BNP Paribas : Jean-Laurent Bonnafé trace la voie entre innovation et prudence
En ouverture des Journées de l'AFTE, Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, a livré, lundi 25 novembre, sa vision des enjeux financiers et technologiques. Entre innovation, cybersécurité et transition énergétique, il a détaillé les stratégies du groupe pour conjuguer performance, durabilité et résilience face à un contexte économique complexe.
Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas depuis 2011, incarne une vision du leadership bancaire tournée vers l'efficacité et les convictions. Des principes qui ont jalonné un parcours exemplaire, marqué par des acquisitions stratégiques (Paribas, BNL ou Fortis), qui ont contribué à faire de BNP Paribas une banque d'envergure mondiale. Logique donc qu'il ouvre, par une keynote, les deux Journées de l'AFTE (Association française des trésoriers d'entreprises) qui se tiennent les 25 et 26 novembre à Paris.
« Dans un contexte de mutations rapides, nous devons avancer avec prudence mais détermination pour conjuguer performance et sécurité », a démarré le dirigeant qui n'a cessé d'insister sur la nécessité, pour une banque, d'être à la fois un moteur d'innovation et un garant de stabilité.
Innovation technologique et transformation digitale
L'un des thèmes centraux de l'intervention a été l'importance des technologies dans la transformation de BNP Paribas. L'ancien ingénieur a, en effet, expliqué comment l'accélération des flux de données et la digitalisation ont changé la nature des activités bancaires : « Nous sommes passés d'un fonctionnement terrestre à un système aérien, où tout va plus vite et où la navigation est plus complexe. » Cette métaphore illustre la transition vers une banque plus agile, mais également confrontée à de nouveaux risques, notamment en matière de cybersécurité.
Avec un budget annuel de 700 millions d'euros consacré aux technologies numériques, BNP Paribas investit dans l'intelligence artificielle pour optimiser ses services. « Nous travaillons à 1 000 cas d'usage d'ici 2025, avec pour objectif 500 millions d'euros de création de valeur par an », a-t-il précisé. Cette transformation ne concerne pas uniquement l'efficacité opérationnelle, mais aussi l'amélioration de l'expérience client et la lutte contre les fraudes.
Cependant, le directeur général a insisté sur l'importance de la prudence face aux innovations technologiques. Il a mis en garde contre les dangers de l'adoption rapide de solutions non encadrées, qui pourraient entraîner des risques juridiques ou opérationnels majeurs : « L'innovation est essentielle, mais elle doit être maîtrisée. Aller trop vite, c'est prendre le risque de créer des problèmes à long terme. »
Cybersécurité : un enjeu central
La cybersécurité, enjeu prioritaire pour BNP Paribas, représente 500 millions d'euros d'investissements annuels. Face à l'explosion des menaces numériques, Jean-Laurent Bonnafé a détaillé les efforts du groupe pour sécuriser ses systèmes, protéger les données de ses clients et anticiper les nouvelles formes de cybercriminalité.
« La cybersécurité n'est plus un enjeu technique, mais stratégique », a-t-il affirmé. Il a également souligné l'importance de développer des outils capables de répondre aux défis actuels, notamment la gestion des volumes massifs de données générés par les activités bancaires. Cette approche proactive vise à garantir la résilience du système financier face à des menaces toujours plus sophistiquées.
Transition énergétique
En matière de finance durable, BNP Paribas s'est imposée comme un acteur clé de la transition énergétique. Le dirigeant a rappelé les objectifs ambitieux du groupe, notamment l'engagement de réduire les financements liés aux énergies fossiles à moins de 10 % d'ici 2030, tout en augmentant les investissements dans les énergies renouvelables à plus de 90 %.
« Nous ne faisons pas le travail, mais nous accompagnons ceux qui le font », a-t-il précisé, mettant en lumière le rôle de la banque comme intermédiaire financier pour accélérer la transition. Il a également souligné les défis liés à ce processus, notamment les réglementations européennes parfois trop complexes, qui risquent de freiner les entreprises.
« Il est impératif de simplifier les démarches pour encourager l'innovation et éviter des sanctions disproportionnées », a-t-il plaidé. Cette position reflète une volonté de trouver un équilibre entre les exigences réglementaires et la nécessité de soutenir les entreprises dans leurs efforts de transformation.
Résilience et la durabilité
L'intervention de Jean-Laurent Bonnafé a également mis en lumière les efforts du groupe pour rester un acteur résilient face aux incertitudes économiques et aux défis géopolitiques. Le directeur général a insisté sur la capacité de BNP Paribas à investir massivement dans l'innovation tout en maintenant une gestion prudente des risques.
Il a conclu sur une note optimiste, tout en rappelant que la transition énergétique et numérique nécessitera encore de nombreux efforts. Selon lui, la clé réside dans une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés : « Lorsque nous avançons dans la même direction avec des moyens communs, les résultats sont au rendez-vous. »
Pour le dirgeant, la banque reste avant tout une entreprise de service. « Nous vivons de nos clients, en leur rendant service », a-t-il déclaré. Cette phrase, à la fois simple et ambitieuse, résume l'ADN de BNP Paribas : être un partenaire stratégique pour ses clients, qu'ils soient particuliers ou entreprises, et les accompagner dans un monde en constante mutation.
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