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L'assurance cyber en hausse dans les ETI
Devenu un risque majeur pour les entreprises, le risque cyber est de plus en plus assuré au sein des ETI, au contraire des grands groupes et des PME. C'est ce qui ressort de la deuxième édition de l'étude LUCY (LUmière sur la CYberassurance), réalisée par l'AMRAE.
Le risque cyber est désormais en 2e place du classement des risques émergents établi par le « Future Risk Report » d'Axa. Dans ce contexte, l'AMRAE a publié la deuxième édition de son étude LUCY (LUmière sur la CYberassurance). Il en ressort de nombreuses disparités au niveau de l'assurance du risque cyber par les entreprises.
Tout d'abord au niveau du nombre d'entreprises assurées. L'étude montre une augmentation du nombre d'ETI assurées en 2021. Elles sont désormais au nombre de 530, contre 441 en 2020 (+20%). Ce sont les seules à observer une augmentation à ce niveau-là. Sur la même période, 40 PME ont quitté ce modèle de l'assurance traditionnelle (de 362 à 322, -11%). Un chiffre plus inquiétant, bien que plus faible, concerne les grandes entreprises. Sur les 251 grands groupes qui avaient souscrit une police cyber en 2020, 11 ont renoncé à le faire en 2021. Un chiffre qui peut sembler anecdotique, mais sur un marché qui devrait encore être en croissance, « c'est un signal très fort », estime Philippe Cotelle, administrateur de l'AMRAE et président de sa commission Cyber.
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L'étude pointe également que les coûts d'indemnisation des entreprises ont beau avoir globalement baissé entre 2021 et 2020, ils restent tout de même très largement tributaires de l'impact des sinistres de grande intensité. Ainsi en 2021, six sinistres XXL ont été indemnisés à hauteur de 90,6 M€, ce qui représente 55,6 % du volume total d'indemnisation. Les ETI, ont de leur côté, vu leur indemnisation multipliée par trois en un an, passant de 12,67 M€ en 2020 à 63,15 M€ en 2021. « Elles ont pu se rendre compte qu'elles n'étaient pas à l'abri des sinistres de très grande importance," commente Philippe Cotelle.
Des conditions plus restrictives
L'étude met également en avant les conditions d'assurance plus restrictives auxquelles les entreprises ont dû faire face l'année dernière. En effet, elles se sont retrouvées confronter à une augmentation des taux de primes (en moyenne +100% pour les grandes entreprises et +56% pour les ETI) à laquelle s'est ajoutée l'instauration de franchises très élevées. « Jusqu'à présent, les franchises étaient anecdotiques, commente Philippe Cotelle. À près de 4 M€ en moyenne pour les grandes entreprises et 228 000 € pour les ETI, elles atteignent aujourd'hui des niveaux considérables. »
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En parallèle, les entreprises ont dû se soumettre à des questionnaires de souscription beaucoup plus détaillés que par le passé. « En soi, ce n'est pas un problème, estime Philippe Cotelle. Au contraire, nous avons toujours plaidé pour une approche plus technique des risques. Mais le triptyque hausse des taux, cumulé à la réduction des capacités et au durcissement des conditions de souscription finit par donner l'impression que les assureurs ne veulent plus couvrir le risque cyber. »
La solution de l'auto assurance ?
Dans ce marché en tension, renforcé par un renouvellement plus que compliqué l'année dernière, la solution pour les entreprises peut-elle passer par l'auto assurance ? C'est en tout cas la conclusion que certaines semblent avoir tirée. Ainsi, des solutions comme l'auto-assurance avec les captives, pour gérer le risque de fréquence, ou la mutualisation inter-entreprises, pour augmenter le niveau des capacités et réduire le risque de volatilité lié aux sinistres d'intensité, pourraient devenir des solutions à l'avenir.
Enfin, dernier chiffre marquant, bien que peu étonnant, l'étude LUCY montre que la grande majorité des sinistres est d'origine malveillante. Les accidents ne sont la cause que de 5,5 % des sinistres et représentent à peine 4 % des indemnisations. Ces indemnisations viennent essentiellement couvrir des pertes d'exploitation. Les pertes de données personnelles, qui sont très lourdement indemnisées aux États-Unis, ne représentent en France que 4 % du coût des sinistres.
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