Billet de Daf - Le temps court, le temps long et le financier
Comment concilier impératifs court-termistes et stratégie au long cours dans un contexte où l'instabilité domine ? Le temps long existe-t-il encore ? Telles sont les questions que soulève Susanne Liepmann, Daf et présidente de FiPlus, dans ce billet de Daf.
Cela fait 30 ans que je travaille dans la finance d'entreprise et, malgré les crises vécues, nous n'avons de mémoire jamais connu une telle dichotomie entre le temps long et le temps court. Le temps long pour évoluer tranquillement n'existe plus, car il faut s'adapter de manière permanente en gérant le temps court : la hausse des prix d'énergie, comment la passer aux clients, comment soutenir le pouvoir d'achat de notre personnel et, par extension, des consommateurs, comment travailler avec une chaîne d'approvisionnement instable, et ce, dans un monde où la guerre est redevenue omniprésente ?
Cependant, il ne faut pas perdre de vue la stratégie au long cours. Cela me rappelle, en ces temps de la Route du Rhum, la vieille métaphore du bateau : nous devons avoir un cap, mais pour passer de A à B, nous faisons forcément des ajustements court terme en fonction de la météo. Et si le monde d'aujourd'hui appelle à beaucoup de ces ajustements, c'est aussi notre rôle de veiller à ce que la stratégie au long cours, le cap, intègre bien ce qui est important déjà aujourd'hui et le sera encore plus demain : la durabilité, un meilleur équilibre entre les intérêts de toutes les parties prenantes et un focus clair sur la préservation des ressources finies dans un monde qui semble encore croire qu'on peut tous croître de manière infinie.
Est-ce nouveau ? Finalement pas tant que cela - les missions principales du Daf resteront la transparence (maintenant aussi sur la RSE), l'allocation des ressources (selon des critères plus durables maintenant !) et de questionner les pistes de solutions avec un prisme financier, voire de les développer davantage. Mais ce qui est nouveau, c'est la place du Daf au coeur de la stratégie de l'entreprise en tant que partie prenante, faisant partie du « business » et n'étant plus seulement un centre de coût ou de support.
Tout ce qui se passe dans l'entreprise trouve un jour son chemin dans un bilan ou un compte de résultat. La finance étant la langue qui permet de se comprendre, nous, Daf, semblons être bien placés pour pousser ces initiatives, cette compréhension holistique de l'impact de nos actions à des horizons-temps différents.
C'est en ces termes, tout en réutilisant ce qu'on a toujours fait, que nous sommes en train de réinventer la finance d'entreprise : du rétroviseur vers la prospective ; du processus budgétaire rigide vers le « beyond budgeting », du technicien solitaire vers l'enseignant communiquant, en somme le passage du gardien du temple à l'influenceur responsable, connecté de manière transversale et avec la data à toutes les fonctions de l'entreprise.
La finance d'entreprise est la langue qui rend cela possible. J'adore les langues, car elles évoluent en permanence et obligent à un effort de compréhension mutuelle, et c'est exactement ce que fait FiPlus, le métaréseau des financiers d'entreprise depuis plus de 10 ans : penser au-delà des chemins établis, faire réfléchir à la finance de demain et établir la communication entre les parties prenantes... Joyeux anniversaire !
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