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Assurer ses risques, un sacré casse-tête

Entre des risques de plus en plus compliqués à assurer et des assurances qui augmentent leurs tarifs et leurs franchises, difficile pour les entreprises de trouver une solution satisfaisante. Et si la solution passait par les captives ?

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Assurer ses risques, un sacré casse-tête

Entre inflation et crise de l'énergie, les entreprises se retrouvent fragilisées. Pour poursuivre leur croissance, elles se doivent de mettre l'accent sur la gestion de leurs risques. Une bonne gestion des risques qui implique nécessairement d'être assuré sur ces risques, ce qui est loin d'être une formalité pour les entreprises : « le risque de ne pas trouver d'assureur est important aujourd'hui, » décrit Grégory Allard, président de la société de courtage Filhet-Allard, à l'occasion de la table ronde « Gestion des risques dans les ETI-PME, pour une meilleure arme de résilience ? », qui s'est déroulée lors des 30èmes rencontres de l'AMRAE.

Des relations compliquées avec les assureurs

Un risque auquel a été confrontée Véronique Mauget, secrétaire générale de Chêne et Compagnie, spécialiste de la tonnellerie, qui s'est retrouvée lâchée par sa compagnie d'assurance, après près de 8 ans à travailler avec. « Il n'y avait pas de raison particulière, ils avaient juste décidé de ne plus assurer le bois. Par la suite, beaucoup de compagnies d'assurance n'ont même pas voulu regarder notre risque, simplement parce que nous étions dans le domaine du bois. Nous avons finalement réussi par trouver une solution d'assurance. Aujourd'hui, nous avons tout de même 4 co-assureurs, nos primes d'assurances ont explosé, à plus de 500.000 euros et chaque renouvellement est un challenge, » détaille-t-elle.

Les autres gestionnaires de risques présents à l'occasion de cette table ronde, ont connu les mêmes problématiques, avec des franchises de plus en plus importantes. « On est passé d'une franchise de 30.000 euros à 1 million ! », rapporte Alain Lemaire, secrétaire général du groupe Bioland, leader mondial des extraits végétaux pour la parfumerie, les cosmétiques et compléments alimentaires. « Nos franchises ont été multipliées par 15. C'est quelque chose qui est difficile à expliquer à la direction ou aux salariés. Malgré toute la prévention qui est faite, on se retrouve avec des franchises inacceptables, » complète Christophe Gelineau, Daf de Piveteau Bois.

La difficulté de s'assurer sur le cyber

L'un des principaux risques à assurer aujourd'hui est sans aucun doute le risque cyber, risque d'autant plus important que les cyberattaques ne cessent d'augmenter, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine. Pourtant, rien de moins simple pour les entreprises. La faute notamment à des questionnaires trop différents d'un assureur à l'autre. « Les questionnaires et les exigences sont de plus en plus lourds, » indique Véronique Mauget. Sur ce point, ses homologues tiennent le même discours : « j'ai une requête : que les assureurs uniformisent leurs questionnaires. Pourquoi existe-t-il un questionnaire spécifique sont différents d'une compagnie d'assurance à une autre ? Il serait alors possible de proposer le même questionnaire à diverses compagnies. Parce que, pour le moment, on consacre un temps infini à répondre à ces questionnaires, » poursuit Alain Lemaire. « Il faudrait normer non seulement ces questionnaires, mais aussi les exigences des assureurs afin d'avoir une nomenclature qui soit l'équivalent de ce qui existe aujourd'hui sur le risque incendie. L'idée serait de simplifier les choses car les risques cyber sont prégnants, avec la digitalisation qui s'est développé de manière significative avec notamment la période Covid, » complète de son côté Grégory Allard. Le courtier anticipe même que ce risque cyber sera « à terme, la plus grosse branche des risques divers ».

Un grand nombre d'entreprises renoncent même à être couvertes sur le cyber aujourd'hui. « Dans les ETI, très peu sont couvertes en cyber, affirme Alain Lemaire, qui est également vice-président du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. Elles subissent pourtant des attaques, cette assurance est vitale pour elles. Mais les questionnaires sont de plus en plus compliqués, donc c'est difficile. »

Cela peut pourtant être avantageux sur bien des aspects. « Nous sommes assurés cyber depuis 3 ans. Cela nous a beaucoup aidé, beaucoup structuré. On a mis en place un certain nombre d'outils depuis que l'on est assuré cyber. On a fait de la sensibilisation utilisateur, ce qui nous a permis de monter en compétence, » témoigne Véronique Mauget.

Les captives, la solution ?

Face à ces difficultés de s'assurer, les entreprises pourraient être amenées à se tourner vers les captives, surtout que la création de captives en France devrait être facilitée prochainement. « Il était inenvisageable pour nous d'avoir une captive en Suisse ou au Luxembourg. Maintenant, nous avons comme projet de créer une captive en France. C'est complexe, coûteux, mais c'est probablement l'avenir pour les ETI. A mon sens, il faut commencer petit, il faut faire une captive, la faire grandir et je pense que dans 10-15 ans, ça sera un outil important, » précise Christophe Gelineau.

Un outil qui permettrait d'équilibrer le rapport de force avec les assureurs traditionnels. « Si j'avais une captive aujourd'hui, je serais sans doute moins malmené par les assureurs. Ca permettrait de faire un contre-pouvoir aux assureurs. C'est aussi un outil qui va devenir fiscal et capitalistique, » poursuit Christophe Gelineau.

L'idée derrière cette captive n'est pas d'évincer totalement les assureurs traditionnels, comme l'explique Grégory Allard. « Les captives ne vont pas remplacer les assureurs, mais elles feront partie du dispositif de gestion de risques. L'idée est de structurer la captive et d'y intégrer, petit à petit, un certain nombre de risques, notamment les risques difficilement adressables ou extrêmement franchisés compte tenues des conditions du marché. Les réactions des compagnies d'assurance sont plutôt bonnes, car il y a une part de risque qui est porté par la captive, c'est de l'auto-assurance. Quelque part c'est un moyen de matérialiser l'engagement qu'a une entreprise en matière de gestion de risque. Il y a des effets de levier qui permettent de mieux accéder au marché de l'assurance grâce à la captive, » explique ainsi le président de la société Filhet-Allard.

De quoi donner, forcément, des idées à Véronique Mauget. « C'est tentant, oui. Les niveaux de franchise, le stress du renouvellement, les enjeux, sont tellement importants que c'est des questions qu'on va être amené à se poser, » conclut-elle.

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