[CAC, EC, conseils...] Professions du chiffre en 2015 : la concentration gagne du terrain
La réforme européenne de l'audit, adoptée récemment par Bruxelles et bientôt transposée en droit français, relance la course vers le conseil et la concentration du secteur. Une réalité qui s'affirme au regard du classement 2015 de La Profession Comptable (LPC).
Sans les "big four", point de salut? Alors que la réforme européenne de l'audit adoptée fin 2014 devra être transposée en droit français avant juin 2016, rien ne semble ébranler la suprématie des quatre géants mondiaux de l'audit et du conseil Deloitte, EY, KPMG et PwC, comme le confirme l'étude annuelle de La Profession Comptable dans son édition 2015. Pourtant, le projet d'harmonisation des systèmes d'audit au niveau européen initié en 2010 affichait comme principal objectif de lutter contre la concentration excessive du secteur et de favoriser l'émergence d'un nouveau big five européen... Mais ce voeu pieux n'a pas résisté à la culture du consensus et du compromis bruxelloise, et la montagne a finalement accouché d'une souris!
Les grands acteurs relancent leur croissance externe
"Pendant quelques années, les grands acteurs avaient ralenti leurs opérations de croissance externe dans la crainte que la réforme européenne ne limite leurs ambitions expansionnistes, mais à la publication du texte définitif, ils ont poussé un "ouf" de soulagement et repris leurs emplettes de plus belle", commente Stéphane Raynaud, directeur de la publication La Profession Comptable et dirigeant du cabinet BBA, conseil stratégique des experts-comptables.
La politique de croissance externe la plus "agressive", cette année, est à mettre à l'actif de Deloitte, qui a avalé coup sur coup le spécialiste montpelliérain de l'audit et du commissariat aux comptes Revi Conseil et son homologue normand Davec, confirmant la mainmise des big four sur le commissariat aux comptes, puisqu'ils représentent à eux seuls près des trois quarts des 1,9 Md€ de chiffre d'affaires de ce segment.
Ce qui ne les empêche pas de se renforcer aussi sur l'expertise comptable, notamment pour les deux leaders du secteur, KPMG et Deloitte.
Les petits cabinets sont à la peine
À l'autre bout du spectre, l'étau se resserre autour des petits cabinets qui souffrent d'un problème de rentabilité des mandats de commissariat aux comptes et de la généralisation des appels d'offres prévue par la réforme. De fait, l'exacerbation de la concurrence tarifaire induite par les appels d'offres profitera, in fine, aux plus grandes structures, qui ont la capacité de mutualiser les coûts avec leurs armées de juniors, et de sacrifier la rentabilité des prestations réglementées au profit du conseil pluridisciplinaire.
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