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Après une année 2021 record, quid du marché des M&A pour 2022 ?

L'année 2021 a été une année record concernant les opérations de fusion-acquisition, avec 5.1 milliards de dollars investis partout dans le monde. Quel sera l'avenir de ce marché en 2022, avec la probable hausse des taux d'intérêts ?

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Après une année 2021 record, quid du marché des M&A pour 2022 ?

5.1 milliards de dollars. C'est la somme colossale investi dans le marché des M&A en 2021. Une année exceptionnelle, qui se traduit par une hausse de 24% du nombre de transactions par rapport à 2020 et une hausse de 57% dans la valeur de ces transactions selon une étude publiée par le cabinet PwC. Une accélération qui s'explique en trois points majeurs selon Grine Lahreche, avocat associé au sein du département fusions-acquisitions chez Hoche avocats. "Il y a tout d'abord eu des secteurs qui ont été en pointe, comme les secteurs liés aux NTIC. Au niveau mondial, au 30 septembre 2021, 23,9% des opérations touchaient directement ou indirectement le secteur des nouvelles technologies. Ce rythme s'explique ensuite par l'appétit des grands Corporate pour des opérations de croissance externe (la pandémie ayant par ailleurs accéléré la digitalisation des opérations de fusions-acquisitions). En outre, plusieurs tendances ont également marqué un marché déjà très dynamique comme le recours au SPAC, la prise en compte de critères ESG dans la détermination de la qualité d'un actif ou encore la démocratisation des mécanismes de schéma de co-investissement incitatif à destination des équipes dirigeantes des cibles" complète-t-il.

Le capital investissement a aussi poursuivi son développement l'année dernière et s'est démarqué par un plus grand nombre de transactions de plus grande envergure. Ainsi, près de 40 % des transactions réalisées en 2021 impliquent un fonds de capital-investissement, contre seulement un quart au cours des cinq dernières années, toujours selon PwC.

Même dynamique en 2022 ?

Le marché des fusions-acquisitions va-t-il continuer sur son élan de 2021 ou un ralentissement est-il à prévoir cette année ? Nicolas Depardieu, managing director chez Kroll, se veut assez confiant. "A l'international, le sujet est de savoir comment vont évoluer les marchés. On est toujours dans le rouge concernant un certain nombre de secteurs, ce qui contribue à un peu d'attentisme de la part d'une partie des acteurs cotés. Les opérations mid-cap devraient tout de même être moins impactées car les sociétés cotées continuent à être actives sur des deals allant de 30 à 100 millions. Ce genre de deals reste opérable dans les conditions actuelles du marché."

Pour ce qui est de la question du marché en France, Nicolas Depardieu reste plus prudent. "L'avenir du marché en France va dépendre de plusieurs facteurs. Tout d'abord de l'élection présidentielle, en fonction du candidat qui sera élu, des mesures différentes seront instaurées en termes de soutien à l'économie. L'autre sujet important est la façon dont les PGE vont être remboursés et s'ils seront transformés ou pas en capital pour les entreprises qui ne sont pas en mesure de les rembourser."

Même son de cloche du côté de Grine Lahreche encore plus optimiste. "Au niveau français je trouve que la vague d'épidémie a un peu retardé la mise sur le marché d'actifs. Je m'attends tout de même à une année plutôt bonne, mais avec des phénomènes d'à-coups, qui seront matérialisés par les pics de l'épidémie et par le fait que cette année 2022 est une année d'élection qui souvent, provoque un léger ralentissement. En ce qui concerne le marché mondial et européen, je m'attends à une évolution plutôt bonne."

Gaspare Dori, avocat franco-italien, associé au sein de CastaldiPartners, spécialisé en corporate M&A, pense de son côté que les IPO réalisées l'année dernière auront un impact sur le marché du M&A français. "Les secteurs dans lesquels il y a eu ce grand nombre d'IPO vont probablement connaitre un regain en termes de fusion-acquisition," avance-t-il.

La tech toujours au top

Pas de grands changements concernant les secteurs qui devraient se retrouver en haut de l'affiche cette année. La santé et la tech seront vraisemblablement toujours au centre des transactions, avec une attention particulière portée sur cette dernière, pour répondre aux besoins de numérisation et de digitalisation croissants des entreprises. "La tech est un terme assez généraliste. Ce n'est pas la même chose de réaliser une opération dans le domaine de la cybersécurité ou dans le cadre d'une ESN (Entreprise de Services Numériques) dédiée uniquement à du conseil à la digitalisation des entreprises. On peut toutefois constater pour ce secteur, des valorisations qui restent à des niveaux extrêmement importants, y compris sur ce début d'année" rapporte Grine Lahreche.

Une idée corroborée par Gaspare Dori. "Concernant la numérisation et l'utilisation des nouvelles technologies dans l'industrie, on surfe sur les mêmes tendances que l'année dernière. La tech continue d'être très forte. On se dirige toutefois vers une attention accrue sur la qualité et sur le potentiel de la cible, autrement dit on risque moins qu'avant."

Les taux d'intérêt, une vraie menace ?

Reste une question centrale, celle de la hausse des taux d'intérêt. La très probable remontée de ces taux ne risque-t-elle pas de mettre fin à cette embellie ? Pas pour Nicolas Depardieu. "On part de tellement bas que s'il y a une augmentation, elle sera mesurée et ne sera pas de nature à impacter le dynamisme du marché. Prenons l'exemple des opérations de private equity, il y a tellement d'argent dans cette classe d'actif que je vois mal comment cela peut s'arrêter. Que les taux soient négatifs, à 0 ou à 1.5, sur du long terme, ça n'aura que peu d'impact sur l'attitude des acteurs."

Grine Lahreche ne croit pas non plus à un réel impact sur le marché des M&A. "Je ne pense pas qu'il y ait un impact direct. Le coût de la dette sera peut-être un peu plus cher. Mais il existe un grand nombre de grandes sociétés qui ont un niveau de trésorerie important. Cette hausse des taux d'intérêt ne sera vraisemblablement pas de nature à freiner à court terme le dynamisme du marché M&A. Il devrait y avoir probablement un phénomène de correction de la part de la BCE, compte tenu de la nécessité de lutter contre l'inflation, les taux sont historiquement très bas."

Gaspare Dori reste quant à lui plus mesuré et estime qu'il peut y avoir des conséquences concernant les opérations de mid-cap. "Toutes les opérations de M&A qui vont se faire avec des financements risquent de coûter plus cher, ce qui ne se ressentira pas trop au niveau des petites opérations. Mais pour des opérations d'au moins 30 ou 40 millions d'euros qui nécessitent d'être financées, là il y aura probablement un impact."

L'Italie, terre d'opportunité pour les entreprises tricolores ?

Signé en novembre dernier, le Traité du Quirinal vise à offrir un cadre de coopération stable et formalisé dans les relations entre la France et l'Italie. "L'Italie et la France vont créer un nouvel écosystème, comme s'il y avait une sorte de fusion entre les deux pays" décrit Gaspare Dori. Avec cette signature, des opportunités pourraient se présenter pour les entreprises françaises, notamment sur le marché des M&A. "Pour nous c'est quelque chose d'acquis, c'est certain" poursuit-il.

De là à ce que les relations franco-italiennes deviennent aussi fructueuses que les relations franco-allemandes ? "Je pense que oui, l'Allemagne et l'Italie se ressemblent d'un point de vue industriel. Il y a une forte culture manufacturière en Italie, qui existe moins, pour l'instant, en France indique Gaspare Dori. L'Italie a un tissu de PME unique, avec des produits de très haute qualité, surtout dans certains secteurs comme le luxe et l'agro-alimentaire. La France a, de son côté, la capacité d'organiser, de structurer l'activité d'une entreprise et de la financiariser, ce qui correspond moins au modèle de la PME italienne, souvent gérée comme une entreprise familiale. La combinaison des deux, pour moi, est absolument gagnante. Ces synergies entre les pays européens sont un des moyens dont l'Europe dispose pour contrer la concurrence chinoise. Les deux pays se complètent, et ce Traité ne peut être que positif pour les entreprises européennes" conclut-il.

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