[Formation] CFA d'entreprise : bonne ou mauvaise idée ?
Confronté aux postes à pourvoir vacants faute de candidats qualifiés, vous vous demandez si la mise en place d'un CFA d'entreprise, permis par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de septembre 2018, pourrait résoudre cet épineux problème...
Safran, Schneider Electric, Groupe Nicollin, ARC International... Les grands groupes industriels ont fait savoir qu'ils allaient créer leur propre CFA (Centre de formation des apprentis) d'entreprise. Mais est-ce pour autant une solution accessible et rentable pour une plus petite entreprise ?
Premièrement, la réponse dépend de votre besoin en recrutement qui doit être récurrent, suffisant et portant sur un même métier inscrit au RNCP, voire un nouveau métier. " Au vu des coûts et de l'organisation à mettre en place, la création d'un CFA d'entreprise s'inscrit forcément dans une démarche pérenne, signale Céline Delort, dirigeante d'Alithia et spécialiste en ingénierie et droit de la formation. Si tous les ans, vous devez embaucher une douzaine de techniciens de maintenance, par exemple, c'est une solution qui peut être étudiée. "
Sinon, il vaut mieux explorer d'autres pistes comme la création d'un CFA commun à plusieurs entreprises qui ont les mêmes besoins, un partenariat avec un CFA existant ou encore la préparation opérationnelle à l'emploi (POE) proposée par Pole emploi. " Aujourd'hui, les CFA ont la possibilité de créer une promotion pour une ou plusieurs sociétés qui peuvent faire intervenir leurs collaborateurs pour gérer certains modules, confirme Céline Delort. C'est une piste intéressante qui permet de se familiariser avec l'organisation d'une formation et qui ne nécessite pas de créer sa structure. C'est donc plus avantageux financièrement. "
Lire aussi : Ces nouveaux métiers en vogue dans la finance
Un juste équilibre à trouver
Car, au-delà du besoin, le coût est une question centrale. La formation en CFA étant obligatoirement gratuite pour les alternants, les financements sont à chercher ailleurs. Votre opérateur de compétences (OPCO) peut prendre en charge une partie des charges liées au fonctionnement de votre CFA, selon un "coût contrat " défini par métier. " Élaborer un business plan vous permettra d'estimer le coût du projet, recommande l'experte. D'autres paramètres extra-financiers sont également à prendre en compte comme les bénéfices sur votre marque employeur. Néanmoins, ne sous-estimez pas la difficulté à recruter des alternants. En particulier si le métier souffre d'un déficit d'image : ce n'est pas l'ouverture d'une formation qui va déclencher des vocations ! "
Vigilance également sur les aspects organisationnels. Disposez-vous de locaux pour la formation ? D'outils pédagogiques ? De collaborateurs disponibles, pédagogues, motivés et suffisamment diplômés ? En effet, les formateurs doivent obligatoirement avoir au minimum le niveau de formation des alternants (par exemple un bac+2 pour enseigner à des BTS). " Un CFA d'entreprise est relativement simple à ouvrir, mais sa gestion l'est moins, indique Céline Delort. Vous devrez respecter les obligations incombant aux CFA (400 heures de formation, tenue d'une comptabilité analytique, diffusion annuelle des résultats comme le taux d'obtention des certifications...) et plus largement aux organismes de formation. "
Enfin, sachez qu'à partir du 1er janvier 2021, pour bénéficier de fonds publics, votre CFA devra détenir une certification qualité.
Sur le même thème
Voir tous les articles RH