La remontée des taux de la BCE ne devrait pas entraver la reprise économique des entreprises
Une possible hausse des taux directeurs de la banque centrale européenne ne devrait pas perturber la reprise économique en France. Elle pourrait entraîner une augmentation des coûts de financement et du crédit à moyen terme, qui devrait toutefois rester limitée.
Suivant la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne n'écarte désormais plus la possibilité de relever ses taux directeurs d'ici à la fin de l'année pour faire face à l'inflation. William Gerlach, Country Manager France chez iBanFirst, ne s'attend pas à une remontée des taux avant a minima l'année prochaine, bien après la Réserve fédérale américaine ou la Banque d'Angleterre. « Il serait erroné de comparer la dynamique d'inflation entre les Etats-Unis et la zone euro. La Banque centrale européenne considère qu'une augmentation du taux directeur n'est pas opportun pour contrecarrer l'inflation. En zone euro, elle est le signe d'une bonne reprise économique après plusieurs périodes de confinement et d'arrêt d'activité et est essentiellement liée à des phénomènes externes (comme l'énergie) sur lesquels la BCE n'a aucune prise. »
Un coût du crédit historiquement faible
Si la banque centrale européenne ne s'est pas encore positionnée, cette décision pourrait avoir deux impacts pour les entreprises. Le premier : une hausse des coûts de financement et du crédit à moyen terme, qui devrait toutefois rester limitée. « Sur le dernier trimestre, le taux moyen des crédits à l'équipement est historiquement bas et tourne autour de 1,13 %. Il n'y a pas de tension majeure qui ferait que les conditions d'accès au crédit vont se détériorer brutalement pour les entreprises », estime William Gerlach. La raison ? « L'économie actuelle est assez saine, contrairement à la crise financière de 2008. Les entreprises ont une trésorerie abondante suite au déploiement massif des Prêts Garantis par l'Etat », ajoute l'expert. En d'autres termes, si les taux réels augmentent, les crédits évolueront dans une proportion graduelle et limitée. Les entreprises vont donc toujours continuer de bénéficier de crédits accessibles pour supporter le financement de leur activité, de leur trésorerie et le renouvellement de leur équipement.
Seconde conséquence d'une remontée des taux : un impact sur le marché des changes. « L'euro pourrait évoluer et se renforcer sur le marché, ce qui aura un impact sur les marges commerciales des importateurs et exportateurs et les sociétés qui travaillent avec des devises étrangères », explique William Gerlach. Si l'euro s'apprécie, les exportateurs peuvent perdre en compétitivité et n'ont, à court terme, le choix que de réduire leurs marges ou de voir reculer leurs parts de marché. Le marché étant très sensible à la reprise économique, il pourrait devenir beaucoup plus nerveux « avec la publication de chiffres économiques comme ceux du chômage ou à l'arrivée des élections », prévient l'expert. Des événements qui devraient avoir un impact beaucoup plus important sur les marchés et le taux de change qu'une hausse des taux directeurs de la BCE.
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