Innovation : l'indispensable collaboration DAF/DRD
Pour innover avec efficacité, le Daf doit collaborer avec le directeur Recherche et Développement. Une collaboration pas toujours simple qui était au coeur d'une conférence organisée par Ayming, la DFCG et l'Executive MBA Paris-Dauphine jeudi 22 mars 2018.
Pas toujours facile de faire collaborer Daf et directeur Recherche et Développement ! En effet, d'après l'Observatoire de la relation entre la finance et l'innovation d'Ayming (réalisé par BVA en juillet 2017 en partenariat avec Finance Innovation), si 2/3 des Daf et des DRD qualifient leur relation de "bonne", moins de 50% jugent leur collaboration efficace.
Présentés à l'occasion d'une conférence sur la coopération Daf/DRD organisée par Ayming, la DFCG et l'Executive MBA Paris-Dauphine jeudi 22 mars 2018, les résultats de cet Observatoire ont révélé qu'une incompréhension subsiste : 62% des Daf jugent que les objectifs de la R&D sont trop ambitieux et doivent être pondérés tandis que 52% des DRD pensent que les Daf ont une vision court terme (alors que les Daf sont 63% à déclarer avoir une vision long terme). Par ailleurs, 1 DRD sur 2 pense que les indicateurs des Daf ne sont pas identiques aux leurs et 1/4 pensent même que les indicateurs de la finance ne sont pas suffisants. Les Daf sont quant à eux 40% à estimer que les indicateurs de la R&D ne sont ni partagés ni identiques aux leurs.
Quels KPIs pour l'innovation ?
Au-delà de la présentation des résultats de cet Observatoire, la conférence fut l'occasion de donner la parole aux principaux intéressés : les Daf et DRD. D'une entreprise à l'autre, la collaboration ne s'organise pas de la même façon. Frédéric Puystienne, récent Daf de Labeyrie, rapporte que lorsqu'il était Daf d'Adisseo il avait mis au point un thermomètre basé sur le ROCE et l'EBITDA : "Sur les quatre premières années, l'EBITDA généré par l'innovation devait être 4 fois supérieur au coût direct, révèle-t-il. Une façon simple de savoir si le projet doit continuer, s'accélérer ou s'arrêter".
Une façon de gérer l'innovation que ne partage pas du tout Laurent Midrier, vice-président Stratégie & Innovation de Veritas : en prenant son poste, il a refusé une vision ROiste de l'innovation, un système CAPEX par ligne de projet. "Le lancement d'un nouveau produit est plein d'incertitude : on ne sait pas quand et comment les clients vont l'adopter. Il faut donc s'inscrire sur du long terme. J'ai exigé d'avoir la main sur l'ensemble du financement de l'innovation : le Daf détermine un niveau de financement dédié à l'innovation mais je gère ensuite l'intérieur de l'enveloppe", explique-t-il. La collaboration avec le Daf tient surtout selon lui au rôle de boussole qu'exerce le DRD : il guide le Daf sur les projets faisables ou non, les technologies sur lesquelles il faut miser et celles à laisser tomber, les partenaires à suivre, etc... "Le Daf est souvent démuni face à ces questions et a besoin de cette vision du DRD", analyse Laurent Midrier.
Le Daf apporte quant à lui une expertise financière, comptable et fiscale. "Pour nourrir nos ambitions en termes d'innovation, le Daf nous aide à mettre en place des stratégies pour que ce soit le plus profitable possible, pour que les investissements soient bien mobilisés", souligne François Lacroix, directeur scientifique et technique d'Ingerop. Chez Ingerop, Daf et DRD se sont mis d'accord pour utiliser le Crédit Impôt Recherche (CIR) non pas pour financer la R&D mais pour entretenir une dynamique autour de l'innovation. "Une partie du crédit d'impôt est redistribué aux opérationnels pour les sensibiliser et augmenter le nombre de projets possibles", raconte Marc De Maria-Martin, Daf d'Ingerop. Le CIR permet aussi à Ingerop de comparer son niveau de R&D à celui de ses concurrents et de l'ajuster.
En matière d'innovation, le pilotage est donc propre à chaque entreprise. Tout est possible à condition que Daf et DRD collaborent.
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