Le contrôle de gestion, actif et acteur dans la transition écologique !
À l'heure où la responsabilité environnementale des entreprises prend toute sa dimension, les directeurs administratifs et financiers s'éveillent à l'intérêt d'un contrôle de gestion écoresponsable. Mais de quels moyens concrets disposent-ils pour faire passer ce service " au vert " ?
La transition écologique amorcée par la société inspire aujourd'hui les entreprises à placer la politique environnementale au centre de leurs préoccupations, en adoptant un modèle et des pratiques plus durables. En tant qu'acteur essentiel du management et de la stratégie, le contrôleur de gestion a un rôle primordial à jouer dans la maîtrise efficace de l'impact environnemental de son entreprise - tout en gardant à l'esprit les problématiques de performance économique... et contrairement aux idées reçues, les objectifs d'optimisation des coûts et de rentabilité ne sont pas en opposition avec ceux de politique RSE.
Du travail d'analyse des données extra-financières à l'adoption de pratiques écoresponsables pour montrer l'exemple, le contrôleur de gestion peut s'inscrire dans une démarche proactive afin de répondre aux objectifs de développement durable de son entreprise.
Concilier indicateurs économiques et environnementaux
Dès 2023, la majorité des entreprises de plus de 250 salariés devront publier 47 indicateurs extra-financiers écologiques, sociaux et de gouvernance, inscrits dans la directive européenne CSRD (" Corporate Sustainability Reporting Directive "). L'occasion pour le travail du contrôleur de gestion, qui par définition s'appuie sur les données concrètes provenant des différents services de l'entreprise, d'être mis à contribution pour mettre en place ces indicateurs clés en lien avec la stratégie de transition écologique : consommation d'énergie, bilan carbone, gestion des déchets, mobilité, etc.
Mais pour exploiter au mieux ces données environnementales, encore faut-il les associer aux indicateurs de performance de l'entreprise et les analyser collectivement. Cela peut se traduire, très simplement, par la création de tableaux de bord à même de rassembler ces données afin de croiser éléments extra-financiers et performances économiques. Toute la difficulté réside sur la manière de collecter les données et la capacité à automatiser leur production : sont-elles disponibles dans une base ou la collecte est-elle manuelle ?
Le travail de collecte et d'analyse ainsi effectué permet d'obtenir une vision globale de l'entreprise et en conséquence de :
- mesurer de manière exacte la performance des choix stratégiques et écologiques de l'entreprise et de définir une stratégie à même de répondre à ces différents enjeux ;
- aider à la prise de décision sans pour autant impacter le budget ;
- identifier et simuler de nouvelles pistes d'améliorations réalistes et efficaces ;
- tirer la sonnette d'alarme lorsque les décisions prises s'éloignent des objectifs.
Partager les analyses et transformer ensemble
Au-delà de ses capacités techniques d'analyse et de synthèse, le contrôleur de gestion peut également mettre à profit ses compétences en communication et son sens du relationnel pour agir en tant que moteur du changement.
Il peut endosser le rôle d'animateur, via la mise en place d'un comité regroupant les différents services, pour travailler et échanger sur les analyses et bilans à disposition, réfléchir ensemble sur les possibles améliorations ou identifier les besoins des opérationnels - toujours afin de tendre vers les objectifs communs.
C'est un travail minutieux qui nécessite de bien comprendre l'ADN de l'entreprise, de mettre en place une cartographie des risques et de traduire les choix stratégiques en données pertinentes et mesurables. Que ce soit par le biais de réunions avec les différents acteurs pour suivre la bonne marche du projet ou d'échanges réguliers avec le personnel sur le terrain et les experts, le contrôleur de gestion à une opportunité d'être au coeur de la transformation.
Montrer le bon exemple
Le contrôleur de gestion jouit d'une position idéale pour mener à bien une réflexion sur l'optimisation de ses propres tâches, afin de réduire au maximum son empreinte carbone.
Quelques bonnes pratiques écoresponsables :
- privilégier le zéro papier et les solutions digitales, en limitant les impressions et en faisant le choix de la dématérialisation des documents (factures, fiches de paie, note de frais, etc.) ;
- mettre en place une logique de stockage raisonnée, où ne sont conservés que les fichiers permettant de justifier chaque élément financier, et veiller à la centralisation des documents partagés par plusieurs services. Dans cette optique, il est nécessaire d'assurer une communication fluide avec les autres services financiers afin d'éviter les doublons : une facture peut être enregistrée dans plusieurs dossiers sans que cela soit nécessaire !
- formaliser les process pour supprimer les tâches redondantes et/ou énergivores, voire polluantes.
Aujourd'hui de nombreuses plateformes sont à la disposition des entreprises pour centraliser des documents sur support numérique. Ces dernières, en plus de réduire l'empreinte écologique, permettent une meilleure gestion de l'information, une baisse des coûts et un gain de temps pour les employés.
En cas d'achat de nouvel outil, il convient toutefois de se poser les bonnes questions au préalable, car qui dit " outil numérique " dit " consommation d'énergie "... et nécessairement " impact carbone " : l'outil envisagé permet-il de réduire concrètement l'empreinte carbone de l'entreprise ? À quel point est-il gourmand en mémoire vive ? L'entreprise derrière le logiciel a-t-elle intégré l'écoconception lors de sa création ? Est-elle elle-même engagée pour la protection de l'environnement ? Autant de paramètres essentiels à examiner - au même titre que le prix !
La mission des contrôleurs de gestion au sein d'une entreprise va bien au-delà de l'optimisation de sa performance économique. Qu'il s'agisse de leurs compétences techniques en matière d'analyse et leur travail de conseil dans la prise de décision environnementale et de communication auprès de l'ensemble des collaborateurs, ou de leurs actions concrètes en matière d'organisation : tout tend à en faire des acteurs véritablement actifs de la transition écologique de l'entreprise.
Pour en savoir plus
Camille Delcour : Consultante Experte en analyse des risques et gestion de la fraude, Camille Delcour est la fondatrice de Cybooster, société spécialisée dans le contrôle de gestion, l'audit et le contrôle interne pour les PME
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