Trésorerie : quelles tendances émergent dans les entreprises en ce début d'année ?

L'enquête « Trésorerie Grandes Entreprises et ETI » publiée en janvier 2025 par Rexecode/AFTE France* met en lumière une détérioration notable de la situation de trésorerie d'exploitation des grandes entreprises et ETI françaises. Ce recul intervient après un pic inattendu en fin d'année 2024, révélant des défis persistants dans un contexte économique incertain.

Une trésorerie d'exploitation sous pression

Le solde d'opinion des trésoriers sur la situation de la trésorerie d'exploitation a chuté de 27 points, repassant sous la moyenne de long terme. Ce recul s'explique par :

- Une érosion tendancielle de la trésorerie en 2024, en cohérence avec le ralentissement économique.

- Une baisse des dépenses d'investissement et une prudence accrue en matière de recrutement, témoignant de l'incertitude qui pèse sur les entreprises.

La trésorerie globale reste résiliente

Malgré la détérioration de la trésorerie d'exploitation, le solde d'opinion sur la trésorerie globale reste au-dessus de sa moyenne historique, bien qu'il ait reculé de 23 points. Cela illustre la résilience des grandes entreprises et ETI face au contexte économique défavorable.

Surprises positives et gestion des flux

Les trésoriers continuent d'enregistrer des surprises positives dans l'évolution de la trésorerie globale, notamment grâce à des flux de financements stables et des flux d'investissements mieux maîtrisés.

Cependant, les délais de paiement des clients, jugés favorables en tendance, jouent un rôle clé dans cette résilience. Ces délais, bien en deçà de leur niveau pré-pandémie, contribuent à la stabilité de la trésorerie.

Recherche de financements : un point faible

L'opinion des trésoriers sur la recherche de financements s'est dégradée, avec une baisse de 11 points. Malgré l'assouplissement monétaire initié par la BCE, la transmission aux conditions de crédit reste imparfaite.

En effet, 25,7 % des trésoriers envisagent de mettre en place des lignes de crédit de précaution, un niveau conforme à la moyenne de long terme mais inférieur à l'étiage pré-Covid. Autre variable, les marges de crédit restent tendues, limitant l'accès au financement.

Regain d'intérêt pour les OPCVM

Le regain d'attractivité des OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) est notable, atteignant un plus haut depuis 2018. Cette préférence s'explique par :

- Le niveau élevé des taux incitant à privilégier des placements monétaires.

- Une baisse relative de l'utilisation du cash, qui reste toutefois le placement privilégié.

- Un intérêt croissant pour les produits financiers à risque, avec la normalisation progressive de la politique monétaire.

Défis liés aux matières premières et aux délais fournisseurs

Le prix des matières premières, influencé par la hausse récente du pétrole, exerce une pression supplémentaire sur les trésoreries.

Les délais de paiement fournisseurs, bien que relativement stables (-2 points), montrent une tendance baissière depuis la mi-2023, reflétant un ajustement des pratiques commerciales.

L'enquête souligne à date « une détérioration de la situation de trésorerie d'exploitation, mais met également en lumière la résilience globale des grandes entreprises et ETI ». Les flux financiers maîtrisés, les délais de paiement favorables, et l'ajustement stratégique des investissements témoignent d'une capacité d'adaptation face aux incertitudes économiques.

Cependant, les difficultés d'accès au financement, les pressions sur les marges de crédit, et l'impact des matières premières nécessitent une vigilance accrue. Les entreprises devront faire preuve d'agilité en optimisant leurs stratégies de trésorerie et en explorant des solutions innovantes pour maintenir leur compétitivité dans un environnement économique incertain.

*Méthologie : enquête menée entre le 8 et le 14 janvier 2025 auprès des grandes entreprises et des ETI. L'enquête portait sur l'appréciation des trésoreries à la fin du mois de décembre. Un peu plus de 510 trésoriers ont été interrogés, 105 d'entre eux nous ont transmis leurs réponses.