Le bel itinéraire de Softfluent et de ses 70% de salariés-actionnaires
L'actionnariat salarié n'est pas réservé aux grands groupes. Ainsi, depuis 5 ans le développeur informatique SoftFluent, 120 salariés, l'amise en application, sur 13,6% de son capital à date. Avec un retour sur expérience qui suggère que ce n'est qu'un début.
Le vent souffle dans le dos de Softfluent. Le développeur informatique, bien connu de nombre de directions financières pour son logiciel RowShare, spécialisé dans la collecte sécurisée et l'analyse des données, devrait boucler son exercice avec près de 15 millions de chiffre d'affaires, en progression de 15% par rapport à 2022. L'entreprise compte bien rester sur cette dynamique, visant une vingtaine de collaborateurs supplémentaires en 2024, pour 120 aujourd'hui, à son siège d'Antony (Hauts-de-Seine) comme dans ses filiales de Nice et Bordeaux. Et parmi ces nouveaux « Softfluentees », possiblement autant d'actionnaires de la société. Engagée depuis 2018 dans l'actionnariat salarié, l'entreprise en a fait, sur un marché à l'affût des profils, un levier d'attractivité, et un marqueur fort du partage de ses réussites.
Un levier d'attractivité
Il faut le dire, les chiffres parlent d'eux-mêmes : à date, pas moins de 13,6% du capital de la société est détenu par près de 70% de ses collaborateurs. Une vraie spécificité, à la fois par la taille de l'entreprise, l'actionnariat salarié étant le plus souvent mis en oeuvre dans de plus grosses structures, que par le niveau atteint par les souscriptions. « J'ai toujours été mal à l'aise avec cette forme de mensonge qui consistent à parler aux salariés de « leur » entreprise, alors même que le capital en est détenu par ses seuls dirigeants, explique Daniel Cohen-Zardi, Président de Softfluent, qui combine la double-casquette Daf et DRH. En 2017, le départ de l'un des 3 fondateurs a supposé de racheter 20% du capital de la société. Nous étions déjà engagés sur le partage de la valeur, sur les résultats individuels comme les performances collectives, et avons décidé de pousser un cran plus loin la démarche. »
FCPE d'actionnariat
Quelques mois plus tard, une holding regroupant les dirigeants de la société est créée, permettant le rachat - via endettement- des parts, revendues à un FCPE d'actionnariat, monté et géré par la société Equalis Capital. Un format « bien bordé juridiquement », qui se traduit en 2018 par une première ouverture de capital, lancée auprès des 50 collaborateurs d'alors de Softfluent. Carton plein, avec un taux de souscription de 90%, pour 300 000 euros de valeur de FCPE, 12% de la société désormais détenus par les salariés. Et, vraie satisfaction pour le dirigeant, une ventilation importante des souscripteurs dans la pyramide des salaires de la société, : « Nous avons mis en place des mécanismes d'aides qui ont bien fonctionné, notamment la réorientation de l'épargne salariale. C'était une complexité supplémentaire à gérer, mais la démarche n'a de sens que si elle est la plus ouverte possible, pour que chacun soit partie prenante des fondamentaux de valorisation de la société. »
Lire aussi : Daf : la nécessité de devenir un bon pédagogue
Avec, cinq ans plus tard, un bilan toujours positif. Côté dirigeants, c'est d'abord le montage de l'opération qui a prouvé sa pertinence. L'endettement généré pour le rachat des parts est remboursé à la fois par les dividendes versés par la société, rentable, et les nouvelles souscriptions déclenchées par les collaborateurs, sur des actions qui s'apprécient (+12% après la 1ère souscription). Une mécanique bien huilée, alignée sur la situation financière de l'entreprise et sa dynamique de croissance, précieuses aussi pour gérer le rachat des actions des salariés sur le départ : « Nous nous engageons à racheter leurs actions, ce qui suppose que l'entreprise continue de progresser, souligne Daniel Cohen-Zardi. Si la société devait enchaîner des exercices difficiles, générant forcément plus de turn-over, cela pourrait créer un sujet de liquidités. Mais l'intérêt de l'actionnariat salarié compense largement l'exposition à ce risque, comme il compense celui du coût de sa mise en oeuvre. »
Des atouts réels mais difficiles à quantifier
Sur le sujet, le dirigeant évalue à un peu plus de 10% des sommes souscrites, le coût de la démarche, essentiellement lié aux frais fixes générés par le FCPE. Pour mettre rapidement en face les atouts, « difficiles à isoler et à quantifier », de la direction prise par Softfluent dans le partage de la valeur : « Le principal bénéfice, c'est d'avoir des salariés engagés, sur une stratégie qu'ils partagent. Même s'il est important qu'il y ait à la fin un actionnaire majoritaire pour trancher, cela impose d'être plus aligné avec ses collaborateurs, sur des choix où l'on peut pousser les curseurs à 100%, quitte d'ailleurs à se tromper. Autre intérêt, en terme de recrutement mais aussi de fidélisation. Nous avons mené une enquête interne, d'où il ressort que même les collaborateurs n'ayant pas souscrit estiment que l'actionnariat salarié est un élément important dans leur attachement à l'entreprise. Cela va dans le sens de l'histoire, j'en suis convaincu !»
Sur le même thème
Voir tous les articles RH