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Avis de tempête pour les entreprises européennes

Brexit, montée des populismes, croissance ralentie... A 2 mois des élections européennes, l'horizon s'obscurcit. La BCE vient de repousser la hausse des taux d'intérêt pour contrer le ralentissement économique. Les entreprises ont donc intérêt à préparer leur plan de navigation avec minutie.

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Avis de tempête pour les entreprises européennes
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Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne est à l'image des prévisionnistes et économistes. Il a dû percevoir les faibles signaux annonciateurs d'une nouvelle crise économique. En effet, l'Allemagne vient d'échapper de justesse à la récession, le billet vert s'envole, et même les banquiers centraux, d'ordinaire si sereins, ont choisi de tirer la sonnette d'alarme en mettant un terme à leur remontée des taux. Pour les semaines à venir, le tableau n'est guère plus encourageant. Avec une date butoir fixée au 29 mars, le Brexit est encore dans l'impasse à l'heure actuelle. Quant aux élections législatives européennes organisées du 23 au 26 mai prochain, l'incertitude est totale, avec la menace d'une vague populiste anti-européenne susceptible de paralyser le parlement européen en le privant d'une majorité claire, voire de défaire le projet européen en cas de large victoire.

Contrer le ralentissement économique

Avec le recours croissant aux algorithmes, les crises financières se sont faites brusques et violentes. En l'espace de quelques instants, taux d'intérêt et taux de change peuvent désormais subir de très forts décalages. Même en l'absence de krach, de soudains pics de volatilité pourraient donc déjà causer bien du tort aux entreprises les plus exposées. Personne ne souhaite d'une nouvelle crise économique. À l'image de la Banque centrale européenne qui s'est réunie le 7 mars dernier et a pris une batterie de mesures. En effet, la BCE a carrément repoussé la remontée de ses taux d'intérêt jusqu'à la fin 2019. Une décision motivée en partie par les prévisions de croissance. La projection lui donne 1,1% pour 2019 et 1,6% pour 2020 là où l'institution bancaire européenne misait sur 1,7%.

De son côté, le TLTRO (targeted longer-term refinancing operations -NDLR) reprendra du service. Une nouvelle vague de prêts à des conditions optimales pour les banques des Etats-membres. La BCE joue la préservation des conditions d'accès aux crédits et leur redistribution en direction des entreprises et des ménages. De quoi rassurer l'Italie et l'Espagne dont les établissements financiers sont très dépendants de la politique impulsée par Bruxelles.

Anticiper les impacts commerciaux et financiers

Au nombre de 23 millions en Europe, les entreprises elles aussi, observent et affûtent leur stratégie. Environ un quart d'entre elles sont, ou ont été des entreprises exportatrices. Grands groupes agiles ou PME consciencieuses, seules les mieux préparées seront capables de tirer leur épingle du jeu lors de la prochaine crise. Bien évidemment, l'exercice semble plus facile pour les grands groupes capables de recruter de haut-profils aux fonctions clés que sont la direction financière et la direction des risques, mais il ne faut pas oublier les entreprises plus modestes qui bénéficient elles aussi de leurs propres atouts, et notamment de processus de décision allégés permettant une action plus rapide.

Développés à prix d'or par de grandes entreprises, la plupart des outils de pilotage des risques sont désormais accessibles à des prix défiant toute compétitivité grâce à l'arrivée de solutions digitales " as a service ". Si le recrutement de personnes clés peut s'envisager comme une stratégie de long terme, la souscription de certains de ces services est encore plus pertinente à court terme. En effet, sans outils, les entreprises les plus fragiles seront en grande difficulté par la perte des points de marge, de marchés à l'export. Elles risqueraient ne plus pouvoir honorer les commandes clients à cause d'un renforcement défavorable d'une paire de devises.

Quelle que soit sa taille, l'entreprise au sein de l'Union européenne devra donc s'inspirer de la sagesse des marins et passer à l'action avec humilité car ce n'est pas dans l'oeil du cyclone mais bel et bien avant la tempête que se prépare la navigation. Multiples et diverses selon les secteurs et les pays, elles sont le moteur de la croissance et de l'emploi au sein de l'UE, donc une composante clé des politiques européennes. Qu'en décidera le prochain Parlement européen ? Réponse en juin prochain !

Sébastien OUM est président de Yseulis, trésorier digital en gestion des risques de change à destination des PME et ETI.


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