Les ETI se verdissent
Alors que l'urgence climatique se fait de plus en plus pressante, les entreprises commencent à prendre conscience du rôle qu'elles ont à jouer pour freiner l'impact des activités humaines sur l'environnement. Une étude réalisée par le METI en partenariat avec (RE)SET montre que les ETI sont en train de se verdir.
Face à l'urgence climatique, qui doit agir en priorité ? Les politiques ? Les entreprises ? Les citoyens ? Tout le monde doit prendre sa part, en réalité. Du côté des entreprises, la prise de conscience de la nécessité d'agir est en train de gagner du terrain. Et ce ne sont pas seulement les grands groupes qui se sont engagées dans une transformation environnementale : d'après une étude réalisée par le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) en partenariat avec le cabinet (RE)SET, les ETI aussi se verdissent, adaptant leur modèle d'affaire et leurs process.
Quatre risques principaux
Le premier constat de l'étude concerne l'état d'esprit des dirigeants d'ETI : 73% estiment que les enjeux environnementaux pourraient mettre en danger leur modèle d'affaires et 35% à un horizon très proche (inférieur à deux ans). Quatre risques principaux sont ainsi identifiés : pénurie ou hausse des coûts des ressources (92%), tension sur les prix de l'énergie (81%), évolution du marché (clients soucieux de solutions durables, cité par 66% des ETI) et réglementations réduisant ou encadrant les activités (57%). A noter aussi que 39% des ETI répondantes considèrent que, dans leur secteur, d'autres acteurs européens sont plus en avance sur les sujets de transition.
Par ailleurs, au-delà de ces risques identifiés, les ETI voient la transformation environnementale comme une opportunité : 66% perçoivent la transformation environnementale comme une opportunité de croissance pour leur chiffre d'affaires et 77% pensent pouvoir tirer un avantage compétitif du verdissement de leur offre.
Verdissement des consommations
Face à ces risques, 70% des ETI ont débuté l'adaptation de leur modèle d'affaires. Différentes actions ont été mises en place : verdissement de la consommation énergétique (84%), intégration de critères environnementaux dans la politique achat (75%), diminution de la consommation en eau (92% des ETI industrielles mais seulement 34% dans le tertiaire), mesures pour réduire l'impact de l'activité numérique (55%, qui se fait à 93% sur l'équipement).
A noter aussi que 50% des ETI se sont engagées dans une démarche de reporting extra-financier et 42% sont certifiées ISO 14000 (management environnemental). La biodiversité passe par contre au second plan : 72% des ETI ne disposent pas encore de plan d'action visant à limiter leur impact sur la biodiversité (seules les ETI de la construction ont engagé des actions pour favoriser le développement de la biodiversité sur leurs sites, à 59%).
Par ailleurs, 2/3 des ETI de moins de 500 salariés ont réalisé ou prévu de réaliser un bilan carbone alors qu'elles n'y sont pas légalement tenues. Il faut dire que cet outil semble très utile pour initier et piloter une démarche environnementale : l'étude révèle que 87% des ETI ayant effectué un bilan des émissions de gaz à effet de serre estiment qu'il leur a été utile pour piloter leur transformation.
Transformations internes
Ces actions ne sont pas sans impacts sur les processus internes : 3/4 des ETI industrielles ont investi dans le verdissement de leur appareil de production, près d'1 ETI sur 2 a mis en place une démarche d'éco-conception pour ses produits et/ou services (90% des ETI concernées intègrent de la matière recyclée et/ou biosourcée dans tout ou partie de leurs références), 64% des répondants ont pris en compte des critères environnementaux dans la construction de leurs sites actuels, 42% recyclent ou réintègrent dans leur process 80% ou plus de leurs déchets non dangereux et 72% des ETI ont mis en place des plans de formation pour leurs équipes et/ou leurs dirigeants.
Les ETI répondantes sont aussi 93% à penser que travailler en écosystème avec des acteurs locaux est un levier de succès pour leur transformation et 51% à présenter leurs fournisseurs et leurs clients comme des partenaires clés pour les accompagner dans leur démarche. Par contre, elles ne sont que 11% à voir leurs pairs comme des partenaires clés avec qui collaborer sur ces travaux.
Des freins à lever
Mais pour que le verdissement des ETI soit véritablement significatif, il s'agit de lever un certain nombre de freins. A commencer par les investissements nécessaires : le METI indique qu'ils seront de l'ordre de 25 M€ en moyenne sur 2 à 3 ans. D'autant plus que l'accès au financement est jugé complexe et/ou inadapté aux ETI par 38% des répondants. L'accès aux compétences est aussi vu comme problématique - ces dernières étant à la fois coûteuses et rares - ainsi que la maturité insuffisante des technologies (citée par 73% des ETI, qui sont également 54% à juger les prix trop élevés).
« Ces freins méritent d'être levés sans délai car notre étude valide une intuition : la transformation environnementale de notre économie passe par celle des ETI », conclut Pierre-Olivier Brial, vice-président du METI et pilote de la taskforce "Transfromation environnementale". Le METI travaille d'ailleurs sur un plan d'action qui sera déployé de façon partenariale, à la fois avec la puissance publique et les Clubs ETI régionaux, afin de produire un « choc de compétitivité verte ».
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