La baisse des défaillances ne pourrait être que temporaire
Selon la société Altares, seules 32 184 entreprises ont fait l'objet d'une procédure collective en 2020, soit 20 000 de moins qu'en 2019. Ces chiffres pourraient toutefois augmenter en 2021 avec l'arrêt progressif des aides et des trésoreries placées sous haute tension.
Avec 32 184 procédures enregistrées, le niveau global des défaillances a reculé en un an de 38,1 % pour atteindre son plus bas niveau sur plus de 30 ans selon les chiffres publiés par la société Altares le 19 janvier 2021.
Tous les secteurs d'activités terminent l'année 2020 avec des chiffres en baisse. La construction enregistre la diminution la plus importante (-42,6%). Le commerce (magasins multi-rayons, de détail, bricolage (-38,2%), l'industrie (-39,2%), le transport routier de marchandises (-44,1%) ont aussi bien résisté. " La crise de la Covid-19 est incontestablement l'une des plus grandes déflagrations que l'économie ait connu depuis les chocs pétroliers et la crise de 2008. Pour autant, tout le monde s'est trompé sur les prévisions. Nous sommes à plus de 32 000 procédures collectives, alors que 80 000 défaillances étaient attendues en 2020 ", explique Thierry Million, directeur des études au sein d'Altares.
Pourquoi ? Cette situation inédite a conduit le gouvernement à prendre des décisions fortes et rapides. Les mesures actées au printemps, notamment le gel de la date des cessations de paiement dès la mi-mars, la mise en place du Fonds de solidarité, du Prêt Garanti par l'État (645 000 entreprises dont 94% de TPE en ont bénéficié au 22 janvier 2021), le chômage partiel ont protégé les entreprises de la faillite jusqu'à la fin de l'été. " Dans un même temps, à partir du 12 mars, il y a eu un aménagement des textes pour accompagner les structures en difficulté. Les Urssaf n'ont plus assigné aucune entreprise au tribunal ", ajoute Thierry Million.
Un arrêt progressif des aides
Des chiffres anormalement bas qu'il faut donc prendre avec des pincettes. Le directeur des études s'attend à une augmentation du nombre de défaillances en 2021. " Nous devrions atteindre 50 000 défauts. Il va falloir revenir sur un schéma où les entreprises seront moins protégées. Une société en cessation de paiement devra aller au tribunal. Les aides vont par ailleurs être débranchées progressivement à destination des entreprises les plus fragiles. "
De même, selon l'expert, " toutes les sociétés ne seront pas en capacité de disposer de la trésorerie nécessaire pour faire face à la reprise ". La pression des besoins en fonds de roulement sera en effet plus forte. Quand l'activité va repartir, il va falloir commencer par dépenser, refaire ses stocks, reconsolider ses ressources humaines. " Les directeurs administratifs et financiers vont une nouvelle fois être fortement sollicités. L'activité ne redémarrant pas au rythme prévu, ils vont devoir se livrer à un exercice d'équilibrisme qui consiste à accepter la dépense nécessaire et différer certaines dépenses non prioritaires, et des investissements parfois. Après avoir anticipé un éventuel manque de trésorerie, les entreprises les plus fragiles vont devoir se rapprocher de leur banquier pour reporter leurs échéances de prêts, mais aussi pour obtenir des lignes de crédits afin de financer leur besoin en fonds de roulement ", concède-t-il.
Un dernier risque pourrait croître au cours du second semestre 2021, celui du défaut de paiement des donneurs d'ordre, entraînant dans sa chute la défaillance de ses clients. " L'effet domino promet d'être important. 2022 pourrait ainsi être beaucoup plus risquée que 2021 ", estime Thierry Million.
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