Formation professionnelle : l'atout performance en temps de crise
Dans un contexte d'évolutions technologiques et organisationnelles encore accélérées par la crise de la Covid-19, la formation professionnelle devient une condition de la performance des entreprises.
La formation professionnelle était déjà au coeur des enjeux avant la crise sanitaire. La situation de confinement, puis les obligations de distanciation physique, ont accéléré les changements en matière de modes de travail et de management. Elles ont entraîné le recours à de nouveaux outils. Les conséquences économiques de la crise viennent par ailleurs renforcer les besoins de formation pour soutenir l'évolution des salariés sur de nouvelles missions.
Une offre de formation trop éloignée des réalités du terrain
Selon l'étude " Les grandes tendances du marché du travail "1 réalisée par l'Ifop pour Michael Page, 66% des actifs occupés ont intégré de nouveaux outils dans leur quotidien professionnel au cours des 3 dernières années (77% des cadres). 64% ont par ailleurs connu un élargissement de leurs missions (71% des cadres), tandis que 34% avaient déjà fait l'expérience de nouveaux environnements de travail à l'aube du confinement (51% des cadres).
Ces changements impliquent des besoins de formation nouveaux et spécifiques. C'est la raison d'être des Entretiens Annuels d'Evaluation, Entretiens Professionnels et des Plans de Développement Personnel, mais les approches en matière de formation varient encore beaucoup d'une entreprise à une autre. Bien que certaines obligations légales favorisent la mise à disposition de formations, dans ou hors de l'entreprise, la question de l'adéquation entre besoins du salarié et offre de formation reste centrale.
Dans les faits, seuls 54% des actifs occupés jugent aujourd'hui efficace l'accompagnement proposé par leur employeur pour les soutenir dans l'évolution de leurs missions : un chiffre qui souligne le décalage entre l'offre de formation en place dans l'entreprise et les besoins réels des collaborateurs.
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La crise de la Covid-19 comme révélateur ?
La crise sanitaire est apparue comme un accélérateur du changement à plusieurs niveaux : basculement massif en télétravail, et par rebond utilisation de nouveaux outils de travail (outils collaboratifs, visioconférence, Cloud, ...), adaptation des méthodes de travail (gestion des temps de vie, autogestion, intégration de nouvelles contraintes sanitaires, ...), nouvelles approches managériales du fait de la distanciation physique.
Dans une telle situation, le recours à la formation professionnelle est particulièrement important pour que tout le monde " passe la marche " dans l'entreprise. Il est crucial, dans la période actuelle, que chacun soit sensibilisé aux dispositifs en place pour accompagner le développement des compétences, clé du maintien dans l'emploi à long terme. Il est nécessaire aussi que les entreprises adaptent et diversifient leur offre de formation, en partant des besoins de formation individuels et de leurs objectifs de développement.
L'emploi pourra se trouver fortement fragilisé dans les mois à venir. Certaines entreprises sont contraintes de réajuster leur modèle, d'autres de réorienter leur production, de repenser leur offre de produits ou de services. Il convient donc d'anticiper au maximum les besoins en compétences que ces évolutions pourront générer.
Travailler l'offre de formation pour gagner en compétitivité
La formation professionnelle est-elle assez pensée dans une optique de performance des collaborateurs ? Peut-être pas. Pourtant, penser " formation professionnelle continue " pour s'assurer de la capacité des collaborateurs à réaliser leurs missions dans de bonnes conditions permet de limiter le facteur stress inhérent au(x) changement(s), en favorisant les facteurs de réussite. C'est donc un investissement payant sur de nombreux plans (bien-être des salariés, performance, acquisition et rétention des talents), qui peut même devenir un réel avantage concurrentiel. Pour l'heure, les changements vécus restent encore souvent considérés comme sources de stress, faute d'un accompagnement pertinent. Un cadre sur 4 vit par exemple l'intégration de nouveaux outils comme une source de stress ; c'est même le cas de près de 2 cadres sur 3 lorsque l'on évoque la mise en place de nouvelles règlementations.
Parmi les accompagnements prioritaires attendus par les actifs pour faire face au changement, les formations permettant d'élargir les compétences techniques ou comportementales dans leur métier actuel (23%) et les formations permettant de développer des compétences pour accéder à de nouveaux métiers (18%) ressortent ainsi en tête. Par ailleurs, près d'un actif sur 3 se montre incapable de se prononcer sur l'efficacité du Compte Personnel de Formation : une piste à explorer également pour poursuivre le développement des compétences.
Pour en savoir plus
Isabelle Bastide, présidente de PageGroup France, cabinet de recrutement (Page Personnel, Michael Page, Page Executive). Spécialiste sur les questions d'acquisition des talents, de diversité, d'égalité des chances et de gestion du changement en entreprise. Twitter : @IsabelleBastide.
[1] Étude réalisée en février 2020 par Michael Page & Page Personnel en partenariat avec l'Ifop- 1824 actifs occupés, dont 1004 cadres.
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