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Syndrôme de l'imposteur : comment y faire face ?

Le syndrôme de l'imposteur peut concerner tout le monde à un moment donnée de sa vie professionnelle. Comment le reconnaître mais surtout comment apprendre à le surmonter ? Deux psychologues du travail font le point et livrent des exercices pratiques.

Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
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Syndrôme de l'imposteur : comment y faire face ?

"70 % de la population mondiale a vécu ou vivra au moins une fois dans vie professionnelle le syndrôme de l'imposteur", explique Gaëlle Noury cheff de projets et psychologue du travail chez Qualisocial, cabinet qui accompagne les entreprises dans le bien-être et la santé mentale de leurs salariés. Ce chifffe tiré du Journal of Behavioral Science, illustre à quel point ce syndrôme peut toucher tout le monde quelque soit sa catégorie socio-professionnelle. "C'est un phénomène psychologique qui instaure le doute de soi, l'incapacité à s'attribuer une réussite et qui repose sur une fausse perception de la réalité en mettant la réussite sur le compte de facteurs externes comme la chance ou le hasard", résume Justine Paternoster, cheffe de projets et également psychologue du travail à l'occasion d'un webinaire de Qualisocial sur "Comprendre et surmonter le syndrôme de l'imposteur : une approche inspirées des valeurs olympiques" le 11 juillet dernier. Les personnes touchées par ce syndrome éprouvent un sentiment d'escroquerie, craignant constamment d'être « démasquées » par les autres. Il n'est pas à confondre avec l'effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de surconfiance, qui est un mécanisme cognitif par lequel les personnes les moins qualifiées d'un groupe tendent à surestimer leurs compétences.

Comment le reconnaître ?

Défini en 1978 par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, deux psychologues américaines, le syndrôme de l'imposteur peut avoir des effets à plus ou moins long terme sur le bien-être moral et psychologique. Il se traduit par un sentiment persistant de ne pas être à la hauteur, accompagné d'une crainte omniprésente de l'échec ou de décevoir, une faible estime de soi, de l'autosabotage, une comparaison excessive, de l'anxiété et du stress, ou encore des difficultés relationnelles. Pour y faire face, les concernés ont deux types de comportement : soit de l'autoprocrastination, soit un surinvestissement pour se rassurer et grantir le succès. "Au final, un resultat qui est généralement positif (la réussite) va être attribué dans un premier cas à la chance (pour la procrastination) et dans le second cas à l'effort fourni (pour le surinvestissement). Mais cela reste un cercle vicieux", souligne Gaëlle Noury cheffe de projets et psychologue du travail chez Qualisocial.

"Le syndrôme de l'imposteur est multifactoriel : il vient à la fois de notre histoire personnelle et familiale (si on a été valorisé ou pas par son entourage), d'expériences passées, d'une faible estime de soi, d'exigences trop élevées mais aussi de facteurs sociaux. Tous ces facteurs s'interpénètrent", explique Justine Paternoster. Ainsi, ce syndrôme peut surgir à n'importe quel moment de la vie professionnelle (nouvelle prise de poste, promotion, ...) mais touche plus fortement les femmes et les minorités.

Célébrez vos réussites !

Il existe des pistes pour lutter contre ce syndrôme de l'imposteur selon les psychologues de Qualisocial. Il faut identiifer et tordre le cou à ses croyances limitantes (exemple : je suis trop vieux/vieille pour ce poste de manager, ...) et les dépasser pour dissocier la croyance de la vérité. "Célébrez vos réussites et accordez-vous vos médailles", clame Gaëlle Noury. Mais il faut aussi cesser les comparaisons et au contraire voir les autres comme une source d'inspiration, savoir séparer les faits concrets du ressenti et des sentiments, apprendre à demander de l'aide et surtout ne pas avoir peur de l'échec et le voir comme une opportunité de rebond.

Les psychologues listent des exercices concrets à réaliser comme le fait de noter ses réussites récentes et les compétences utilisées pour les atteindre afin de prendre conscience de ses forces et zones d'amélioration. Mais aussi de tenir un journal de ses pensées et émotions pour noter ce qui déclenche ce sentiment d'imposture. "Enfin, faites preuve d'autocompassion et traitez-vous avec la même gentillesse et la même compréhension que vous accorderiez à un ami proche. Quand vous vous sentez en proie au doute, posez-vous la question : Que dirais-je à un ami dans cette situation ? Adoptez ensuite ce discours envers vous-même".








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