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Facturation Électronique : où en sont les entreprises françaises début 2025 ?

Dans cette tribune exclusive Inès Desert, directrice communication et RSE chez SAGES Informatique revient sur la réforme de la facturation électronique qui entrera en vigueur progressivement à partir de septembre 2026, un défi en particulier pour les plus petites structures.

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Facturation Électronique : où en sont les entreprises françaises début 2025 ?

Initialement prévue pour 2024, la réforme de la facturation électronique a été repoussée, avec une entrée en vigueur désormais échelonnée : septembre 2026 pour les grandes entreprises et ETI, et septembre 2027 pour les TPE et PME. Si ce report offre un délai supplémentaire aux entreprises pour se préparer, il ne réduit en rien les défis à relever, en particulier pour les plus petites structures.

Grandes entreprises et ETI : une transition sous contrôle

Les grandes entreprises ont largement anticipé la réforme et ont engagé des adaptations techniques pour se conformer aux nouvelles obligations. La mise en conformité passe par une refonte de leurs systèmes de facturation, un travail d'intégration avec leurs partenaires et une sécurisation accrue des flux de données. Pour elles, l'échéance de septembre 2026 est un objectif réaliste, même si des ajustements restent nécessaires.

Côté ETI, la situation est plus contrastée. Beaucoup comptent sur leurs éditeurs de logiciels pour assurer la transition, estimant que la mise en conformité sera principalement une adaptation technique, sans impact majeur sur leurs processus internes. Le report à 2026 en a conduit certaines à différer leurs projets à 2025, misant sur une évolution progressive de leurs outils de gestion.

Malgré certaines incertitudes et un besoin de clarification sur des aspects techniques, une grande majorité estime pouvoir respecter les échéances grâce à l'appui de leurs éditeurs de logiciels, même si les travaux de mise en conformité n'ont pas encore commencé. D'autres, en revanche, espèrent encore un nouveau report avant d'investir pleinement dans la réforme.

TPE-PME : une inquiétude grandissante face aux coûts de la réforme

Selon le baromètre Qonto des TPE-PME 2024 (réalisé par YouGov en septembre 2024), seuls 29 % des TPE-PME se disent prêtes pour la facturation électronique. Si toutes les entreprises devront recourir à des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) adaptées à leur système de facturation et à leur volumétrie, cette obligation est perçue par les TPE-PME non seulement comme une contrainte génératrice de coûts supplémentaires, mais aussi comme un défi technologique. Cette double appréhension freine les entreprises dans leurs recherches de solutions adaptées, retardant ainsi leur préparation à la transition.

L'inquiétude est particulièrement forte chez les TPE, qui représentent 76 % des entreprises françaises avec 1 401 316 établissements (source INSEE). Beaucoup assimilent encore un simple fichier PDF à une facture électronique, et la réforme demeure floue pour une majorité d'entre elles, voire inconnue. En effet, elles sont encore trop nombreuses à ne pas avoir pris connaissance de cette réforme, faute d'une communication suffisamment claire. À cela s'ajoute un retard technologique : seulement 3 % des TPE et 25 % des PME disposent d'une solution de gestion électronique des documents (GED) (source Markess 2023), compliquant encore davantage leur transition.

Si l'entrée en vigueur a été reportée à septembre 2027, ce délai supplémentaire ne dissipe pas les inquiétudes, d'autant plus que, en réalité, les TPE-PME devront être en capacité de recevoir des factures électroniques via une PDP dès 2026. Entre méconnaissance, réticence et contraintes financières, de nombreuses entreprises risquent d'arriver à l'échéance sans être prêtes.

Si la facturation électronique est perçue comme une avancée en matière de modernisation et de lutte contre la fraude, son déploiement ne peut se faire sans un accompagnement adapté, en particulier pour les petites entreprises.

À un an de l'entrée en vigueur de la réforme pour les grandes entreprises et ETI, et à 2 ans pour les TPE-PME, l'enjeu est donc clair : éviter que cette transition ne devienne un frein supplémentaire pour les petites structures. En outre, ne pas se mettre en conformité à temps expose les entreprises à des sanctions susceptibles de compromettre leur santé économique, ainsi qu'à une perte de compétitivité et de confiance auprès de leurs partenaires et clients. La mise en place d'offres adaptées, d'aides financières ou d'un dispositif d'accompagnement spécifique apparaît donc comme un levier indispensable pour assurer une transition plus efficace vers la dématérialisation.


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