ESG : quelle gouvernance ?
L'ESG touche toutes les composantes des entreprises. Qu'en est-il du côté de la gouvernance ? La société de gestion d'actifs Ossiam a organisé une conférence à ce sujet afin d'en débattre dans le cadre du changement climatique.
Le changement climatique est en train de bouleverser profondément le monde dans lequel nous vivons. Les entreprises n'échappent pas à cette évolution, et ce à tous les niveaux. A l'occasion d'une conférence, la société de gestion d'actifs Ossiam a décidé de se pencher sur le sujet de la gouvernance dans le cadre d'une démarche ESG.
Horizon court vs horizon long
"La gouvernance, la façon dont sont dirigées les entreprises, n'est pas sur les mêmes horizons que l'urgence climatique. L'horizon des entreprises est plus court que celui du climat", souligne Étienne Vincent, responsable de la stratégie quantitative et du marketing chez Ossiam. Il peut donc être tentant de repousser sans cesse l'urgence climatique pour gérer en priorité les sujets à court terme.
Étienne Vincent conseille donc de sensibiliser le top management des entreprises afin que l'ESG ne soit pas juste considéré comme une nouvelle réglementation à laquelle se conformer mais bien comme un élément essentiel à la survie de l'entreprise. "Il ne faut pas se limiter à la sensibilisation mais passer à l'action pour éviter de tomber dans le greenwashing", ajoute-t-il. Lors de la conférence, Claire Waysand, directrice générale adjointe et secrétaire générale du groupe Engie, a rapporté que l'énergéticien a instauré des incitations alignées avec certains des objectifs environnementaux et sociaux. "La rémunération des dirigeants est soumise à trois critères RSE : les émissions de carbone du groupe, la part du renouvelable parmi ses sources de production d'électricité et un objectif de parité", a-t-elle précisé.
Côté actionnaires, le garde-fou est de miser sur la diversité. "Pas uniquement la parité mais la diversité d'origines et de points de vue", prévient-il, expliquant que ne pas venir du même monde permet davantage de débats. Alain Demarolle, président de Proxinvest, a salué, lors de la conférence, l'irruption des résolutions " say on climate " dans les assemblées générales, qui consiste à faire voter les actionnaires chaque année sur la politique climat des entreprises.
Stopper des activités polluantes
Cette question de la bonne compréhension des enjeux ESG est d'autant plus problématique que la gouvernance des entreprises doit être volontaire et courageuse face aux défis climatiques. Étienne Vincent parle des émissions carbones qui continuent à augmenter malgré le fait que de nombreux fonds ont décarbonné leur portefeuille. "Cela est surtout dû au fait que les activités sales sont invisibles. Par exemple, au lieu de stopper leurs activités fortement émettrices de gaz à effet de serre, les entreprises les revendent", se soucie-t-il.
La gouvernance doit permettre de transformer ou stopper les activités polluantes. Mais aussi d'aller plus loin que la seule empreinte carbone et de s'intéresser à des sujets moins mis en avant comme la biodiversité.
La place des autres stakeholders
La conférence a également été l'occasion de parler non pas uniquement des "shareholders" mais des "stakeholders", c'est-à-dire les parties prenantes des entreprises comme les salariés et même le reste de la société. "En France, on intègre relativement bien les salariés dans la gouvernance. Mais cela est plus difficile pour les autres stakeholders car le reste de la société n'est pas naturellement représenté au board de l'entreprise", indique Étienne Vincent.
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Lors de la conférence, Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis, a invité à poursuivre les recherches autour de l'idée du bicamérisme, avec une instance qui représente les actionnaires et une autre, les autres parties prenantes. "Il faut creuser à des niveaux très fins grâce aux données extra-financières pour, in fine, formuler les solutions les plus satisfaisantes pour les entreprises et pour leurs actionnaires", a-t-il conclu.
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