Recherche

Clecim : un plan de redressement en 100 jours supporté par la fonction finance

Spécialiste de la fabrication de lignes de production pour l'industrie sidérurgique, Clecim est passé en moins d'un an d'un EBITDA négatif depuis plus de dix ans, à l'équilibre financier et à un chiffre d'affaires mutilplié par deux. Un retournement téléguidé par le fonds de retournement allemand Mutares, nouvel actionnaire majoritaire, et opéré en interne par les équipes finance. Avec à leur tête Luc Vidcoq passé du rôle d'Head of finance à celui de CFO.

Publié par le | Mis à jour le
Lecture
5 min
  • Imprimer
Clecim : un plan de redressement en 100 jours supporté par la fonction finance

Plus d'un an après sa nomination au poste de CFO de l'entreprise Clecim, Luc Vidcoq en est encore presque étonné. « J'ai postulé parce que le poste me plaisait et était dans la logique de ma progression de carrière. J'étais convaincu que j'avais la possibilité de remplir parfaitement la mission mais il est vrai que j'ai finalement été agréablement surpris d'être retenu, au terme d'un parcours de recrutement rigoureux en plusieurs étapes. Habituellement, lorsqu'un fonds/groupe reprend une entreprise, il place plutôt un membre du groupe à ce poste clé de CFO ou embauche une nouvelle recrue ».

Cela n'a pourtant pas été l'option retenue par le fonds de retournement allemand Mutares, à l'occasion du rachat, courant 2021, de l'entreprise ligérienne Clecim (CA 2021 : 32 millions d'euros), spécialisée dans la fabrication de lignes de production pour l'industrie sidérurgique. A l'aube de ses 60 ans, Luc Vidcoq a pu faire valoir non seulement sa connaissance profonde d'une entreprise qu'il accompagnait dans ses nombreuses mutations depuis plus de 20 ans (comme head of finance jusqu'ici) mais aussi son implication dans le projet porté par Mutares. « Pendant le processus de vente, nous avons établi un lien de confiance solide avec des échanges très réguliers de documents, d'informations etc ».

Un redressement en 100 jours

Dans ses nouvelles missions de CFO, à la tête d'une équipe de 15 personnes (finance, reporting, compliance, informatique), Luc Vidcoq a ainsi pu être aux premières loges pour prendre toute sa part dans le spectaculaire redressement de Clecim en quelques mois, une entreprise qui perdait pourtant plus de 10 millions d'euros par an depuis une bonne décennie. Depuis dix mois déjà, elle a retrouvé l'équilibre financier. Et son chiffre d'affaires 2022 devrait être multiplié par deux par rapport à celui de l'année dernière en dépassant les 60 millions d'euros. L'ambition : atteindre le cap des 100 millions sous trois à cinq ans.

Créé en 1917, Clecim est un des acteurs qui comptent sur le marché mondial de la fabrication de lignes de production pour la sidérurgie (laminoirs et parachèvement de tôles). Fruit du conglomérat Creusot Loire, l'industriel avait été la propriété successive de Vai, puis de Siemens et dernièrement de Primetals France (filiale de Mitsubishi). Depuis de nombreuses années, l'entreprise était en difficulté, avec des comptes remis à flot année après année par ses actionnaires successifs. Avec le recentrage de Mitsubishi et la cession à Mutares, l'entreprise n'avait d'autre planche de salut que celle du retour à la rentabilité.

Avec l'aide des experts de Mutares, Thomas Comte (CEO nommé par le fonds de retournement) et son équipe de direction (au premier rang desquels son CFO Luc Vidcoq), ont établi en 100 jours un nouveau business model. Celui-ci était jusqu'ici appuyé largement sur la construction de lignes complètes de production. Désormais, d'autres sources de revenus ont été priorisés : les machines spéciales (par exemple des soudeuses laser), les services/maintenance, la modernisation des lignes, le consulting, etc. « Nous avons inversé notre pyramide de revenus, les lignes de production complètes génèrent en effet une marge beaucoup plus faible, - avec une concurrence féroce- , que les services ou produits spéciaux et le consulting », analyse Luc Vidcoq. La R&D a été accélérée (elle dispose déjà de plusieurs dizaines de brevets), avec la présentation récente d'une innovation que l'entreprise décrit comme « mondiale » : un système innovant d'inspection de surface basé sur l'IA et permettant de détecter les défauts critiques sur les feuilles d'acier (jusqu'à 100km/h).

En parallèle, les coûts ont été réduits avec le départ d'une cinquantaine de salariés (sur les 256 que comptait l'entreprise), mais sans PSE. Depuis, de nouveaux recrutements ont été engagés, avec des compétences plus en adéquation avec le nouveau chemin de l'entreprise. Des investissements de productivité ont été réalisés et certains avantages salariés ont dû être réajustés.

Renforcement des indicateurs financiers

La fonction finance a, elle aussi, fait sa révolution pour entrainer l'entreprise sur la voie de la réussite. « Nous avons par exemple développé des KPI mensuels sur les commandes, les prévisions de CA et marges attendues etc. Lorsque des écarts sont constatés entre les prévisions et les réalisations, nous cherchons les explications et nous réagissons en conséquence », détaille le CFO de Clecim. « Nous avons également un plan de charge strict, et un suivi du cash à horizon trois mois très précis. Concernant les impayés, nous menons des réunions tous les quinze jours avec l'équipe commerciale et projets pour identifier et régler les problèmes de la manière la plus efficiente possible».

Le CFO raconte aussi comment les reportings mensuels auprès de Mutares ont été installés : « Nous avons monté les KPI et les process avec les consultants de Mutares et nous avons formé une personne de mon équipe. Tous les mois, elle entre les données à consolider sur l'outil de reporting de Mutares puis nous avons une réunion de synthèse avec un contrôleur de gestion du fonds afin d'identifier les points positifs et négatifs du mois écoulé ». Un tableau de bord a été développé par l'équipe finance, utilisé par les banques, le Codir et les différents partenaires de l'entreprise.

Si Luc Vidcoq se dit fier de ces avancées, il insiste sur l'importance de son équipe, d'une moyenne d'âge de 40 ans environ, qu'il a constituée au fil des années. « Un manager n'est évidemment rien sans son équipe. C'est une véritable fierté pour nous tous de retrouver un EBITDA positif ».

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs
S'abonner
au magazine
Retour haut de page