Epargne salariale et retraite : mode d'emploi pour construire une offre de fonds
Depuis la loi Pacte, de plus en plus d'entreprises proposent et revoient en profondeur leur dispositif d'épargne salariale et retraite. La construction de l'offre doit notamment tenir compte des horizons de placement, des profils de risque pour répondre aux besoins de l'ensemble des salariés.
L'épargne salariale progresse. En 2019, seulement 35% des entreprises entre 100 et 250 salariés étaient équipées de solutions d'épargne salariale. Selon les derniers chiffres de l'Association Française de Gestion (AFG), plus de 32 000 entreprises se sont équipées d'un PER Collectif en 2021. Ce sont désormais 1,75 million d'épargnants qui en bénéficient via leur entreprise pour un encours de 14,8 milliards d'euros
La loi Pacte a créé des mesures qui simplifient l'instauration de plans d'intéressement ou d'épargne salariale en fonction des tailles des entreprises. Les plus petites d'entre elles comptant moins de 50 salariés peuvent ainsi bénéficier de la suppression du forfait social. Les plus grandes ont revu en profondeur leurs outils. La portabilité des dispositifs, désormais possible, a permis aux directions financières d'être plus exigeantes avec leurs partenaires et de remettre à plat leurs offres pour proposer à leurs salariés des dispositifs efficaces, attractifs et performants. « La loi Pacte a éclaté les fonctions et a permis l'apparition de nouveaux compétiteurs sur ce marché, notamment des acteurs qui ne proposent que de la gestion financière. Les entreprises sont devenues plus sélectives et peuvent se permettre de mettre en concurrence les solutions de gestion. La performance financière n'était pas la priorité. Aujourd'hui, c'est le cas », constate Santillane Coquebert de Neuville, responsable clientèle au sein de Lazard Frères Gestion et auteur du livre blanc sur l'épargne salariale et retraite publié en avril 2022.
Les directions financières peuvent désormais plus facilement construire leur offre d'investissement en choisissant les fonds les plus adaptés aux besoins des salariés. Pour y parvenir, plusieurs paramètres doivent être pris en compte. « Il est essentiel que les entreprises proposent des offres complètes, correspondant au profil de l'ensemble de ses collaborateurs », conseille l'experte. L'offre doit pouvoir répondre à différents horizons de placement, à plusieurs profils de risque, et différents niveaux de connaissance des épargnants. « La bonne pratique est de proposer un dispositif qui couvre toute l'échelle de risque SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator), qui va de 1 à 7. La présence d'un fonds monétaire (risque 1), d'un ou plusieurs fonds actions (risque 6 ou 7) et de fonds intermédiaires (notamment notés 3 et 4) constitue donc une nécessité », ajoute Santillane Coquebert de Neuville. Les fonds d'investissement responsable, appréciés des collaborateurs, permettent de donner du sens à leurs investissements.
Ne pas multiplier les supports
Autre conseil : ne pas tomber dans l'excès et multiplier les supports. « Entre 6 et 10 supports, c'est idéal. Le risque d'en proposer plus reste que le salarié se détourne de ses outils car il ne comprend pas leur intérêt, et choisisse par défaut la solution monétaire la moins risquée », estime Santillane Coquebert de Neuville. L'écart entre une solution monétaire et un actif plus risqué est pourtant considérable. A long terme, sur 20 ans, un gain annuel de 4 %, au lieu de 3 %, génère une performance de 120 % au lieu de 80 % « Un différentiel de rendement, même minime, a un impact majeur sur la performance financière finale et peut impacter notablement le capital retraite constitué par l'épargnant. Entre janvier 2000 et août 2022, sur du monétaire, un collaborateur va, en cumulé, enregistrer 30% de performance. Sur un indice actions monde, la performance réalisée est de 180% », ajoute l'experte.
Des fonds à l'international
Pour construire une offre pertinente et attractive, il est par ailleurs important de proposer à la fois des fonds purs qui n'investissent que sur des actions ou obligations, pour les épargnants les plus aguerris ; et des fonds diversifiés voire diversifiés flexibles avec une gestion clé en main. Ce dernier type de fonds présente l'avantage d'offrir un niveau de délégation maximal et permet de s'adapter aux cycles économiques notamment dans un contexte de hausse des taux et d'inflation que nous connaissons depuis peu, « préservant ainsi le patrimoine quand ça secoue ». Il est par ailleurs recommandé de proposer non seulement des fonds investis en Europe, mais aussi à l'échelle mondiale. Une bonne diversification géographique permet en effet de réduire la volatilité d'un portefeuille et de profiter de la croissance mondiale, généralement plus forte que celle de l'Europe. Les prévisions à 5 ans du FMI affichent un niveau de croissance mondiale de l'ordre de 3,3% contre seulement 1,5% pour l'Europe.
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