Comment repenser le lien social après la crise du Covid-19 ?
Si on ne peut pas encore mesurer précisément les effets de la crise sur les entreprises, celle-ci peut servir de catalyseur pour repenser les organisations et les éco-systèmes internes et externes. Les entreprises qui remettent l'humain au centre auront un coup d'avance.
Il est encore trop tôt pour mesurer tous les impacts de la crise pour les entreprises. Une partie de l'économie a été placée sous perfusion par l'interventionnisme de l'Etat (possibilité de recours au chômage partiel, mise en oeuvre de prêts garantis par l'Etat...) et par l'injection de liquidités par la Banque Centrale Européenne à des taux très attractifs pour les banques européennes.
Si la crise n'entraînera probablement pas une rupture brutale entre " le monde d'avant " et " le monde d'après ", elle devrait amplifier et accélérer les tendances à l'oeuvre ces dernières années permises par les nouvelles technologies. On peut citer, à ce titre, le développement du télétravail et la digitalisation des processus. Dans le secteur bancaire par exemple, les établissements devront encore faire évoluer leurs modèles opérationnels et l'attention portée à la digitalisation des parcours clients afin de répondre aux niveaux d'exigences, de rapidité et de flexibilité demandés par les clients (particuliers et entreprises) devrait devenir encore plus centrale.
Face à cette accélération, tous les acteurs économiques ne jouent pas à armes égales. Les écarts risquent d'augmenter entre les petits acteurs et les plus grands, entre ceux capables d'effectuer les investissements nécessaires à la digitalisation, ceux capables de répondre aux nouveaux modes de consommation hérités de la crise et ceux déjà fragilisés avant la crise. La crise sanitaire générant elle-même une crise économique, des adaptations et des corrections seront nécessaires au travers de revues stratégiques d'actifs, de programmes d'optimisation et de réduction de coûts.
En période de crise, proximité et visibilité auprès des collaborateurs
Si la crise a révélé l'importance et le caractère quasi indispensable des nouvelles technologies dans notre société et notre économie, elle a également montré le besoin de repenser la gestion des hommes et des femmes pour les entreprises.
Dans certaines organisations, la période de confinement a pu entrainer une perte de cohésion sociale et de sens pour les collaborateurs. Certains salariés ont perdu le lien et ont " décroché ". La période de crise a mis l'accent sur l'importance pour les directions générales de communiquer régulièrement auprès des équipes afin de donner visibilité et perspectives par rapport à une situation inédite. Elle a également souligné la nécessaire proximité des managers avec leurs équipes au travers de points réguliers.
Repenser le lien avec les collaborateurs
Les nouvelles formes de travail utilisées à grande échelle pendant la crise soulèvent plusieurs questions. Comment repenser la gestion des collaborateurs et comment les motiver ? Comment évaluer leurs performances et leur rémunération ?
Si le développement du télétravail paraît à présent inéluctable, celui-ci nécessite d'être bien encadré par certaines règles afin de maintenir la cohésion des équipes. Il est important de garder un contact physique régulier et de définir des objectifs clairs, même s'ils doivent être suffisamment souples et adaptables, tout en mesurant les performances des collaborateurs avec des indicateurs tangibles.
L'un des principaux enseignements de la crise porte sur le besoin d'améliorer la culture managériale, avec un esprit d'équipe encore plus développé, en adaptant la communication au contexte de l'éloignement physique des collaborateurs. Le rôle du manager devrait être ainsi encore plus central et le maintien d'une relative proximité avec les équipes est essentielle à la réussite du projet d'entreprise. La crise a démontré qu'on ne remplace jamais entièrement le contact humain physique.
N'oublions pas que ce sont les collaborateurs, leur engagement, leur créativité et leur efficacité qui font la valeur et l'unicité d'une entreprise. Comme l'a écrit l'humaniste Jean Bodin, il y a plus de 500 ans, il n'est de richesse que d'hommes.
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