Genvia : un financement agile pour l'hydrogène décarboné

Pionnier de l'hydrogène décarboné, Genvia développe des technologies d'électrolyse de rupture pour accélérer la transition énergétique. Dans un secteur où l'innovation requiert des investissements massifs, l'entreprise adopte un modèle de financement agile et structuré. Lors du salon Tech&Fest, qui se tenait les 5 et 6 février à Grenoble, Florence Lambert, présidente de Genvia, a détaillé lors d'une table ronde animée par le journaliste Georges Bosi, les défis et stratégies financières qui soutiennent cette ambition industrielle.

Modèle de financement adapté

Les sociétés spécialisées dans l'hydrogène requièrent des investissements massifs en capital (CAPEX) et doivent développer des structures de financement particulières. Contrairement aux start-ups classiques du secteur logiciel, ces entreprises font face à un double risque : technologique et commercial. « On peut mourir deux fois : en ne développant pas la bonne technologie, ou en arrivant sur un marché qui n'existe pas encore », insiste Florence Lambert,

Pour atténuer ces risques, Genvia s'appuie sur un modèle de financement hybride. Dans une première phase, les fonds proviennent de financements publics et d'investisseurs en capital, qui prennent des parts dans la société en contrepartie du risque initial. Ensuite, une fois les premiers pilotes industriels en place, l'entreprise cherche à financer la construction de ses infrastructures. Cette stratégie permet d'équilibrer les besoins en capitaux tout en minimisant les risques financiers.

Soutien des investisseurs publics et privés

Genvia bénéficie du soutien de divers investisseurs, notamment des fonds européens et français. L'Union européenne joue un rôle essentiel dans le financement des entreprises de l'hydrogène, avec des subventions et des incitations pour stimuler l'innovation. Cependant, Florence Lambert met en garde contre la fragilité de ces aides : « Les financements publiques peuvent disparaître du jour au lendemain, il est donc crucial de diversifier nos sources de financement ».

La stratégie chinoise, qui repose sur des plans décennaux précis et un soutien massif de l'État, est citée comme un exemple structurant. En comparaison, l'Europe et la France doivent renforcer la stabilité de leurs engagements financiers pour assurer la pérennité des investissements dans l'hydrogène.

Vers une structuration industrielle

Genvia adopte une approche agile dans son déploiement, ajustant ses investissements en fonction des opportunités de marché. L'entreprise a signé un premier accord pour le développement d'un site de production de plus de 30 hectares, qui sera déployé par tranches de 100 MW, en fonction de l'évolution du marché.

Cette stratégie permet de réduire les risques financiers et d'assurer une montée en puissance progressive. Elle s'inscrit également dans une logique de partenariat avec des acteurs industriels comme ArcelorMittal, qui voient dans l'hydrogène une opportunité pour décarboner leurs activités.

Environnement réglementaire instable

Malgré un fort potentiel, le financement de l'hydrogène est freiné par une instabilité réglementaire et fiscale. « Une réglementation fluctuante refroidit les investisseurs », précise Florence Lambert. Il est essentiel que les pouvoirs publics adoptent une vision à long terme pour favoriser l'émergence d'une filière européenne compétitive.

Genvia mise ainsi sur une diversification de ses financements et une agilité dans son modèle d'expansion, afin de répondre aux défis d'un secteur en pleine mutation.