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[Opinion] Comment les entreprises peuvent franchir le mur de la dette ?

A l'heure de la reprise, de nombreuses entreprises bénéficiaires de l'aide massive accordée par l'État pour affronter la crise sanitaire sont aujourd'hui confrontées au mur de la dette. Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour préserver la trésorerie des entreprises fragilisées.

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[Opinion] Comment les entreprises peuvent franchir le mur de la dette ?

Les entreprises sont au pied du mur. Leur endettement a franchi le cap des 1 900 milliards d'euros selon la Banque de France et risque d'entrainer des défaillances en cascade ces prochains mois. Car si l'aide de l'État en 2020 a permis de limiter la casse en réduisant les procédures collectives de près d'un tiers pendant la pandémie, d'autres signaux sont plus alarmants.

Le dernier rapport trimestriel d'Altarès met en évidence un point de bascule en mars 2021 avec une accélération des défaillances et une mise en liquidation immédiate qui atteint 80 % des entreprises, " un niveau jamais vu depuis 20 ans " d'après l'étude. Car le problème de l'endettement n'est pas nouveau et la pandémie a mis en évidence les faiblesses structurelles des entreprises françaises qui souffrent de fonds propres insuffisants et d'une trésorerie limitée.

Détecter, orienter, accompagner

Bercy réfléchit à de nouveaux dispositifs pour accompagner les entreprises dans la reprise. Une chose est certaine, le robinet de l'argent facile va se fermer progressivement, remplacé par une stratégie qui cible les secteurs et les entreprises viables qui mettront plus de temps à se sortir de la crise.

Début juin, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, a présenté plusieurs pistes pour accompagner les entreprises dans cette phase de transition sur le triptyque du " détecter, orienter, accompagner ". Le plan repose en partie sur la détection précoce des entreprises en difficulté grâce à un dispositif innovant qui repose sur l'intelligence artificielle à partir des données de plusieurs services de l'État et la mise en place d'un guichet et d'un interlocuteur unique pour accompagner les entreprises.

L'arsenal de Bercy permet de préserver la trésorerie des entreprises en différant d'une année supplémentaire le remboursement du PGE, soit deux ans au maximum. Les TPE/PME apprécient ce nouveau coup de pouce et plus de la moitié d'entre-elles ont demandé un différé de deux ans selon la CPME. Même principe du côté des dettes fiscales et sociales dont le paiement peut être étalé sur 3 ans. A ces mesures, Bercy a ajouté la création d'un fonds de 3 milliards d'euros pour les ETI et PME sous forme de prêts et d'un prêt participatif de 100 000 euros pour les entreprises de moins de 50 ans salariés destiné à financer les besoins en investissement ou en fonds de roulement.

La priorité : maitriser son besoin en fonds de roulement

Malgré les annonces, les chefs d'entreprises restent inquiets quant à la pérennité de leur entreprise à long terme. D'autant que si le ratio d'endettement des entreprises s'est détérioré ces derniers mois, ce n'est pas l'unique problème financier des entreprises. La forte hausse de certaines matières premières ou plus largement des approvisionnements conjugués à la dégradation des fonds propres imputable à la baisse de l'activité engendrent un besoin en fonds de roulement (BFR) plus important avec la reprise économique.

Les entreprises ont besoin de cash. Selon l'enquête de la CPME, 42 % des entreprises interrogées estiment nécessaire de renforcer leur trésorerie pour traverser la crise. Mais comment faire ?

La solution est avant tout comptable. Pour améliorer la trésorerie des entreprises, la méthode consiste à réduire le BFR : par l'augmentation des fonds propres, de la dette à long terme, la réduction des investissements et des stocks ou encore par une optimisation des créances clients. L'affacturage apparaît dès lors comme une réponse possible et facile à mettre en oeuvre. En effet, cette solution de court terme évite le recours aux crédits et préserve les marges de manoeuvre des entreprises qui auraient besoin de s'endetter pour des projets d'investissement, donc de long terme.

Le recours aux factors et à l'affacturage a été largement utilisé tout au long de cette crise. Bercy souhaite aller plus loin en incitant les entreprises à maîtriser davantage leur BFR avec le financement du bon de commande. Ce dispositif innovant consiste à percevoir l'argent d'une transaction commerciale avant l'émission de la facture et même la mise en production de la commande. Une nouvelle fois, les sociétés d'affacturage sont en première ligne en avançant les sommes grâce au soutien de l'État qui garantit jusqu'à 90 % du montant.

Le financement des bons de commande permet de sécuriser la trésorerie des entreprises en gagnant jusqu'à 45 jours de trésorerie. Cette solution temporaire améliore ainsi significativement le BFR et la solidité financière des entreprises déjà fortement endettées. Censé prendre fin en juin 2021, le dispositif a été prolongé jusqu'au 31 décembre 2021, une bonne nouvelle pour les entreprises qui reprennent peu à peu leur activité et vont être preneuses de cette solution pour les accompagner dans la reprise.

Pour en savoir plus

André Le Tulzo rejoint les équipes de Factofrance en 1990 à la direction commerciale de diverses régions au gré de ses évolutions. Actuellement à la direction commerciale grand ouest, il dirige en parallèle depuis 3 ans la mission Restructuring de Factofrance liée au monde des entreprises en difficultés.

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