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Le fonds Entrepreneur Invest, véritable partenaire de création de valeur

[QueFontLesFonds] La rédaction a rencontré Bertrand Folliet, managing partner chez Entrepreneur Invest, une société de gestion, indépendante agréée AMF, spécialisée dans le non coté. Elle gère des fonds dans le domaine du financement des PME, de l'immobilier et des fonds de fonds dont elle assure la gestion, la structuration et la sélection rigoureuse des partenaire.

Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à
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Le fonds Entrepreneur Invest, véritable partenaire de création de valeur

Quelle est la philosophie d'Entrepreneur Invest ?

Bertrant Folliet : Entrepreneurs Invest existe depuis 25 ans. Nous sommes un acteur historique du financement des PME, avec un parcours évolutif qui reflète les mutations du marché. Positionnés sur le capital-risque et les activités de venture capital à nos débuts, depuis une dizaine d'années, le fonds a opéré un virage vers le capital-développement, en se concentrant sur les entreprises de taille intermédiaire, avec une forte appétence pour les PME. Notre coeur de cible regroupe des entreprises réalisant entre 5 et 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, sans spécialisation sectorielle stricte. Nous restons généralistes, bien que nous ayons développé une certaine sensibilité pour les projets liés au digital.

Comment se traduit-elle concrètement dans vos choix ?

B. F. : Nous avons accompagné entre 250 à 300 entreprises au fil des années. Pour donner un ordre d'idée, nous sommes, depuis longtemps, le deuxième investisseur small cap en France. Nous accompagnons des entreprises issues de secteurs variés comme le logiciel, les médias, l'éducation et la formation, le tourisme, les loisirs ou encore les services B2B.

Lorsque nous analysons une PME - notamment celles réalisant entre 20 et 30 millions d'euros - nous attachons beaucoup d'importance au collectif de « dirigeants », souvent constitué d'un binôme ou d'une équipe de direction structurée. Nous portons une attention particulière à la complémentarité des compétences : un profil à dominante commerciale, un autre axé sur les opérations ou la production (notamment dans les logiciels ou les activités industrielles), et enfin un profil assurant la maîtrise des enjeux financiers et de gestion. Sur ce dernier point, je tiens à souligner une conviction forte : dans une PME, je ne recherche pas nécessairement un expert en ingénierie financière.

Quels types d'entreprises (et de dirigeants) accompagnez-vous ?

B. F. : Nous accompagnons des dirigeants capables de comprendre la chaîne de valeur, de maîtriser les marges et d'en assurer le suivi analytique, avec un véritable souci d'amélioration continue. C'est cette capacité à piloter la performance qui fait toute la différence.

Nous intervenons toujours en tant qu'actionnaire minoritaire, ce qui est un point essentiel dans notre approche. Cela signifie une logique d'accompagnement, et non de prise de contrôle. Contrairement à une position majoritaire, où l'on pilote directement l'entreprise, mon rôle consiste à soutenir une équipe de direction dans la mise en oeuvre de son propre projet. Lorsque nous décidons d'investir, c'est parce que le projet présenté par l'équipe a été étudié, analysé et qu'il me paraît porteur. Mon objectif n'est pas d'imposer une vision extérieure, mais bien d'apporter les moyens nécessaires à la réalisation de leur ambition, et non de substituer la mienne. C'est cette posture de confiance et de partenariat qui nous guide.

Quels sont les critères principaux que vous regardez avant d'investir dans une PME ou une ETI en croissance ?

B. F. : Lorsque nous analysons une opportunité d'investissement, nous regardons toujours deux éléments essentiels. D'abord, l'adéquation entre l'équipe, le projet et le marché. C'est un point de départ incontournable : il ne s'agit pas seulement de juger la qualité d'un projet ou la compétence d'une équipe isolément, mais bien de vérifier leur cohérence dans un environnement de marché donné.

Ensuite, nous regardons les fondamentaux financiers, et en particulier à la rentabilité. Depuis la création d'Entrepreneurs Invest, j'ai toujours considéré qu'une entreprise ne peut survivre sans rentabilité. Cela peut paraître évident, mais cette notion a parfois été reléguée au second plan. La rentabilité, c'est la liberté du dirigeant : plus une entreprise est profitable, plus elle est autonome dans ses choix, sa stratégie, sa croissance. À l'inverse, dès qu'il y a des tensions de trésorerie, cette liberté s'effrite. Et la capacité d'action s'amenuise.

Quel rôle le DAF joue-t-il dans la réussite d'une opération de levée de fonds avec Entrepreneur Invest ?

B. F. : Le rôle du Daf ou du contrôleur financier est absolument central. Ces professionnels doivent bien sûr produire des chiffres fiables, mais surtout, des chiffres utiles - c'est-à-dire compréhensibles, lisibles et exploitables par les autres membres du comité de direction. Des chiffres qui éclairent, qui permettent de piloter, de décider, de se projeter. D'où l'importance d'avoir des profils capables non seulement de manier les outils, mais aussi de comprendre profondément le business.

Il me semble essentiel de distinguer deux niveaux dans le rôle du Daf au sein d'une entreprise, particulièrement lorsqu'il s'agit d'opérations stratégiques.

Le premier niveau, très opérationnel, est celui où le Daf devient véritablement la cheville ouvrière de l'opération. En fonction de son expérience, de sa maîtrise technique et de sa connaissance de l'entreprise, c'est lui qui occupe une position centrale. Il est le pivot de la coordination : depuis la préparation des documents financiers jusqu'à l'interaction avec les investisseurs, les auditeurs, en passant par la constitution et l'organisation de la data room. Ce rôle stratégique est trop souvent sous-estimé. C'est précisément pour cette raison que, en tant qu'investisseur, je suis très attentif à la composition et à la complémentarité des équipes dirigeantes, et notamment à la fonction financière.

Ensuite, dans une PME, le Daf n'est pas simplement un comptable ou un responsable du contrôle de gestion. Il est, ou doit devenir, un véritable business partner. Il doit être capable non seulement de produire des comptes fiables, mais aussi d'apporter une lecture analytique du modèle économique, et surtout, une capacité à se projeter, à anticiper, à piloter la trajectoire de l'entreprise.

Un bon Daf connaît son entreprise dans ses rouages, il comprend la chaîne de valeur, les enjeux opérationnels, et les dynamiques humaines qui y sont à l'oeuvre. C'est une fonction qui est devenue incontournable - a fortiori dans des PME en croissance ou engagées dans des opérations de croissance externe. C'est un véritable acteur stratégique du développement.

Quel rôle Entrepreneur Invest joue-t-il dans la structuration stratégique des entreprises, au-delà de l'apport de capital ?

B. F. : Bien que nous soyons investisseurs, nous sommes avant tout des entrepreneurs nous-mêmes, et cela façonne profondément notre manière d'intervenir. Naturellement, notre premier rôle consiste à apporter du capital, à structurer financièrement les projets que nous accompagnons. Toutefois, et c'est là un aspect essentiel de notre positionnement, nous considérons que notre valeur ajoutée ne se limite pas à la seule dimension financière. Ce que recherchent de nombreux entrepreneurs - et à juste titre -, c'est de comprendre dans quelle mesure un fonds peut véritablement contribuer à la création de valeur.

Nous disposons d'une expertise sectorielle solide, qui nous permet d'entrer immédiatement dans le concret, sans nécessiter de longues phases d'acculturation. Dans des domaines comme le logiciel B2B, l'entreprise SaaS ou les solutions pour PME, nous connaissons les KPI de référence, les modèles économiques, les dynamiques de marché. Cette connaissance nous permet d'être un véritable sparring partner pour les équipes dirigeantes, en leur apportant des échanges de haut niveau, à la fois stratégiques et opérationnels.

Nous possédons un large écosystème entrepreneurial. Ayant accompagné plus de 200 dirigeants, nous avons constitué un réseau solide, composé d'entrepreneurs aguerris que nous pouvons mobiliser pour favoriser les mises en relation, les partages d'expérience, et les échanges entre pairs. C'est un atout précieux pour les dirigeants, qui trouvent dans ce réseau des interlocuteurs ayant traversé les mêmes phases de croissance, ou affronté des problématiques comparables. Enfin, lorsqu'un sujet spécifique émerge, nous sommes en mesure de mobiliser un réseau de consultants spécialisés, soigneusement sélectionnés, capables d'apporter des réponses ciblées sur des problématiques techniques, stratégiques ou opérationnelles.

Ainsi, au-delà de l'investissement en capital, nous nous positionnons comme un partenaire actif et engagé, capable d'accompagner les dirigeants à chaque étape clé de leur développement.

Avec plus de 20 ans d'expérience, quel regard portez-vous sur l'évolution du financement de la croissance des PME/ETI en France ?

B. F. : Si je prends un peu de recul sur les trente dernières années - depuis la création de ma première entreprise - je peux affirmer sans hésitation que la situation a profondément évolué. Il est aujourd'hui beaucoup plus simple de créer ou de reprendre une société en France. Pourquoi cette évolution ? Les différents gouvernements ont oeuvré à simplifier les étapes administratives et juridiques liées à la création d'entreprise. Cela ne signifie pas pour autant que gérer une entreprise - et a fortiori sa croissance - soit devenu facile. Bien au contraire, les défis managériaux, opérationnels et humains restent intacts, voire plus complexes dans un environnement mondialisé.

Il y a 30 ans, l'univers du capital-investissement était quasiment inexistant en France. On ne parlait que très peu de fonds d'investissement, et l'idée même de structurer des solutions de financement autour des différentes étapes de développement d'une entreprise relevait de l'exception. Aujourd'hui, les choses ont radicalement changé : jamais il n'a existé autant d'acteurs, autant de capitaux disponibles pour accompagner les entrepreneurs. Cette transformation, amorcée il y a vingt-cinq ans, s'est accélérée de manière spectaculaire ces dix à quinze dernières années.

Toutefois, aucun outil, aucun accompagnement financier ne remplace l'absolue nécessité de la rentabilité. Je l'ai dit au début, je le redis : la capacité à générer du résultat et du cash reste la condition sine qua non pour mobiliser efficacement ces ressources. C'est la rentabilité qui assure l'autonomie, la liberté d'action et la pérennité de l'entreprise.

Quelles grandes tendances émergent aujourd'hui ?

B. F : Nous sommes clairement dans un contexte d'incertitude structurelle. Les investisseurs restent actifs, ils ont levé des fonds, ils souhaitent investir. Mais ils sont devenus plus sélectifs. Ils examinent avec encore plus d'attention la qualité du management, la solidité du marché adressé, et, là encore, la capacité de l'entreprise à être rentable, pour pouvoir résister à des chocs exogènes, comme ceux que nous avons connus ces deux ou trois dernières années.

Concernant l'impact de l'actualité, notamment les tensions géopolitiques ou les récentes décisions du président Trump, nous en percevons les effets, mais de manière indirecte. En réalité, l'incertitude politique intérieure a un effet bien plus immédiat et tangible sur notre marché.

Depuis plusieurs mois - je pense notamment à la période post-dissolution - nous ressentons un climat d'attentisme croissant. Cette prudence, cette hésitation à passer à l'action de la part de certains acteurs économiques pèsent lourdement sur la dynamique des PME françaises. Bien que beaucoup d'entre elles soient tournées vers l'international, le socle reste national, et ce climat politique instable freine les décisions stratégiques. C'est dans ce contexte qu'il faut, plus que jamais, continuer à soutenir les entreprises avec discernement, exigence, et un sens aigu de la réalité économique.

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