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Covid-19 : quelle communication de crise pour les sociétés cotées ?

Dans le contexte actuel d'épidémie du Covid-19, il est essentiel d'informer les actionnaires et le marché. Quelles sont les règles? Et quelle stratégie de communication de crise les sociétés cotées ont-elle développée? Décryptage avec KPMG.

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
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Covid-19 : quelle communication de crise pour les sociétés cotées ?
© studiostoks - Fotolia

Danone, Arkema, Air-France-KLM Group, JC Decaux, Pernod Ricard, ArcelorMittal, ... comment les entreprises cotées communiquent-elles sur leurs informations sensibles et les impacts de la crise du coronavirus sur leurs prévisions d'activité et leur chiffre d'affaires ? C'est ce que décrypte une récente étude du cabinet KPMG intitulée "Communication dans le contexte d'épidémie de coronavirus" parue le 12 mars 2020.

"Rendre public dès que possible toute information privilégiée"

"Les marchés financiers apportent une attention toute particulières à la transparence des sociétés cotées, surtout dans un tel contexte", explique Sarah Bagnon-Szkoda, associée KPMG, auteure de l'étude. Ainsi, l'autorité des marchés financiers (AMF) dans un communiqué publié le 28 février dernier, rappelle le règlement abus de marché qui exige que "les émetteurs rendent public, dès que possible, toute information privilégiée qui les concerne directement ou indirectement, c'est-à-dire toute information non publique, à caractère précis, et susceptible d'influencer de façon sensible le cours".

De son côté, l'Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) dès le 11 mars a émis une série de recommandations qui couvrent au-delà de la communication administrative et financière, la mise en place des plan de continuité d'activité (PCA).

Réévaluer périodiquement les impacts

Si les autorités compétentes semblent claires sur le sujet, à quel moment les entreprises cotées doivent-elles communiquer? "Concrètement l'ESMA s'attend à ce que les sociétés communiquent dès qu'elles ont connaissance d'un impact de l'épidémie sur leur activité, leur performance ou leurs perspectives. Ainsi, le groupe de prêt-à-porter SMCP a déjà souligné les effets potentiels du Covid-19 sur ses activités en Chine notamment le 25 février 2020 dans un communiqué de presse, avant la publication de ses résultats annuels du 25 mars", illustre Sarah Bagnon-Szkoda, associée chez KPMG.

Compte tenu des incertitudes qui pèsent sur les sociétés cotées, l'AMF recommande de réévaluer périodiquement les impacts connus ou susceptibles d'influer sur l'activité ou les perspectives afin de "pouvoir apprécier au fil de l'eau si celles-ci sont significatives, et ce dans le but d'en évaluer le montant".

D'une façon générale, les premières informations sont diffusées par communiqués de presse (CP) afin de garantir "une égalité d'accès à l'information pour les investisseurs". "L'objectif est la diffusion effective et intégrale des informations privilégiées. Car cela doit toucher un large public sur un laps de temps très court. Il faut que les moyens de diffusion garantissent l'intégrité de cette communication. Quand les sociétés ont les moyens, elles peuvent le faire par elles-mêmes, sinon elles peuvent le faire faire par un diffuseur professionnel. C'est une fois que cette diffusion effective et intégrale est réalisée que les sociétés cotées vont alimenter les CP en ligne sur leurs sites internet", détaille l'auteur de l'étude.

Du fait de la sensibilité nouvelle de certaines informations, l'AMF recommande aux émetteurs de préciser dans leurs communiqués de presse les zones géographiques d'activité, de sous-traitance, de production d'approvisionnement, ou les salariés concernés par l'épidémie.

Lire la suite en page 2 : des agendas financiers bouleversés












La crise bouleverse les agendas financiers des sociétés cotées (Arrêté des comptes, la publication des résultats annuels, ...) . "Cette épidémie du Covid-19 peut impacter 4 temps forts des calendriers", estime l'associée de KPMG.

4 temps forts des agendas financiers

- L'Arrêté des comptes au 31 décembre 2019

"Cette crise sera perçue comme un évènement postérieur et ne nécessitera pas un réajustement des comptes. Les effets financiers estimés pourront être éventuellement mentionnées en annexe", souligne l'auteur de l'étude. Si les comptes ne sont pas encore arrêtés, les émetteurs peuvent faire une mention en annexe aux comptes. Mais d'une façon générale, les sociétés intégreront les éléments liés aux effets du Covid-19 dans le rapport de gestion qui mentionne tous les évènements importants survenus depuis la clôture de l'exercice.

- La publication des résultats annuels

L'étude porte sur des émetteurs qui ont arrêté leurs comptes à date et publié leurs résultats en février. "On voit bien que la plupart d'entre eux ont communiqué à ce moment-là sur les incidences de cette épidémie. Ils ont notamment communiqué sur les perspectives d'activité de l'année en cours", souligne l'associée de KPMG. Certaines grandes sociétés cotées ont communiqué dès le mois de février sur une évaluation chiffrée de l'impact de l'épidémie sur leur chiffre d'affaires. Citons par exemple le groupe Arkéma qui estime fin février "à 20 millions d'euros l'impact du Covid-19 sur son EBITDA" ou encore Air France - KLM Group qui jauge l'impact du Covid-19 à "-150 à -200 millions d'euros entre février et avril 2020 sur son résultat d'exploitation". "Certains émetteurs comme Pernod Ricard ou Danone vont encore plus loin en révisant leurs objectifs et en communiquant sur un nouvel objectif pour l'année en cours", souligne l'associée KPMG. D'autres comme JC Decaux publient même leur PCA dès le 8 mars.

"Si les entreprises ne communiquent que sur des perspectives, l'AMF recommande de communiquer sur les hypothèses qui sous-tendent ces prévisions", insiste Sarah Bagnon-Szkoda de KPMG.

- Le document d'enregistrement universel (ou URD)

D'ici le 30 avril 2020, les sociétés cotées devront publier leur rapport financier annuel ou bien leur document d'enregistrement universel (URD). L'un comme l'autre contiennent notamment le rapport de gestion qui commente les risques et les incertitudes depuis l'Arrêté de la clôture des comptes du 31 décembre 2019. A ce jour, peu d'URD ont encore été publiés. "Avec le renforcement des mesures sanitaires et la montée en puissance de l'épidémie, on peut s'attendre à ce que les émetteurs fassent encore évoluer leurs publications (URD, rapports financiers, ...) en détaillant les plans de gestion de crise mis en place, les PCA ou encore des risques indirects liés à la fraude ou à la cybercriminalité", précise l'auteur de l'étude.

- La publication des informations intermédiaires (trimestriel) et le rapport financier semestriel

D'après l'AMF, les émetteurs devront s'interroger avec les commissaires aux comptes sur les incidences de l'épidémie sur leurs futurs Arrêtés de clôture de compte mais aussi sur les tests de valeur, les analyses de sensibilité, les risques de liquidités, de contrepartie, de couverture, sur l'évaluation des stocks et de certains actifs qui sont à suivre avec attention dans les mois à venir.

Enfin, "au-delà des impacts financiers de l'épidémie, il est aussi important d'évaluer les risques sur les procédures internes, les contrôles de gestion, mais aussi sur les capacités des sociétés cotées à répondre aux obligations d'informations périodiques", conclut l'associée de KPMG.


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