Transformation des entreprises : "Il faut s'y mettre sérieusement"
La fondatrice de l'agence Utopies Elisabeth Laville a publié en début d'été le livre "La Révolution B Corp, changer l'entreprise pour changer le monde", publié chez Pearson.
Elle l'affirme : une minorité d'entreprises peuvent changer le monde. Il suffirait que 10-15 % d'une population "bascule" pour que les autres suivent - la fameuse "majorité silencieuse". C'est en tout cas ce que pense Malcolm Gladwell, l'éditorialiste cité par Élisabeth Laville dans son livre La Révolution B Corp, changer l'entreprise pour changer le monde, publié cet été chez Pearson. Des entreprises actrices du changement, il en faut peu, écrit l'autrice, mais peu importe, elles influencent, « façonnent des imaginaires », redéfinissent « les normes sociales ».
Les choses évoluent, des sociétés s'engagent, prennent des initiatives dans le domaine social ou écologique, se cherchent pour trouver un sens à leur existence, autre que financier. Elles veulent définir (depuis la loi Pacte) une raison d'être, une mission afin de réduire leurs impacts sur la planète. Certains cherchent ensuite à obtenir le précieux label B Corp - elles sont un peu près 200 à l'avoir en France.
Il reste de très nombreux points de blocages, c'est évident, mais les alternatives se multiplient dans de nombreux domaines - pour le plaisir des citoyens, de plus en plus exigeants. Certains refusent l'obsolescence programmée, réparent ou achètent des produits reconditionnés, pointent du doigt le greenwashing. Tout ceci est tendance, mais « il faut s'y mettre sérieusement avec une vraie transformation de l'offre et du modèle économique », écrit Élisabeth Laville, dont la préface de l'ouvrage a été rédigée par l'ancien PDG de Danone Emmanuel Faber.
"Expliquer la démarche B Corp"
Trente ans après avoir lancé Utopies, un think-tank et cabinet français indépendant spécialisé dans le développement durable, les stratégies de marques engagées et les entreprises à impact positif, Elisabeth Laville, au conseil d'administration de B Lab France (l'ONG portant la voix de B Corp dans l'Hexagone), donne dans ce livre la parole à des entrepreneurs membres de la communauté B Corp. Notamment Matthias Navarro, cofondateur de Redman, le promoteur immobilier labellisé en 2020. Lui indique : « Nous avons reçu de très nombreuses sollicitations directes, individuelles ou groupées, d'entreprises de notre secteur pour venir expliquer notre démarche, pour établir le contact avec B Lab France ou aider à comprendre la démarche. Et nous le faisons volontiers, notre objectif étant d'aider le mouvement B Corp à grandir... »
Et donc à faire en sorte que d'autres compagnies rejoignent l'aventure... Les pionniers, en France, disent en quoi leur bifurcation a été une aubaine. Par exemple, Emery Jacquillat, président de la Camif (B Corp depuis 2015), dit que la transformation de l'entreprise lui a permis de « renouer avec le succès ». Et de préciser : « C'est aujourd'hui, sur son marché, la marque la plus reconnue par les consommateurs pour son engagement développement durable, avec une dynamique très forte. »
Sur le même thème
Voir tous les articles Finance durable