient définies de manière autonome par la direction RSE. « Avec la CSRD, un changement est en cours. La RSE est en train d'impacter tous les process et toutes les fonctions de l'entreprise, de fait chaque sous-direction au sein de la direction financière va se retrouver impactée par des sujets RSE », détaille Olivier Chevreau.

Nouveaux rôles du Daf

Ces enjeux de durabilité ouvrent de nouvelles perspectives pour les métiers de la fonction financière d'entreprise. Pour Olivier Chevreau « C'est extrêmement positif. Je pense même que les financiers ont un rôle à jouer de premier plan ». Dans un contexte où des voix s'élèvent contre l'ESG, notamment en provenance des États-Unis où l'ESG est considéré comme une « idéologie », il est primordial de rappeler « que le meilleur rempart contre l'idéologie, c'est de partir de la data, d'analyser la data qui vient de l'entreprise, ce que les financiers savent faire ». Pour lui, « les financiers ont un rôle de premier plan pour prioriser les plans d'action RSE et l'articulation entre finances et RSE. Ils sont à la fois un rempart contre le greenwashing et une aide pour la RSE pour que les sujets soient vraiment opérationnalisés. »