Hausse des rémunérations : comment absorber les coûts ?
Dans les mois à venir, les entreprises devront vraisemblablement revaloriser leurs salaires pour compenser la perte de pouvoir d'achat de leurs collaborateurs. Pour absorber ces coûts supplémentaires, les Daf disposent de plusieurs leviers.
Inflation oblige, l'augmentation des salaires est une réalité pour la majorité des entreprises. D'après l'observatoire annuel de la performance sociale et des rémunérations du cabinet LHH, publié le 31 août 2022, les entreprises ont prévu de revaloriser la rémunération de leurs salariés de 3 % en 2022. Et ce chiffre devrait grimper à 3,5 % en 2023. Soit un taux record depuis dix ans. "Cela reste toutefois en deçà de l'inflation, qui s'établie actuellement autour de 5 à 6 %", souligne Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès.
Dans ce contexte, l'augmentation des salaires semble inéluctable. "Les entreprises qui ne revaloriseront pas leurs salaires s'exposent à une difficulté de recrutement et une baisse de motivation des collaborateurs, qui perdront beaucoup de pouvoir d'achat", met en garde Sylvain Bersinger. D'autant que le marché de l'emploi est actuellement très favorable aux salariés et ce, en dépit du contexte économique incertain. "La concurrence est rude sur le marché de l'emploi et les candidats sont chassés par de nombreuses entreprises. Il est donc essentiel de s'adapter au niveau de rémunération du marché pour attirer et conserver les talents", constate Thierry Sar, directeur financier du groupe de conseil Finnegan et dirigeant de sa propre société de conseil. Dans les mois à venir, les Daf devraient donc intégrer dans leur budget des hausses salariales. Face à cette situation, Finnegan a, par exemple, augmenté ses grilles salariales de 3 à 5 % l'année dernière. "Nous prévoyons de revoir une nouvelle fois à la hausse le niveau de rémunération de nos collaborateurs cette année, à des taux similaires voire plus élevés que l'année précédente", confie Thierry Sar.
Une contraction des marges
Problème : de nombreuses entreprises sont actuellement très impactées par la situation inflationniste, marquée, notamment, par une explosion des coûts de l'énergie et des matières premières. Dès lors, sont-elles en mesure de faire face à des revalorisations salariales ? "Une augmentation massive des salaires entraîne une hausse des coûts pour l'entreprise, ce qui peut créer encore plus d'inflation à moyen terme", avertit Sylvain Bersinger. En effet, pour absorber ces coûts supplémentaires, une des solutions est de les répercuter, en partie, sur les prix finaux. Mais certaines sociétés n'ont pas cette marge de manoeuvre, à l'instar de Finnegan. "Nos clients finaux sont des grands comptes qui acceptent difficilement les augmentations de prix. Malgré cela, nous sommes dans l'obligation d'augmenter les salaires pour conserver nos talents ce qui contribue à contracter nos marges", relate le directeur financier. Avant d'ajouter : "Pour pouvoir compenser un tel effet ciseau et absorber ces coûts complémentaires, il faut chercher de la marge supplémentaire en faisant de la croissance".
Soigner la marque employeur
Au-delà du salaire, les entreprises disposent également d'autres leviers pour améliorer leur attractivité. "Il est important d'améliorer les conditions de travail des salariés, en proposant, par exemple, davantage de télétravail, des bureaux plus agréables. L'entreprise peut aussi mettre en place de l'épargne salariale. Donner de la visibilité au plan de carrière des collaborateurs et leur proposer des évolutions est également un vecteur important de fidélisation", relate Thierry Sar. Un avis partagé par Sylvain Bersinger : "Si une entreprise n'est pas en mesure de proposer une revalorisation salariale, ou si celle-ci est très faible, il est important de proposer d'autres compensations". Dans ce contexte, le Daf doit élargir son périmètre et se saisir de sujets relatifs aux ressources humaines et à l'environnement de travail.
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