Comment MedinCell a mis en place de l'actionnariat salarié pour tous ses collaborateurs
MedinCell, société pharmaceutique technologique créée il y a une vingtaine d'années, a instauré de l'actionnariat salarié dès le recrutement de son premier employé. Aujourd'hui, 90% des salariés sont actionnaires, de quoi engager l'ensemble des collaborateurs et renforcer l'attractivité de la société.
L'actionnariat salarié peine encore à se développer dans les PME et ETI, là où il se diffuse plus facilement dans les grands groupes. Pourtant, certaines « petites » entreprises ont mis en place ce dispositif rapidement et font office de précurseurs dans ce domaine. C'est par exemple le cas de MedinCell. Créée il y a un peu plus de 20 ans, cette biotech a institué de l'actionnariat salarié dès le recrutement de son premier employé. « L'actionnariat salarié et le partage de la valeur sont vraiment des composantes de notre histoire, » se félicite David Heuzé, directeur de la communication et de la politique ESG chez MedinCell.
Au moins 2.000 actions distribuées par personne en 2022
L'entreprise a alors instauré plusieurs outils d'actionnariat salarié. « Au départ, l'outil utilisé était les BSPCE (bons de souscription de parts de créateur d'entreprise), qui est l'outil habituel utilisé par les start-up. Nous avons utilisé ces bons pendant une quinzaine d'années. Au terme de ces 15 ans, nous sommes entrés dans une période transitoire, où nous avons utilisé à la fois des stocks options et des actions gratuites. Nous nous sommes aperçus assez rapidement que faire cohabiter ces deux dispositifs rendait les choses un peu compliquées auprès de nos salariés. Depuis 3 ans maintenant, nous utilisons donc uniquement les actions gratuites. Chaque année, nous avons un plan de distribution, d'attribution d'actions qui est mis en place pour lequel l'ensemble des salariés est éligible, » détaille Franck Pouzache, directeur des ressources humaines au sein de MedinCell.
Aujourd'hui, 90% des salariés de l'entreprise sont actionnaires et détiennent 30% du capital de l'entreprise, entrée en bourse en 2018. Des actions qui peuvent représenter des sommes importantes pour les collaborateurs. « Le montant minimum qui est donné au travers des actions gratuites se situe, au minimum entre 8.000 et 10.000 euros chaque année. L'année dernière, dans une logique de rétention et de mobilisation, nous avons voulu marquer le coup en mettant en place un plan encore plus ambitieux, » poursuit Franck Pouzachee. « Ce sont ainsi au minimum 2.000 actions qui ont été attribuées aux collaborateurs. Ce qui représente aujourd'hui 18.000 euros de patrimoine à minima, » complète David Heuzé.
Un levier d'attraction certain
Implanter ce dispositif a aussi permis à la biotech de gagner en attractivité, à l'heure où il devient de plus en plus compliqué d'attirer et de retenir des talents. « Aujourd'hui, les salariés, surtout les plus jeunes, ne se projettent pas forcément sur du long terme dans leur entreprise. Ce dispositif permet à tous de se projeter dans le moyen terme au travers une espérance de gain élevé. C'est aussi un moyen de développer une cohésion d'ensemble plus importante. On aperçoit aussi un sentiment d'appartenance plus marqué au sein de l'entreprise, » note Franck Pouzache.
Chaque salarié étant actionnaire de l'entreprise, le modèle de gouvernance est quelque peu différent d'une société qui n'aurait pas adopté cet outil. Tous les salariés ont, par exemple, un droit de vote lors d'assemblées générales. « Tous nos collaborateurs participent à nos assemblées générales, ont des droits de vote, des droits d'interroger le management sur la société, » décrit David Heuzé. La sensibilité au business de l'entreprise y est donc beaucoup plus grande. « Les salariés s'intéressent beaucoup plus aux décisions, aux orientations stratégiques de l'entreprise. Ils n'hésitent pas à questionner, à challenger les décisions prises, » rebondit Franck Pouzache.
Communiquer, communiquer
Pour développer au mieux l'actionnariat salarié en entreprise, les deux experts mettent l'accent sur un point en particulier : la communication. « Ce type d'outil n'est pas particulièrement déployé, surtout en France, reprend Franck Pouzache. Pour que les collaborateurs perçoivent la valeur et le potentiel qu'ils ont entre les mains et que l'entreprise atteigne son objectif de mobilisation et d'engagement, celle-ci doit faire un effort de communication auprès des salariés. Cette communication doit être la plus régulière possible pour que chacun ait une bonne compréhension de ces outils et une bonne appréhension de la valeur qu'ils représentent. » Il est rejoint sur ce point par David Heuzé. « Peu de français ont un patrimoine en actions. Il est important d'éduquer sur comment être actionnaire, comment gérer un portefeuille d'actions. Il y a un autre point de communication qui est primordial lorsque l'on distribue des actions gratuites, c'est le temps d'acquisition des actions, qui permet de faire passer un message à nos collaborateurs. L'année dernière, nous avons, par exemple, choisi de distribuer nos actions sur une durée de 3 ans," conclut David Heuzé.
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