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Le financement innovant de Verkor au service de la souveraineté énergétique

Lors des Journées DAF, qui se tenaient le 17 octobre à Paris, Cédric Goarant, CFO de Verkor, a détaillé la stratégie de financement de l'entreprise. Grâce à un montage financier innovant et des partenariats publics, Verkor ambitionne de devenir un leader européen de la production de batteries bas carbone.

Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
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Le financement innovant de Verkor au service de la souveraineté énergétique

Dans un contexte de transition énergétique en pleine accélération, avec un objectif européen de réduction de 55 % des émissions de CO2 d'ici 2 030 et des ventes mondiales de véhicules électriques qui ont franchi le cap des 14 millions d'unités en 2023, la demande en infrastructures pour la production de batteries bas carbone s'intensifie à un rythme soutenu. Verkor s'affirme comme un acteur clé de la production de batteries bas carbone, essentielle à l'industrie automobile européenne. D'où un besoin croissant de financement, dont Cédric Goarant, Chief Financial Officer (CFO), a dévoilé, lors des Journées DAF, le 17 octobre au Trocadéro Business Center de Paris, les ressorts et les stratégies qui ont permis à l'entreprise de lever plus de 3 milliards d'euros.

3 milliards pour la gigafactory

Verkor a su déployer une ingénierie financière sophistiquée pour financer la construction de sa gigafactory à Dunkerque, un projet de 1,6 milliard d'euros. « Nous avons opté pour un montage en project finance, un modèle couramment utilisé pour des infrastructures publiques telles que des fermes solaires ou des parcs éoliens, mais encore rare dans le secteur industriel. Ce type de financement à long terme nous a permis de réunir 1,3 milliard d'euros auprès de 16 banques commerciales, ainsi que la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Caisse des Dépôts », a expliqué le CFO.
L'un des aspects les plus novateurs de cette stratégie réside dans le contrat d'approvisionnement signé avec Renault. Ce dernier s'engage à acheter un volume minimum de production, ce qui sécurise les flux de trésorerie futurs et réduit les risques pour les financeurs. « Cette approche contractuelle a été clé pour rendre notre projet véritablement bankable. Les banques et les investisseurs sont beaucoup plus enclins à soutenir un projet où les risques sont atténués par des contrats d'approvisionnement solides », a ajouté Cédric Goarant.

Partenariats publics cruciaux

Verkor s'inscrit également dans la volonté européenne de relocaliser la production de batteries, dans un contexte de forte concurrence internationale, notamment face à la Chine. Pour cela, l'entreprise bénéficie de partenariats publics-privés solides. « Nous avons sécurisé une subvention de 650 millions d'euros, dont 560 millions proviennent du programme France 2030, un plan d'investissement ambitieux destiné à renforcer l'autonomie industrielle et énergétique de la France. La région Hauts-de-France et la communauté urbaine de Dunkerque ont également apporté leur soutien à hauteur de 40 millions d'euros », a précisé le CFO.

Ces financements publics sont stratégiques pour Verkor, car ils permettent à l'entreprise de supporter les risques élevés liés à l'innovation. « Nous avons investi massivement dans la digitalisation de nos processus de production, ce qui nous permet non seulement de réduire notre consommation énergétique, mais aussi de diminuer la surface de l'usine. La gigafactory fera 130 000 m², mais sans ces innovations, elle aurait pu être beaucoup plus grande et énergivore », explique Goarant.

Anticipation des risques

Comme tout acteur de l'industrie des batteries, Verkor doit composer avec des risques majeurs liés aux fluctuations des prix des matières premières et des taux de change. Cédric Goarant a souligné l'importance d'une gestion rigoureuse de ces risques financiers. « Nous avons mis en place un mécanisme de pass-through avec Renault, qui nous permet de répercuter les variations des prix des matières premières sur les prix facturés. Cependant, ce mécanisme a ses limites, notamment en raison du décalage entre les cycles d'approvisionnement et de production. Nous envisageons d'introduire des couvertures spécifiques sur certaines matières premières, mais ce n'est pas toujours possible pour toutes », précise-t-il.
Sur le plan de l'approvisionnement énergétique, Verkor a également innové en adoptant un mix énergétique pour alimenter sa gigafactory. « Nous avons signé un contrat avec EDF pour bénéficier d'une production nucléaire à prix fixe, tout en complétant par des contrats de PPA et des achats sur le marché spot. Cela nous permet de lisser nos coûts énergétiques sur le long terme », ajoute Goarant.

Agilité et compétitivité

Malgré les défis, Cédric Goarant se dit confiant quant à la capacité de Verkor à naviguer dans cet environnement incertain. « La concurrence chinoise est rude. Mais la clé pour nous, c'est d'avancer rapidement et de maximiser notre compétitivité à travers des innovations constantes et une gestion financière rigoureuse », conclut-il.

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