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Finance durable : les banques européennes délaissent les plans de transition des entreprises financées

L'Observatoire de la finance durable a publié sa dernière étude « Net-Zero Donut » menée cette fois-ci sur l'analyse des engagements de décarbonation de 19 grandes banques européennes. Etat des lieux.

Publié par Christina DIEGO le | Mis à jour le
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Finance durable : les banques européennes délaissent les plans de transition des entreprises financées

Parmi les 19 grandes banques européennes analysées cette année, huit sont françaises : BNP Paribas, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, Crédit Mutuel Arkea, Groupe BPCE, HSBC France, La Banque Postale, et Société Générale. Des banques signataires de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) engagées à atteindre la neutralité carbone en 2050. En effet, le secteur financier a un rôle majeur dans les objectifs de décarbonation de par le poids du soutien économique des entreprises qu'elles financent. Le « Net-Zéro Donut » est considéré comme une grille d'analyse fiable des plans de transition climat des institutions financières sur lequel s'appuie l'étude de l'Observatoire de la finance durable, organisation publique sous tutelle de Bercy. Détails.

Pas d'analyse des plans de transition

Premier constat, « Les banques ne priorisent pas l'analyse des plans de transition des entreprises qu'elles financent ». Or pour atteindre l'objectif de l'Accord de Paris de neutralité carbone en 2050 il faudrait que les institutions financières puissent allouer leurs flux financiers en priorité aux entreprises qui en ont besoin pour décarboner leurs processus et chaînes de valeurs. Pour ce faire, les banques devraient s'appuyer sur l'analyse des plans de transition des entreprises financées, ce qui n'est pas encore le cas.

L'étude ne note aucune différence majeure entre les objectifs définis par les banques françaises et européennes, et « aucune banque française n'a publié de plan de transition holistique ». Les huit banques françaises (42 % de l'échantillon) présentent peu de différences de pratiques avec leurs contreparties européennes notamment dans le contenu de leurs rapports extra-financiers et dans la quantité d'informations mises à disposition du public. Des manques qui devraient être comblés par l'application de la CSRD.

Une seule banque prévoit une sortie des énergies fossiles

Dans l'Accord de Paris, l'arrêt du financement des activités polluantes des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) était un des piliers prioritaires. L'enquête européenne pointe qu' « une seule banque prévoit une sortie anticipée des énergies fossiles type pétrole et gaz ». Une majorité d'entre elles s'engage partiellement « à une sortie complète du charbon dont 16 % avant 2030 ».

Autre résultat plus déroutant, près de 84 % des banques analysées ont continué à attribuer « de nouveaux financements aux entreprises liées au pétrole et au gaz en 2024 », a contrario des recommandations préconisées par le GIEC.

Des objectifs de réduction des GES très sectoriels

Toutes les banques analysées se fixent des objectifs sectoriels de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) notamment sur certains secteurs de l'économie reconnus comme les plus consommateurs en carbone (agriculture, aluminium, ciment, charbon, immobilier, acier et métaux, pétrole et gaz, génération d'électricité, et transport). Mais « 48 % des objectifs sectoriels n'ont pas progressé en 2023 » et 42 % ont suivi « une trajectoire linéaire sur l'exercice 2023 ». En 2024, « La totalité des banques a défini des objectifs intermédiaires sectoriels, mais seulement 14 banques (74 %) l'accompagnent d'un objectif de financement ». En revanche, « aucune banque n'a [...] défini d'objectif de décarbonation absolue pour son portefeuille d'actifs global ».

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